Réputée par son rayonnement culturel des anciennes époques, incarné et entretenu par ses légendaires cités du patrimoine, tant arabe (Chinguitty, Ouadane, Tichit, Oualata, Azougi …) qu’africaine (Tombouctou, Aoudaghost, Koumbi Saleh, Djéol …), la Mauritanie contemporaine, s’est fortement mobilisée au cours de ces dernières années, à tous les niveaux local, national, régional et international, pour ressusciter et impulser cette richesse culturelle d’antan en mal de point, ciment de son unité, de sa cohésion et de sa réputation de trait d’union entre l’Afrique du Nord et du Sud et de havre du savoir, de paix et de coexistence.
Cette volonté de remettre le rayonnement culturel à jour et de le revaloriser, pour être un véritable moteur d’intégration et de développement, trouve sa parfaite illustration dans de nombreuses actions entreprises dans ce cadre.
L’organisation de festivals dans les cités du patrimoine pour renforcer le dynamisme culturel de villes jusqu’à récemment menacées de disparition sous l’effet d’aléas multiples dont l’enclavement, la désertification et l’exode rural, l’instauration progressive de l’Ecole républicaine dans le fondamental (enseignement des langues nationales pulaar, soninké et wolof aux côtes de l’arabe), l’adoption de la Mauritanie capitale de la culture du monde islamique 2023, l’organisation du Festival International Soninké (FISO) à Nouakchott sont entre autres, des évènements témoins de ce bond qualitatif sans précédent et bien accueilli par les peuples de la Mauritanie et de la sous-région arabe et africaine, du "tout culturel".
Le Président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani d’ailleurs réaffirmé dans son discours prononcé à Djéol en mars dernier, cette détermination en disant : " nous tenons fermement à ce que les festivals culturels ne soient pas seulement de simples exhibitions folkloriques qui prennent fin avec l’extinction de leurs manifestations. Ainsi, il y a nécessité pour que le festival soit un projet de développement autant qu’il est une manifestation culturelle", qualifiant la préservation et de la promotion de la diversité culturelle de l’une des priorités de la stratégie de développement de l’Etat.
Nouakchott, cette ville phare du monde islamique, caractérisée par sa richesse culturelle, les mouvements culturels dans ses universités, ses clubs littéraires et ses expositions présentait en effet bien d’atouts culturels pour mériter le choix porté sur elle par l’ISESCO de Capitale de la culture du monde islamique 2023, avec l’engagement de cette dernière d’investir 70% des ses arriérés dus à ce pays, à la réalisation de projets culturels et de développement à Nouakchott.
Le partenariat entre l’ISESCO et la Mauritanie connaîtra ainsi une nouvelle impulsion à travers les festivités et activités liées à ce choix qui se poursuivront pendant un an dans la capitale et dans d’autres villes du pays.
Rappelons à cet égard, que la capitale culturelle est la composante la plus importante dans les contributions des pays islamiques et arabes dans la concrétisation des relations culturelles entre les États membres. Elle est considérée comme l’événement le plus en vue que les gouvernements arabes et islamiques ont maintenu l’organisation ces dernières décennies, provoquant un mouvement culturel actif sur la scène culturelle islamique et arabe fondée sur des bases solides pour la communication.
Cet événement constituait également une rencontre annuelle pour la promotion et la valorisation de la culture du pays hôte, de sa capitale, d’une part, et un pont pour le partage culturel entre les Etats participants, d’ autre part.
Ces festivals précités ont été élargis et enrichis, dans un souci d’inclusion culturelle, pour couvrir d’autres cités historiques dont Djéol, dans la wilaya du Gorgol.
Cet engagement manifeste de la Mauritanie pour donner à la culture toute la portée qu’elle mérite, n’a pas aussi échappé à son environnement régional et international. En effet, Nouakchott, avait été choisie au plus vif de cet élan culturel, pour accueillir et organiser en grandes pompes et avec succès la 7ème édition du festival international Soninké (FISO) pour valoriser l'histoire et la langue Soninké, avec la participation de la diaspora soninké notamment de la France, des États-Unis et de l’Egypte et de nombreux Etats africains dont la Guinée Conakry, la Guinée-Bissau, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Mali, le Sénégal, la Gambie, la Mauritanie…etc.
Pendant 5 jours, les délégations participantes ont revisité la vie de société soninké sous tous ses aspects culturel, sociologique, religieux à travers des colloques, des expositions d’arts contemporains, des concerts, des représentations musicales et théâtrales, des chants et ballets venus de tous les pays présents, soient des manifestations culturelles qui renforcent la cohésion socio-économique de la communauté.
Cet évènement culturel a été couronné par la mise en place d’un réseau international de journalistes soninkés mobilisés pour donner à redonner à la langue et à la culture Soninké toutes leurs gloires et leurs capacités de résilience contre la disparition et de ciment entre les peuples.
Défini comme étant, un phénomène qui témoigne de l'influence d'une société sur d'autres et d’indicateur de sa perception vis-à-vis de l'extérieur, indépendamment de ses frontières géographiques, le rayonnement culturel propre à la Mauritanie a connu incontestablement un coup d’accélérateur qui lui permettra de devenir une réalité vécue sur le terrain.
Avec ces mahadras (Ecoles coraniques) dans lesquelles apprennent les enfants venus de plusieurs pays de la sous-région et d’Europe et ses efforts pour inscrire ces écoles sur la liste du patrimoine universel de l’UNESCO, la Mauritanie, qui fait également de la culture une priorité de sa stratégie de développement est irréversiblement engagée dans la bonne voie pour hisser durablement son rayonnement culturel à des niveaux toujours meilleurs.
Mohamed Ould Mohamed Lemine