Les tapis rouges et leurs stars étincelantes devant les objectifs étaient jusqu'ici un passage obligé pour assurer la promotion des films à gros budget dont Hollywood a le secret.
Problème depuis la pandémie de coronavirus: cette foule d'assistants, journalistes, vigiles et fans au coude à coude est aussi un cauchemar pour la distanciation physique.
Alors que la Californie commence doucement à assouplir les mesures de confinement décrétées voici deux mois, les experts en marketing du cinéma débordent d'idées pour dérouler à nouveau ces fameux tapis rouges sans risque de propager le coronavirus.
"Avant, il s'agissait d'attirer l'attention le plus possible, de faire venir de grandes foules et de partager l'événement avec un maximum de gens", résume Elizabeth Tramontozzi, de 15|40 Productions, l'une des plus importantes sociétés d'événementiel d'Hollywood.
"Si on veut pouvoir aller de l'avant, ça sera radicalement différent", déclare-t-elle à l'AFP.
Sa société, qui avait notamment construit un impressionnant décor de "Game of Thrones" à New York pour l'ultime épisode de la saga télévisée, a mis à profit huit semaines de confinement pour imaginer des concepts compatibles avec la pandémie.
Parmi l'arsenal anti-Covid-19, des écrans de plexiglas pourraient être dorénavant dressés entre les journalistes et les stars, qui seraient aussi interviewées à distance dans des "capsules" isolées. Les fans pourraient toujours leur crier leur admiration, mais uniquement sur pré-sélection et par écran interposés.
L'armada de proches et d'assistants qui accompagnent traditionnellement les vedettes seraient quant à elles priées de contourner le tapis rouge en empruntant des "voies prioritaires".
Dans les cinémas projetant les films en avant-première, la distanciation sociale sera bien sûr de mise. Les spécialistes envisagent la possibilité de prendre la température de tous les invités et les fans seraient tenus à l'écart.
"Nous devons nous retrancher d'abord, pour éviter que des gens ne se rassemblent sur les trottoirs pour regarder", a déclaré le président de 15|40, Craig Waldman.
Avec la distanciation sociale, le tapis rouge "sera juste un petit peu plus large et un petit peu plus long", a-t-il assuré.
- Premières "drive-in" -
Même avec la mise en oeuvre de ces mesures inédites, les spécialistes n'imaginent pas de sitôt organiser les exubérantes fêtes d'après projection, avec leurs bars et buffets bondés.
Alors que les géants du streaming comme Netflix ou Amazon sont devenus les rois du confinement et continuent les sorties comme si de rien n'était, les "tours de presse" virtuels au cours desquels les stars enchaînent les interviews via internet sont de plus en plus populaires.
15|40 a même créé un studio mobile dans une caravane, qui peut passer d'un domicile d'acteur à un autre et être redécorée au gré des films ou séries dont la promotion doit être assurée.
La société a aussi imaginé des soirées de lancement sous forme de "drive-in", dans des voitures en plein air, où les célébrités prendraient place au premier rang pour interagir avec leurs fans via une liaison vidéo.
Il n'y a toutefois pas de solution miracle et la plupart des grosses productions hollywoodiennes prévues cette année ont repoussé leur date de sortie en attendant la réouverture des cinémas.
Même si les paillettes et le champagne pourraient être mal vus dans une période où les morts s'accumulent et où le chômage flambe, Craig Waldman estime que la plupart des gens "sont fatigués de rester chez eux". Même des tapis rouges sous cloche et des premières virtuelles seraient les bienvenus pour des fans en manque, dit-il.
Le premier test grandeur nature devrait être "Tenet", thriller à gros budget de Christopher Nolan ("Inception", trilogie Batman "The Dark Knight"), réalisateur bien décidé à être le premier à revenir dans les salles de Hollywood.
La date de sortie officielle de "Tenet" est d'ailleurs toujours le 17 juillet jusqu'à nouvel ordre.
"J'espère vraiment que ça va avoir lieu (...) Nous avons passé beaucoup de temps à faire un environnement sécurisé pour le studio, pour la presse et pour les artistes", lâche Craig Waldman.
AMI