SCANDALEUX sont les budgets conséquents alloués au secteur de l’audiovisuel (Télévision nationale, Radio nationale, Agence Mauritanienne d’Information) ainsi que les augmentations significatives consenties chaque année à ce secteur, au moment même où sa pertinence est remise en cause par le développement des réseaux sociaux. Une démocratie n’a pas besoin de médias publics et l’État n’a pas besoin d’être propriétaire de moyens de communication, surtout que le gouvernement peut communiquer en utilisant les réseaux sociaux ou à travers les médias privés, qui se battent d’ailleurs pour accéder à l’information publique.
Il faut donc avoir le courage de remettre en question les choix hérités du passé, car la première source d’information pour les Mauritaniens n’est plus la radio ou la télévision, devenues anachroniques et qui n’intéressent plus personne, mais incontestablement les médias privés et les réseaux sociaux.
Dans ces conditions, il faudrait privatiser tous les médias publics. La TVM doit être vendue, surtout qu’il existe plusieurs télévisions privées. Pareil pour la radio nationale. Quant à l’AMI, elle doit être transformée en une agence indépendante qui produit de l’information, de manière professionnelle, qu’elle pourrait vendre aux médias privés. Pour y arriver, elle doit repenser sa façon de travailler, en privilégiant la couverture de ce qui se passe dans la société, grâce à sa présence sur le terrain et à son réseau de correspondants dans toutes les mouqataas. On attend de l’agence, dans sa nouvelle formule, qu’elle pose les vrais problèmes des populations, discute les solutions, donne la parole aux citoyens et médiatise leurs doléances. Les activités du président de la République et des ministres doivent correspondre à 5% de son travail, si ce n’est moins, surtout qu’il s’agit essentiellement d’audiences, de réunions et de séminaires.
Il faut donc réallouer les 10 milliards engloutis chaque année par ces institutions, pour financer les secteurs vitaux et traiter les vraies sources de la pauvreté. Avec ces 10 milliards économisés par an, on peut élaborer un programme annuel pour équiper des centres de santé et des écoles ou financer l’extension du réseau d’adduction d’eau et d’assainissement des quartiers périphériques de Nouakchott. 20% de ces 10 milliards doivent être investis dans la fibre optique et la communication à travers les réseaux sociaux qui ont plus d’impact que toutes les radios et les télévisions réunies.
Mohamed El Mounir
Expert international en développement
Docteur en science politique
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