Pourquoi nous sommes en grève de la faim. La lettre, datée du 16 avril, figure en bonne place dans le quotidien américain tiré à plus de 1 million d’exemplaires. Marwan Barghouti, 57 ans, l’a rédigée depuis sa cellule du centre pénitentiaire de Hadarim, au nord de Tel-Aviv, où il est incarcéré depuis 2002.
L’ancien chef militaire du Fatah, principal instigateur de la seconde Intifada, y dénonce notamment un « apartheid judiciaire », estimant que les tribunaux israéliens qui l’ont condamné cinq fois à la perpétuité sont des « instruments de l’occupation militaire et coloniale ». Il rapporte aussi les mauvais traitements infligés aux détenus palestiniens, dont près d’un millier ont entamé avec lui un mouvement de grève de la faim illimité.
Le « Mandela palestinien » à l’isolement
Pour avoir enfreint le règlement en faisant publier un article à charge sans autorisation, Marwan Barghouti risque un nouveau jugement. En attendant, celui qu’on surnomme le « Mandela palestinien » a été transféré dans une autre prison du pays et placé à l’isolement.
Mais ce qui irrite davantage l’État hébreu, c’est que le très respectable New York Times le présente comme un simple leader et parlementaire, omettant de rappeler aux lecteurs sa responsabilité dans le meurtre de civils israéliens. « Si Barghouti est un leader, Assad est un pédiatre », a répondu le Premier ministre, Benyamin Netanyahou. Yaïr Lapid, chef de file des centristes, évoque pour sa part une « tromperie intentionnelle ».
Le New York Times cède
La rédaction du New York Times a fini par céder aux critiques en ajoutant une courte note sur la page internet de son site où figure la tribune de Barghouti.
« Cet article ne fournit pas suffisamment d’éléments de contexte rappelant les fautes dont il a été reconnu coupable. Il s’agit de cinq chefs d’inculpation pour meurtre et d’appartenance à une “organisation terroriste”. »