La nomination de cette Soninké bien née, ne répondrait pas seulement au dosage tribalo et ethno régionaliste, comme il est courant dans la formation de tous les gouvernements mauritaniens, mais résulte d’une compétence avérée. Diplômée de l’Ecole des Hautes Etudes Commerciales avec un master en finance d’entreprises en poche, Lalya Camara est aussi une experte dans le domaine de l’audit, de l’investissement et de l’entreprenariat au niveau national, international et régional, notamment dans la région du Sahel. Elle a mené des études pour le compte de la Banque Mondiale et de l’Union européenne, et a travaillé au siège de l’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA) à Dakar comme chargée de mission et analyste financière. Elle a aussi une bonne expérience de la société civile en tant que présidente du Réseau Femmes Actives en Mauritanie (FAM).
Des échos provenant de son Darfor natal et de son Guidimagha ancestral parlent d’une nomination bien saluée par les populations locales qui y voient un mérite renouvelé à la gent feminine et un encouragement à sa participation aux postes clés de décision. Une nomination qui tend à résorber des survivances d’us et de coutumes rétrogrades et désuètes, en total déphasage avec l’évolution du monde et les exigences de développement.
Beaucoup d’observateurs voient dans la nomination de Lalya Camara et de toutes ces femmes qui font leur entrée dans le gouvernement, un acte symbolique de la part du président Ghazounani et de son Premier ministre, Mohamed Ould Bilal, qui tend à gommer les considérations de classe et de genre, ainsi qu’une certaine stratification figée par les siècles dans une région comme le Guidimagha. Les premières manifestations d’allégresse qui ont accompagné la nomination de Lalya Camara dans sa région natale, par plusieurs villages dans la diversité de leurs communautés, sonnent comme une marque de reconnaissance à cette décision. Les populations y voient enfin l’amorce d’un changement substantiel et un espoir réel pour les jeunes et les femmes de la région.
La nouvelle ministre de l’Emploi est décrite comme proche des populations, équidistante de toutes les communautés, par-delà les clivages ethniques et politiques, des dissensions desquelles se nourrissaient les caciques locaux.
Pour beaucoup de cadres et intellectuels du Guidimagha, une certaine gérontocratie politique au Guidimagha serait sans doute la seule frange à percevoir à travers cette nomination, une menace réelle à sa suprématie séculaire en proie à l’usure du temps.
Cheikh Aidara
aidara.mondoblog.org