ALAKHBAR : Quel est le thème du festival, cette année ?
Monza : Le thème de cette dixième édition est : « Les Droits de l’homme au cœur des cultures urbaines ». Il faut rappeler la place des cultures urbaines au cœur des Droits de l’homme. Par le hip hop, nous avons la responsabilité de promouvoir notre liberté d’expression. Et à travers le festival Assalamalekoum, nous voulons montrer que le cinéma, la musique, la dance et la mode sont aussi des moyens d’expression.
ALAKHBAR : Qu’est ce qui a marqué cette 10e édition du festival ?
Monza : Il y a des innovations. Pour la première fois dans l’histoire du festival, trente (30) structures de rap ou en tout cas de Hip Hop vont se réunir pendant deux (2) jours au même endroit (Forum des cultures urbaines du sud) pour promouvoir leur créativité et leurs productions. Pour la première fois, nous réunissions des artistes, des managers, des producteurs et des tourneurs pour leur permettre de s’ouvrir sur de nouveaux marchés, d’ou l’idée de Forum des cultures urbaines.
ALAKHBAR : Quelles est la place des artistes mauritaniens dans tout cela ?
Monza : Nous avons invité au Forum des Cultures Urbaines dix structures du Nord (Occident), dix d’Afrique et dix de Mauritanie, histoire de promouvoir l’égalité et l’équité.
Pour les artistes mauritaniens, nous les réunirons tous les soirs avec les artistes internationaux autour d’un plateau. Nous avions trois internationaux et quatre mauritaniens lors du premier plateau. Et la deuxième soirée du festival sera animée à 100/100 par des artistes mauritaniens. Aux Mauritaniens, nous offrons surtout une opportunité artistique en leur accordant la chance de côtoyer un Serge Bambara allias Smockey par exemple et la chance de nouer des collaborations.
ALAKHBAR : Au cour d’une conférence de presse, vous aviez évoqué d’énormes difficultés dans vos relations avec les Pouvoirs publics mauritaniens et avec les Communauté Urbaine de Nouakchott ?
Monza : Ce sont des difficultés par rapport au contexte, à l’accompagnement et à l’appui technique et sécuritaire. Par exemple, ils nous disent de les solliciter pour la sécurité, mais après il faut que nous-mêmes payions pour cette sécurité.
En termes de subvention, nous avions une subvention de 5 millions ouguiyas venant de la Communauté urbaine. Cette année, ils nous ont amputé de 4 millions d’Ouguiyas par qu’ils nous dit que c’est un million de subvention qu’ils vont présenter au Conseil municipal. Nous n’avons pour le moment que l’appui institutionnel et logistique de la CUN.
ALAKHBAR : Ne craignez-vous pas des mains invisibles qui chercheraient à saboter le festival ?
Monza : Nous ne voulons pas être paranoïaques. Mais nous constatons qu’il n’y pas de volonté politique. Parce quand on diminue l’aide ce n’est plus pour soutenir mais pour affaiblir le festival Assalamalekoum. Malheureusement ils le font tout en voulant bénéficier de la visibilité. A chaque fois en tout cas qu’ils diminuent l’aide nous diminuerons, nous, la visibilité. Et s’ils diminuent le soutien administratif nous diminuerons la fréquentation, etc. Ce n’es pas un chantage. Mais nous sommes des acteurs. Nous avions commencé le festival Assalmalekoum avant que l’Etat n’apporte son soutien et avant que l’institution publique nous accompagne. Si l’institution publique devrait arrêter nous continuerons.
ALAKHBAR : Est-ce que cette réduction de subvention à un impact négatif sur le festival ?
ALAKHBAR : Cela a un impact négatif dans le sens où l’amputation a été décidée à moins d’un mois du festival sans nous avoir saisis officiellement.
ALAKHBAR : A combien s’élève le budget du festival ?
C’est un budget prévisionnel d’un montant de presque 135 Mille Euros. Dans ce budget, il y a le prévisionnel et le réalisé. Sur le prévisionnelle nous avons ces quatre millions d’Ouguiyas d’amputation si nous ne les avons pas nous serons obligés de faire recours à notre banque si nous voulons rester sur la même programmation et ne pas annuler d’artistes ou de charges.
ALAKHBAR : Pourquoi le festival ne rémunère pas les artistes mauritaniens ?
Les artistes mauritaniens n’ont pas de cachet financier, parce que cela dépend de l’aide financière du Ministère de la Culture. Si le ministère de la culture nous accordait cet appui nous rémunérerions les artistes mauritaniens.
ALAKHBAR : Est-ce que cette enveloppe du Ministère de la Culture a une fois existé ?
Le Ministère de la Culture est resté plusieurs années sans nous soutenir financièrement. Sur 10 éditions du festival, le Ministère nous a soutenu financièrement trois fois seulement dont une fois à travers l’Institut Mauritanien de Musique. Nous avons toujours bénéficié de son appui institutionnel et administratif.
ALAKHBAR : Est-ce que les artistes mauritaniens avaient bénéficié de rémunération, ces trois fois que le Ministère vous avez soutenu financièrement ?
Monza : Toutes les fois que le Ministère de la Culture nous donnait une enveloppe les artistes mauritaniens étaient rémunérés. Nous avons même eu à créer des résidences d’artistes mauritaniens en fusionnant le hip hop et les musiques traditionnelles. C’était pour accorder un cachet mais aussi donner une identité mauritanienne à la musique.
ALAKHBAR : Le ministre de la culture ne donne plus d’argent. Pourquoi le festival continue à utiliser les artistes mauritaniens sans rémunération ?
Monza : Nous n’utilisons pas les artistes mauritaniens. Plutôt, nous leur offrons des opportunités. Participer au festival Assalamalekoum au-delà du droit de rémunération des artistes, est un vecteur d’amplification parce que l’exposition qu’un artiste lambda peut avoir sur scène est aujourd’hui peut être pas visible en Mauritanie parce qu’il n’y pas de cadre, mais à l’étranger ça ouvre énormément d’opportunités.
source alakhbar.info