Le Projet de Gestion des Conflits et Renforcement de la Résilience Agropastorale vient d’organiser dans sa zone d’intervention au Hodh Elgharbi, à travers l’ONG APEP et avec l’appui de la FAO, une série de formations sur les techniques et mécanismes de gestion durable et apaisée des ressources naturelles au profit des populations de la bande frontalière avec la république du Mali.
En effet, cette bande frontalière, jadis calme et sécurisée, connait aujourd’hui notamment en période de soudure une mobilité anarchique et aléatoire des personnes et des animaux.Très enclavée, incontrôlée et difficilement contrôlable, elle est devenue le théâtre d’un trafic illicite de bétail, de personnes et de marchandises. Malgré tous ces facteurs d’insécurité, elle demeure la destination privilégiée des transhumants.
Cette forte affluence des éleveurs et du cheptel dans la zone n’est toujours pas sans risque. Elle est souvent à l’origine de conflits qui peuvent éclater d’un moment à l’autre entre éleveurs (autour des points d’eau, parcs de vaccination) ou entre agriculteurs autochtones et éleveurs). Les changements climatiques et leurs conséquences sur l’environnement de façon générale et les ressources naturelles en particulier peuvent rendre ces situations encore plus complexes.
C’est dans ce contexte particulier que l’ONG APEP a organisé ces formations avec l’appui de la FAO et en étroite collaboration avec les autorités administratives et communales.
Objectifs : Doter les villageoises de connaissances et outils appropriés pour garantir la gestion rationnelle et pérenne des RN dans une atmosphère apaisée, prévenir les conflits, les gérer et renforcer la résilience agropastorale.
Ont bénéficié de ces formations 180 personnes (à raison de 60 personnes par village) issues de trois localités : Gogui, Medbougou et Beyziyit Ehil Jaghdid situées au niveau de la Moughataa de Kobenni dans la Wilaya du Hodh El Gharbi.
Les modules de formation ont porté essentiellement sur: la présentation du projet, la problématique du pastoralisme dans les trois zones, le dysfonctionnement de l’écosystème pastorale et les mécanismes de gestion opérationnelle des ressources sylvopastorales.
Hame Ould Abbe est l’un de ces bénéficiaires de ces formations. Le Calame a recueilli, à chaud, ses impressions sur la formation qu’il a reçue avec 19 autres villageois à Gogui.Voici en substance le résumé de ce qu’il adit. Je cite : «Permettez-moi d’abord de saluer la presse sur son travail de recherche et de diffusion de l’information. Ensuite j’adresse mes vifs remerciements à l’ONG APEP et ses partenaires notamment la FAO sur l’importance qu’ils accordent aux populations et à leur milieu naturel en œuvrant pour la création des conditions de l’émergence d’une réelle prise de conscience par les communautés des défis environnementaux. Pour ce qui est de la formation proprement dite, elle nous a offert l’opportunité de connaitre le projet, d’acquérir un certain nombre de connaissances pour le renforcement de nos capacités en matière de gestion durable et sereine de nos RN et de maitriser les systèmes de réponses aux alertes (feux de brousses, coupe abusives des arbres, conflits …. )
Des aveux que partage Babe Ould Boukhyress, un autre participant à une formation similaire qui s’est déroulée dans le village de Beyziyit Ehl Jaghdid: « Nos principales préoccupations visant à instaurer un climat sécurisée et favorable à une gestion apaisée et durable des RN du terroir étaient au cœur des thématiques présentées devant nous par les formateurs », tient-il à préciser. Et d’ajouter : « Après chaque présentation les participants ont pu exprimer librement leurs opinions sur telle ou telle préoccupation et formuler, au besoin, leurs remarques et suggestions voire leurs contributions qui seront prise en compte, rassurent les organisateurs, pour enrichir et améliorer davantage le système de réponses adéquates en matière de gestion des conflits ou encore dans le domaine du renforcement de la résilience agro-pastorale. » avant de conclure : «Je demande aux concernés d’intensifier la sensibilisation et la formation et de les généraliser pour en faire bénéficier l’ensemble des villageois de la bande frontalière»
L’organisation de cette série de formation est le couronnement de tout un processus, rappelle Bah Ould Mohamed Laghdhav, responsable de l’animation au sein de l’ONG APEP. Un processus qui a débuté, précise-t-il, par la réalisation d’enquêtes qui ciblent les populations et leur terroir (zones de pâturage, espèces végétales, transhumance, feux de brousse, mode d’exploitation des RN …….)
Il s’est réjoui du déroulement des formations et des échanges fructueux qui ont marqué les débats interactifs, soulignant que l’objectif du projet à travers ces formations est de mettre en place un système de mécanismes de gestion concertée des RN capable d’inverser la tendance générale marquée par la raréfaction des ressources sylvopastorales et les conflits.
L’animateur a rappelé que des formations similaires sont organisées Au Hodh Charghi dans trois villages (AdelBegrou, MbaratErme et MebrouK)
Et de conclure : « Le projet œuvre pour apporter, à toutes ces problématiques, des solutions concertées et acceptables. Pour y parvenir la meilleure voie reste le dialogue et le plaidoyer. »
Moustapha Bechir
Cp Hodhs