L’homme d’affaires mauritanien Brahim O. Gadda dit Bahay a déclaré que les fonds que lui a confié l’ancien président, Mohamed O. Abdel Aziz pendant ses années de pouvoir, ont dépassé les 7 milliards, constitués pour l’essentiel de devises (l’euro et le dollar).
Ould Gadda témoignait lundi devant le tribunal chargé de juger l’ancien président et certains de ses plus proches collaborateurs dans le cadre du dossier de la décennie, accusé de corruption, du trafic d’influence, le blanchiment d’argent et l’enrichissement illicite.
Ould Gadda témoignait dans le cadre d’une coupe effectuée sur l’espace du stade olympique sur lequel a été édifié un bâtiment devant abriter une clinique médicale.
Il a également témoigné à propos des fonds que lui a confiés ould Abdel Aziz.
Ould Gadda a d’abord déclaré qu’il reste engagé par ses déclarations faites devant la police chargée des crimes économiques et devant la justice, ajoutant que ses relations avec ould Abdel Aziz date des années 90 avant de se développer sensiblement en 2005 quand il avait commencé à lui confier des fonds importants.
Il a précisé qu’il ne pouvait pas déterminer avec précision les montants qu’il a reçus d’ould Abdel Aziz mais qu’il les estimait à des millions de dollars, ajoutant que ces montants lui étaient remis par l’un des proches de l’ancien président et parfois directement.
En réponse à une question du parquet général, ould Gadda a précisé que les fonds qu’il a gardés pour ould Abdel Aziz, depuis 2009, date de sa première élection est de 7.100.000.000 d’ouguiyas et qu’entre 2017 et 2020 tous les montants reçus de lui étaient en euros et en dollars.
Les derniers fonds confiés l’ont été dans les premier mois de 2019 en plus d’un montant reçu en janvier 2020 avant que ne débute l’enquête et que tout s’arrête.
A propos de la clinique construite sur le terrain coupé du stade olympique, Ould Gadda a dit qu’ould Abdel Aziz lui avait dit qu’il cherchait un financement pour cette clinique et qu’en l’absence de ce financement il avait décidé lui-même de la financer.
Il l’avait mis en relation avec un certain « ould Cherouk » chargé de la construction de la clinique auquel il a remis 1.800.000.000 MRO entièrement dépensés pour les travaux.
Après ce montant débloqué pour la construction de la clinique, il restait à sa disposition, pour le compte d’ould Abdel Aziz, 4.800.000.000 MRO.
Brahim O. Gadda a ajouté que quand la police chargée des crimes économiques l’avait contacté, il lui avait demandé une décision judiciaire pour lui remettre les montants ce qu’il a fait par la suite par la voie qu’il a jugé appropriée, ajoutant que ce montant, sur instruction de la police, a été versé dans un compte appartenant à la caisse de dépôts et de développement (CDD).
Il a nié avoir bénéficié de marchés sous le régime d’ould Abdel Aziz, précisant que son groupe s’adonne au commerce depuis les années 90 et qu’il est fortement impliqué dans l’économie du pays, notamment dans le secteur de l’importation des produits alimentaires et qu’il a collaboré avec tous les régimes qui se sont succédés.
Ould Gadda a d’ailleurs précisé que sous le régime d’ould Abdel Aziz, son groupe a été victime de deux injustices, la première quand il avait importé 27.000 tonnes de blé pour le compte de la SONIMEX lors de la dernière période du pouvoir du défunt Sidi O. Cheikh Abdallahi.
Après le coup d’état la SONIMEX a dénoncé le marché et le problème est toujours en instance au niveau de la justice.
A l’adresse du tribunal, Brahim O. Gadda a dit : « vous devez demander à deux des anciens premiers ministres et des ministres des finances qui se sont succédés, Moctar O. Djay, O. Raïss, Thiam Diombar et le ministre des mines si le groupe d’Ehel Gadda a bénéficié de quoi que ce soit pendant le pouvoir d’ould Abdel Aziz.
Dans ce cadre il a rejeté ce qu’il a appelé la surenchère à propos du groupe Ehel Gadda qui est a-t-il dit, un groupe économique efficient qui contribue grandement à la disponibilisation des produits alimentaires dans le pays.
Le parquet général a alors fait une mise au point, précisant que les questions sont adressées à la personne de Brahim O. Gadda et non pas au groupe Ehel Gadda.
Après cette audition, le président du tribunal a suspendu l’audience qui rependra lundi prochain, justifiant sa décision par le début de la dernière décade du mois béni du Ramadan.
saharamedia