La souffrance des banlieues
Les quartiers périphériques de Nouakchott vivent modestement. Les commerces sont rares et vendent chèrement leurs produits. Tractée par charrette, l’eau ne se trouve elle aussi qu’à prix d’or. L’insécurité prévaut souvent. C’est dès l’aube que la plupart des habitants de Tarhil, El Mensiya, Dar El Beidha, Leegueila, Leghreigha, Dar El Barka, Dar Essalam, Aïn Talh, etc. commencent à chercher un moyen de transport pour se rendre en ville : marchands à l’étal ou ambulants, dockers, vendeurs et vendeuses de légumes, couscous ou cartes de recharge, mendiants, pickpockets et petits voleurs… Les uns et les autres passent ordinairement la journée en ville pour ne revenir que la nuit avec de quoi nourrir leur nombreuse famille.
Mais la situation a complètement changé ces derniers temps. L’état d’urgence non-déclaré a fermé la quasi-totalité des commerces et entreprises. Beaucoup de gens sont réduits au chômage, le couvre-feu dès dix-huit heures empêche désormais de courir la journée en quête de subsistance. Une sorte de crise humanitaire se développe ; notamment à Tarhil et ses environs, rapportent des témoins. Des familles souffrent de la faim. D’autre ne parviennent qu’à peine à un repas quotidien. Les « almoudos » (enfants de la rue) rivalisent désormais avec les chats pour trouver quelque reste de repas. Les boutiquiers ont haussé leurs prix, ainsi que les taximen qui les ont même doublés, tout en refusant d’appliquer l’ordre de diminuer leur nombre de passagers. L’eau est introuvable depuis trois jours, d’interminables queues de charretiers-livreurs se sont formées autour des rares bornes-fontaines fonctionnelles. L’insécurité est devenue quotidienne. C’est désormais même en plein jour que les malfaiteurs braquent, agressent et cambriolent. Au couvre-feu, les forces de l’ordre ne sécurisent que les grands carrefours, laissant les quartiers éloignés à la merci des voyous. Chaque nuit apporte son lot de victimes de ces bandits qui circulent librement, sans aucune crainte.
Une nouvelle bande au Ksar ?
Intense circulation vers dix heures du matin, il y a quelques jours de cela, au carrefour Hôpital Bouamatou. Debout à côté d’un feu rouge, un jeune homme manipule son téléphone. Soudain, deux djenks l’entourent, le rouent de coups, s’emparent de son portable et disparaissent. Un automobiliste les prend aussitôt en chasse. Mais courant comme des lapins, ils finissent par le semer en tournant brusquement au coin d’une rue. Deux autres lascars font subir le même sort à une femme, dans un autre quartier du Ksar et l’on signalera, le lendemain, plusieurs cas similaires dans la même zone. La police n’a pu à ce jour, arrêter le moindre suspect.
Mosy