Pendant que les Mourabitounes offraient une qualification historique à la Mauritanie qui sera présente pour la première fois en Quart de finale du Championnat d’Afrique des nations de football, dont l’Algérie abrite l’édition de cette année, l’ancien président mauritanien Mohamed ould Abdel Aziz entrait également dans l’histoire de son pays dans un procès retentissant qui vient de s’ouvrir avec lui, dans le box des accusés. C’est d’un lieu inconnu où il a passé la nuit après son arrestation par la police, que l’ex tout puissant général a été conduit devant les juges.
«C’est la première fois, en Afrique et dans le monde arabe, qu’un président est jugé pour des faits de corruption», a relevé, non sans un brin de fierté, le président du collectif des avocats de l’Etat mauritanien, Maître Brahim ould Ebety. C’est dire combien ce jugement de Abdel Aziz, accusé de corruption, de blanchiment d’argent et d’enrichissement illicite, pour ne citer que ces griefs, est loin de l’épiphénomène. Ce qui fait davantage rentrer ce procès dans les annales de la Mauritanie, ce sont également des chiffres et les «hommes forts» au moment du règne sans partage du général Aziz, qui sont appelés à comparaître: 2 années de procédures, 12 accusés au titre desquels un ancien président, 2 Premiers ministres, des anciens ministres, des hommes d’affaires et pas des moindres, plus de la vingtaine de témoins qui seront appelés à la barre, une soixantaine d’avocats toutes parties confondues. Excusez du peu! C’est certain, ce procès que le général et les siens considèrent comme un moyen d’évincer, pour de bon, l’ancien président du jeu politique, sera retentissant à plus d’un titre et traversera, avant sa fin, bien des rebondissements! A l’instar de celui du capitaine Moussa Dadis Camara qui tient actuellement la Guinée en haleine, il vaudra certainement son pesant de piquant!
En attendant, général et capitaine, et à leur suite, tous les dirigeants qui oublient qu’ils ne peuvent être éternellement forts, sauront que passer par des procès de ce genre où ils sont malmenés par des juges qui, comme les attendaient au tournant, ce n’est certainement pas la meilleure voie pour faire l’histoire de son pays. Sans leur jeter la pierre, encore moins les juger et a fortiori les condamner avant l’issue de leurs jugements, il faut se réjouir de la tenue de ces procès qui, non seulement ramènent des «intouchables» au simple statut de justiciable mais doivent être matière à réflexion pour les adeptes de la corruption et les prédateurs des droits humains. Il ne reste plus qu’à espérer que le droit soit dit dans toute sa rigueur, afin que les innocents soient blanchis et que les coupables sentent le glaive de la justice fortement peser sur leurs têtes. Ainsi, ceux qui nous dirigent sauront utiliser les deniers publics et les biens de l’Etat à bon escient, tout comme ils auront, chevillé au corps, le respect de la vie et de la dignité humaine.
Certes, la corruption ce cancer des économies nationales n’est pas irréductible sous les tropiques, encore moins ailleurs où des parlementaires de l’Union européenne sont actuellement empêtrés dans des affaires diverses de corruption avérée ou fausse. Mais des procès comme celui de hauts responsables ou d’anciens dirigeant contribueront probablement à réduire la portée du fléau. Et ce sera tant mieux pour un continent noir qui, malgré toutes ces richesses naturelles et ses potentialités humaines, continue de tirer le diable par la queue.
Par Wakat Séra
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