La société civile mauritanienne vient de connaitre une nouvelle naissance. Il s’agit d’une nouvelle association dénommée « Maison de la Liberté ». Le lancement a été fait Mercredi 22 septembre à l’hôtel Khatr, sous le slogan : « Comment osez-vous asservir les hommes alors qu’ils sont nés libre… ?», en présence de plusieurs personnalités activistes et représentants des organisations de la société civile, des confédérations des travailleurs, et des journalistes.
Prenant la parole à cette occasion, El Maaloum Ould Maaloum a souligné dans son discours inaugural qu’un groupe de jeunes mauritaniens a décidé de créer une maison de la liberté, dont le rêve est qu'il soit une maison pour tous ceux qui ont pour espoir de se libérer de l'esclavage, de l'exclusion et du racisme.
Evoquant le motif de création de "Maison de la Liberté", Maaloum Ould Maaloum a mentionné plusieurs motifs. Sur le plan religieux, il a souligné que «l’Islam est une religion de liberté et de libération. C’est ainsi que Omar Ibn Alkhtab, Qu’Allah soit satisfait de lui dénonce fermement l’esclavage et la vanité en les condamnant de façon éloquente « Pourquoi asservie vous les gens alors que leurs mères les accouchèrent libres ? ».
Parlant d u motif contextuel, le président de l’association "Maison de la Liberté", a affirmé que « Nous vivons dans un pays qui a connu des siècles de pratiques esclavagistes arbitraires dont a souffert toutes les couches ,les ethnies et les régions, un esclavage qui privé des êtres humains de leur liberté et de leurs droits à l’éducation et à la propriété en les transformant juridiquement à des demi-humains. Bien qu’une partie de ces pratiques connait un recul , mais elles sont encore pratiquées et leur impact est senti ,car le phénomène de l’esclavage est toujours monnaie courante, malgré les tentatives des pouvoirs publiques à l’occulter, et l’on peut observer clairement ses séquelles répercussions sur les conditions misérables de la couche des Haratines qui souffre, particulièrement d’une pauvreté extrême de l’ignorance et d’une exclusion volontaire ,en particulier dans les cercles du pouvoir politique, économique, culturel ,médiatique et religieux.».
Quand au Motif national, Mr Maaloum a affirmé que « la question de l’esclavage et de liberté n’est pas seulement une question de droits humains mais elle est plus tôt une problématique nationale. En effet l’esclavage avec ses séquelles et ses différentes pratiques, est la question fondamentale de la Mauritanie, elle est la question des victimes de ces pratiques arbitraires pour venir à leur secours des gouffres de l’injustice et pour les assister à prendre la voie de la liberté ». Pour le motif judiciaire, Ould Maaloum a indiqué que « La République Islamique de Mauritanie a adopté plusieurs accords internationaux et lois nationales qui criminalisent toute forme d’esclavage et ses crimes. Malgré cet important arsenal juridique, les pratiques esclavagistes sont toujours en vigueur et les coupables sont impunis. Ceci interpelle la conjugaison des efforts nationaux pour l’application de la loi et instaurer la justice. »
Pour lutter contre ses pratiques, L’association a présenté plusieurs objectifs stratégiques qu’elle compte prioriser selon sa vision. Entre autre « l’achèvement des structures administratives et de planification de l’organisation ; faire l’état de lieu de la situation sur le terrain de l’esclavage et la prise des outils susceptibles de transmettre l’image de leurs souffrances aux cercles de pouvoir et de décision ; l’assistance exhaustive aux victimes de l’esclavage dans le domaine juridique, social, économique ; lever toute forme d’abstraction de jurisprudence à l’encontre des pratiques esclavagistes et ségrégationniste et la création de véritables espaces de coopération entre les érudits et les activités des droits humains ; créer des réseaux de coordination des ONGs de lutte contre l’esclavage en vue d’une éradication définitive de ce fléau au niveau national ; contribuer efficacement à l’exigence d’une solution définitive nationale et juste au passif humanitaire qui garantie la justice, les faits et la protection de la mémoire collective ; Consolider la place de la jeunesse dans toutes les couches dans le domaine de la lutte des droits humains, en particulier la lutte anti-esclavagiste et mettre en œuvre les moyens nécessaires à la réalisation de cet objectif ; la lutte acharnée contre toute forme de marginalisation et ségrégation dans les services publiques , la fonction publique et la promotion dans tous les réseaux médiatiques ou sociaux ; le suivi des conditions des prisons pour mieux cerner les violations et jeter la lumière sur les conditions qui ont fait que la majorité des détenus sont des Haratines ou des autres couches marginalisées »
Oumar Amadou Mbaye
source essirage.net