Un jeune homme se tire une balle
Quartier Tarhil, samedi 12 Octobre, vers vingt-deux heures, tout est calme aux environs de l’école Lekbeid. Soudain, une détonation ! On accourt aussitôt vers l’origine du bruit. On y découvre un jeune homme à terre, inconscient, la tête en sang. Dans sa main droite, un pistolet M8 ; à côté, une douille que la police, très vite sur les lieux du drame, associe à l’arme encore chaude… Le jeune homme respire encore, on l’évacue au service réanimation de l’hôpital Cheikh Zayed où les médecins restent pessimistes sur son pronostic vital. L’enquête de la police révèle que la victime s’appelle Ali ould Ameïrat. Les troubles psychiques dont il souffrait depuis un certain temps seraient dus àune grosse déception, suite à l’effacement de son nom, voici quelques mois, de la liste des lauréats d’un concours auquel il venait de participer.
Comment Ali a-t-il se procurer une telle arme, alors que sa famille le surveillait de près et qu’il se déplaçait très peu ? C’est ce qu’essaie de déterminer encore l’enquête dont les constats préliminaires retiennent la thèse de la tentative de suicide.
Rappelons qu’un autre jeune homme, originaire de R’kiz, fut découvert pendu dans une chambre close, près de la clinique Nejah du Carrefour. Une jeune femme, souffrant apparemment elle aussi de troubles psychiques, tenta de mettre fin à ses jours de la même manière, il y a quelques mois, au domicile de ses parents à Dar Naïm. Heureusement, on la découvrit à temps pour la décrocher, saine et sauve. L’année dernière, on déplorait plusieurs tentatives de suicide. De jeunes gens pour la plupart.
Convoi sinistre
Au cours d’une des dernières nuits de la présente canicule, vers minuit, de gros bus aux verres fumés s’arrêtent en face de la maison d’arrêt de Dar Naïm. Des véhicules de la Garde les rejoignent bientôt. On commence alors à évacuer deux cents prisonniers menottés par groupes. Et les voilà embarqués dans les bus qui prennent l’axe Aziz pour rejoindre la route de l’Espoir sous bonne escorte. La caravane arrive en fin de nuit à Aleg. Les déplacés sont des récidivistes et autres prisonniers de droit commun condamnés à de lourdes peines. Au petit matin, ils sont répartis entre les différentes cours du fameux pénitencier distant de deux kilomètres d’Aleg, duquel l’évasion est réputée impossible, tant draconiennes en sont les mesures de sécurité.
Le lendemain, à la même heure, un convoi similaire prend le même chemin pour déposer un second groupe de bagnards : grands récidivistes, violeurs, agresseurs, cambrioleurs et autres escrocs. C’est une nouvelle application de la décision des autorités judiciaires de transférer, à Aleg et Bir Mogreïn, tous les condamnés à de lourdes peines. Les condamnés à la peine capitale ou à perpétuité sont, le plus souvent, expédiés au bagne du Nord ; Les « plus de cinq ans » au Brakna. « Kabila », Abdallahi « Lekhal », « Van Damme », Ahmed « Kalach », « Govinda », Ely « Lahmar » et consorts sont maintenant dans l’un ou l’autre de ces pénitenciers.
Une longue cavale
Parmi ceux de Bir Mogreïn, le fameux récidiviste et tueur Yacoub ould Bilal alias Yacoub « Christophe ». On rappellera ici le double meurtre qu’il perpétra et la longue traque qui s’en suivit. Au début de Février 2005, le récidiviste toxicomane se rend, un petit matin, dans la baraque de son ami, sise à la Kebba foire d’El Mina, pour y percevoir la taxe hebdomadaire qu’il perçoit d’un bordel, en échange de sa protection contre les autres bandits. Son « protégé » est encore au lit. Il décide d’attendre son réveil à la porte de la cabane. Une fillette âgée de six ans passe non loin ; Yacoub la hèle pour l’envoyer acheter une cigarette. A son retour, il la conduit dans une baraque déserte, la bâillonne, la viole et l’assassine. Surpris par son ami qui le gronde, il le tue lui aussi, pour ne pas courir le risque d’être dénoncé. Et de s’éclipser après avoir caché les deux cadavres… très mal, puisqu’à peine deux heures plus tard, ceux-ci sont découverts. Des témoins déclarent avoir vu Yacoub sortir de la baraque à l’heure probable des crimes. La traque commence.
Le fugitif se planque deux jours à Nouakchott, avant de fuir au Sénégal où il séjourne six mois, en se déplaçant souvent pour éviter d’être repéré. Sous le coup d’un mandat international, ses photos sont distribuées partout. Il décide alors de rentrer en Mauritanie, par Wompou au Guidimakha où il demeure trois mois sans être inquiété. Rejoignant enfin discrètement le milieu du crime à Nouakchott, il s’y tient tranquille jusqu’à sa rafle, « par hasard », dans une affaire de vol. Gardé à vue au commissariat de police Dar Naïm 1 où personne n’imagine détenir un dangereux double meurtrier recherché depuis plus de deux ans, il est finalement reconnu par un agent du commissariat de police El Mina 2, passé lui aussi « par hasard ». Et le voilà aussitôt été transféré en ce commissariat pour une nouvelle instruction. Game over.
Mosy
lecalame.info