Pays riche en ressources naturelles et culturelles, la Mauritanie est confrontée à un phénomène inquiétant : l'émigration de ses cerveaux. De nombreux jeunes diplômés quittent le pays pour chercher des opportunités à l'étranger. Si elle n'est pas redressée, cette situation pourrait avoir des conséquences néfastes sur le développement socio-économique de notre nation. Comme le dit un proverbe africain, « un homme sans culture est un zèbre sans rayures ». La fuite des cerveaux menace la richesse culturelle et intellectuelle de notre pays.
Les raisons de l'émigration
Plusieurs facteurs expliquent pourquoi les jeunes Mauritaniens choisissent de s'établir à l'étranger. Tout d’abord, le manque d'opportunités professionnelles. Le marché du travail mauritanien est saturé et les opportunités pour les jeunes diplômés sont limitées. Les salaires peu compétitifs et les conditions de travail précaires les poussent à chercher ailleurs des emplois mieux rémunérés et plus valorisants. John F. Kennedy a dit : « La seule chose pire que de former des employés et de les voir partir, c'est de ne pas les former et de les voir rester ». Cette citation souligne l'importance de conditions de travail attractives pour retenir les talents.
Notre système éducatif est de surcroît inadapté. Bien que la Mauritanie dispose de nombreuses institutions éducatives, il n'est pas toujours en adéquation avec les exigences du marché du travail. Les compétences acquises ne correspondent ordinairement pas aux besoins des employeurs, ce qui rend difficile l'insertion professionnelle des jeunes diplômés. Confucius disait : « L’éducation engendre la confiance, la confiance engendre l’espoir, l’espoir engendre la paix ». Un système éducatif performant est donc crucial pour l'avenir de notre jeunesse.
Autre facteur déroutant, l’instabilité socio-politique. Les périodes d'instabilité politique et les tensions sociales entretiennent un climat d'incertitude qui incite les jeunes à chercher des environnements plus stables pour construire leur avenir. Thomas Hobbes a souligné : « L'homme est un loup pour l'homme » ; sans stabilité, les individus cherchent naturellement à fuir les situations de conflit et d'incertitude.
Des solutions pour contrer l'émigration des cerveaux
Pour endiguer ce phénomène et encourager les jeunes à rester ou revenir au pays, plusieurs mesures peuvent être mises en place. En commençant par l’amélioration du marché du travail : il est essentiel de trouver plus d'opportunités d'emploi pour les jeunes diplômés, en encourageant l'entrepreneuriat, en attirant des investissements étrangers et en soutenant le développement des petites et moyennes entreprises (PME). Des politiques incitatives peuvent être également mises en œuvre pour encourager les entreprises à embaucher de jeunes diplômés. Peter Drucker a dit : «La meilleure façon de prédire l'avenir, c'est de le créer ». En investissant dans le marché du travail, nous pouvons offrir des perspectives solides à notre jeunesse.
Autre priorité : réformer le système éducatif. Il est crucial de l’adapter aux besoins du marché et de revoir en ce sens les programmes scolaires et universitaires pour qu'ils intègrent des compétences pratiques et techniques en phase avec les demandes des employeurs. Le développement de partenariats entre les institutions éducatives et le secteur privé peut également favoriser une meilleure adéquation formation-emploi. Nelson Mandela a dit : « L'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde ». En améliorant notre système éducatif, nous pouvons donner à nos jeunes les outils nécessaires pour réussir.
La stabilisation politique et sociale n’en est pas de reste. La mise en place de politiques visant à garantir la stabilité politique et sociale est indispensable. La promotion de la bonne gouvernance, de la transparence et de l'État de droit peut contribuer à développer un environnement propice à l'épanouissement des jeunes. « La paix n’est pas seulement l’absence de guerre ; tant qu’il y aura pauvreté, racisme, discrimination et exclusion, il sera difficile de parvenir à un monde de paix », disait Rigoberta Menchú. En travaillant à la stabilité, nous pouvons construire un cadre favorable au développement.
L’élaboration et la mise en œuvre de programmes spécifiques pour encourager le retour des mauritaniens expatriés complète cet éventail de solutions. Des incitations financières, des opportunités de carrière attractives et un soutien à la réinsertion peuvent aider à ramener les talents au pays. Un proverbe chinois dit : « Si vous voulez un an de prospérité, faites pousser du grain. Si vous voulez dix ans de prospérité, plantez des arbres. Si vous voulez une prospérité éternelle, élevez des hommes ». En investissant dans le retour de nos talents, nous pouvons assurer une prospérité durable.
Un défi relevable
L'émigration des cerveaux est un défi majeur pour la Mauritanie. Il est toutefois possible, en mettant en place des mesures adéquates, de retenir nos talents et d'encourager ceux qui sont partis à revenir. La jeunesse mauritanienne représente un potentiel immense pour le développement du pays et il est de notre devoir d’assurer les conditions nécessaires pour qu'elle puisse s'épanouir et contribuer à l'essor de la Mauritanie. Léopold Sédar Senghor a dit : « La jeunesse est l'âge où l'on construit pour demain ; et demain, c'est aujourd'hui que nous le préparons ». En investissant dans notre jeunesse, nous investissons dans l'avenir de la Mauritanie.
Aminetou mint Sadegh
Consultante en développement des affaires
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