Le chantier de construction du Stade de la Capitale, appelé aujourd’hui «Stade Cheikha Ould Boydiya» a vu jour en 1968. A l’époque, le Stade du Ksar était l’unique infrastructure sportive à Nouakchott : un terrain de football, sans vestiaires, sans tribune, doté de deux camps, délimité par un pourtour en briques renforcé de fils barbelés et de branchages. Mis en place par la colonie ouest africaine résidant à Nouakchott, aidés par quelques fonctionnaires français, ce stade abritait le championnat de football de la capitale où évoluaient des équipes telles l’AS Progrès, Renaissance, Postes…
La construction d’un nouveau stade situé en centre-ville, le Stade de la Capitale, répondait à un double objectif : doter la ville de Nouakchott d’une infrastructure sportive digne du nom, qui réponde aux normes internationales, capable d’accueillir une multitude de disciplines sportives et prête à abriter des compétitions internationales.
Heures de gloires
C’est en 1969 que le Stade de la Capitale va être inauguré. Un édifice de taille à l’époque, doté de deux tribunes latérales et d’une tribune officielle couverte, (le tout d’une contenance de 500 places), de vestiaires, d’une salle de boxe, de salles d’arbitres et de magasins. Il s’agissait d’une infrastructure multidisciplinaire abritant une piste d’athlétisme en terre battue, des espaces pour le saut en hauteur et en longueur, le lancer de poids, des cours de tennis, un terrain de football délimité d’un muret, des terrains de basket-ball, de volley-ball et de hand-ball édifiés sur des sols en goudron.
C’est dans ce stade que fut organisé le premier regroupement sportif national : la Semaine Nationale des Sports en 1970, une compétition sportive où étaient représentées toutes les régions du pays. Inaugurée par Feu le président Mokhtar Ould Daddah, la Semaine Nationale des Sports sera marquée entre autres actes, par l’organisation d’un mouvement d’ensemble animé par les meilleurs élèves des établissements scolaires de la capitale sous la direction de maitres artistes coréens, mais aussi et surtout, par la belle prestation de l’équipe de football d’Aïoun amenée par l’emblématique gardien de buts «Indien».
Grandement ouvert au public, le Stade de la Capitale, don de la France, va largement participer à l’intérêt croissant des Mauritaniens à la pratique sportive : boxe, athlétisme, hand-ball, basket, volley, football… Les jeunes mauritaniens étaient de plus en plus nombreux à s’essayer aux sports, un engouement d’autant plus fort que les pouvoirs publics avaient décidé de bâtir en face du stade de la capitale, la Maison des jeunes.
Du temps de la Mauritanie sportive
A partir de 1970, le Stade de la Capitale allait abriter toutes les compétitions régionales, mettant incidemment le Stade du Ksar en berne. Il va même jusqu’à l’éliminer dans les faits. Outre les activités régulières des Ligues d’athlétisme, de basket et de hand-ball entre autres, le stade accueillait chaque année le championnat du District de Nouakchott, les phases finales de la coupe nationale de foot et celles de la coupe nationale scolaire.
En 1974, le Stade de la Capitale accueillit le Festival National de la Jeunesse et des Sports… Du moins, dans sa partie sportive, le volet jeunesse ayant été délocalisé à la Maison des Jeunes qui venait d’être inaugurée. Plus de 800 participants représentants l’ensemble des régions du pays étaient inscrits dans les disciplines sportives cibles. On se rappelle encore de cette finale de football entre Nouakchott et Kiffa, qui avait été rejouée, après que les deux équipes n’aient pu se départager aux termes d’un match âprement disputé et finalement interrompu à cause de la tombée de la nuit. On se rappelle encore de la disponibilité affichée par le président Mokhtar Ould Daddah qui avait assisté à l’ensemble des compétitions sportives organisées pendant les après-midi.
Les premières gloires
C’est à partir du Stade de la Capitale, que la Mauritanie va connaître ses premières gloires sportives, avec notamment les mémorables succès remportés au plan international, pendant les années 80, d’abord par les sélections régionales «Les Espoirs» et «Chebab Ryadi», issues des «Sections Sportives de Nouakchott», et qui étaient parvenus à se défaire des emblématiques équipes du Stade d’Abidjan, du Silly national de Guinée, des Saltigués du Sénégal…. C’est aussi dans ce stade que vont se confirmer les premiers talents des joueurs du Ksar, de la Concorde, de la Police, de la Garde, qui parviendront à maintes reprises à dépasser les premières phases éliminatoires de compétitions continentales, en élimant des équipes telles celle du Zoundourma du Niger, du COT du Bénin… C’est aussi dans ce stade que l’équipe nationale de football va accueillir ses homologues de la région, le Maroc de Faras, le Sénégal de Omar Guèye Sène et le Mali de Santimady Diallo.
L’abandon
En 1983, Nouakchott est doté d’un Stade Olympique d’une capacité de 10.000 places. Systématiquement, toutes les compétitions sportives seront délocalisées dans cette nouvelle infrastructure au détriment du Stade de la Capitale. Abandonné à son sort, le stade va progressivement se détériorer. Il va alors susciter un intérêt particulier pour certains services de l’Etat, mais aussi des particuliers. C’est le Racing club de Nouakchott qui va en premier, s’octroyer une partie de son aire, en s’offrant sa partie nord-ouest où seront bâtis des terrains de tennis. Plus tard, ce sera au tour de la Police qui va occuper sa partie nord-est pour y construire sa Direction générale.
La seconde renaissance
Propriété du District de Nouakchott, le Stade de la Capitale, ou ce qui en reste, va connaitre en 1990, une imposante opération de réhabilitation, avec la construction d’un nouveau mur de clôture. Au début des années 2000, la Fédération mauritanienne de football va engager un processus de cession auprès de la Willaya de Nouakchott. De sources informées, l’opération n’a pas abouti. Pour autant, cette fédération s’est appropriée les lieux et y a installé son siège construit sur un don de la FIFA. C’est aussi sur des programmes de la FIFA que la Fédération mauritanienne de foot va y bâtir trois terrains synthétiques, une académie de foot, une salle de conférences, une infirmerie, des bureaux. Dans la foulée, le stade sera baptisé au nom de Cheikha Ould Boydiya, à titre posthume. Le défunt est connu pour avoir été le premier homme d’affaires et le premier président de la Fédération mauritanienne de football, à s’investir pleinement pour la réhabilitation du football national au milieu des années 80. Il a perdu la vie lors d’un accident de voiture alors qu’il se rendait en 1988 à la phase finale du championnat régional du Trarza disputé à Rosso.
Aujourd’hui, le Stade Cheikha Ould Boydiya se présente sous les meilleures de sa forme. Circonscrit à la seule discipline du football, ce stade qui a de nouveau bénéficié d’un programme d’aide de la FIFA, est désormais doté de tribunes sur ses pourtours, avec une capacité d’accueil de 5000 places, de loges d’officiels, de journaliste et de techniciens, un tableau d’affichage dernière génération, une électrification des aires de jeu.
Cheikh Aïdara
source towsdsport.com