« Les nouvelles, en provenance du bagne de Bir Moghreïn où sont détenus, depuis Novembre 2016, Moussa Biram et Abdallahi Matalla Saleck*, condamnés en appel, le 18 Novembre 2016, à Zouérate, à trois ans de prison dont un avec sursis, ne sont pas bonnes », s’est alarmé le président d’IRA Mauritanie, Biram Dah Abeïd, lors d’une conférence de presse tenue, dimanche 30 Juillet, à son domicile de Riyadh. « Les conditions de vie sont extrêmement difficiles, en ce bagne inaccessible aux amis et parents des détenus. Si les conditions sont loin d’être décentes, dans toutes les prisons de Mauritanie, nourriture infecte, pas de soins médicaux, l’extrême isolement en accentue les méfaits. La situation est on ne peut plus difficile », déplore le dirigeant abolitionniste.
Après avoir rendu hommage aux deux prisonniers de la lutte contre l’esclavage, le racisme et des luttes démocratiques, Biram a promis de leur rendre visite, à son retour du pèlerinage de la Mecque qu’il compte accomplir cette année. Selon lui, le mouvement international de soutien aux deux prisonniers s’élargit de plus en plus, auprès des institutions internationales. « La mobilisation extérieure est beaucoup plus forte », remarque-t-il, « parce qu’il y a plus de libertés qu’en Mauritanie où elle a tendance à faiblir, suite à la forte répression. Même les partis reconnus et les élus sont battus, tabassés. IRA a plus de liberté de manifester à Paris, New-York ou Dakar qu’à Nouakchott. Aujourd’hui, toutes les forces politiques sont mobilisés contre la réimplantation d’Ould Abdel Aziz et ont décidé de mettre en veilleuse leurs autres questions ».
Revenant au jugement en cassation, le président de d’IRA fait remarquer que « si les avocats sont à pied d’œuvre, pour convaincre la justice, celle-ci reste sous la botte de l’exécutif. Les juges en attendent les ordres ». Biram a mis à profit la conférence de presse pour évoquer l’élargissement de son organisation : « IRA a démontré l’ampleur de son déploiement et de son élargissement aux masses mauritaniennes, lors de la grande marche de vendredi dernier, densément étirée sur plus de quatre kilomètres de longueur (du Carrefour Bamako au PK7 !) Grâce à cette démonstration de force, « le peuple mauritanien a clairement exprimé », analyse Biram, « son refus du coup d’Etat constitutionnel que tente de perpétrer Ould Abdel Aziz. IRA est le creuset où peuvent se fondre les forces politiques, partis et civils qui rêvent d’un avenir meilleur et d’une nouvelle Mauritanie ».
A en croire son président, IRA garantit un grand front qu’elle a déjà bâti, par le sacrifice et les grandes batailles gagnées contre le pouvoir. « Il est temps que se matérialise, de manière claire, la reconnaissance du rôle leader de l’IRA, dans le front en gestation qui va libérer la Mauritanie de la dictature décennale du club des militaires. « Nous sommes sur la bonne lancée et c’est autour de l’IRA que s’organise l’urgente bataille. Nous balisons la route du pouvoir démocratique, contre le gré du dictateur Aziz. Il ne pourra jamais, au grand jamais, briguer le fauteuil en 2019. Les Mauritaniens sont là debout, toutes tendances confondues, pour lui barrer la route », martèle-t-il. Avant d’inviter les « soutiens d’Ould Abdel Aziz » et les « otages de ses promesses » à déchanter, revoir leur tactique et stratégie et œuvrer à cette « nouvelle Mauritanie d’après Ould Abdel Aziz. […] Il sera plus facile, à celui-ci, de devenir roi d’Arabie saoudite que président de la République en 2019 », a-t-il ironisé.
Le pays est en danger
Sur le projet de rapprochement de l’IRA avec les forces et organisations de l’opposition, Biram estime que son mouvement « a cette responsabilité d’unir, grâce à sa forte capacité de mobilisation et de déploiement diplomatique international, le maximum de forces mues par des convictions démocratiques, pour faire barrage aux tentatives du dictateur Ould Abdel Aziz de faire sombrer le pays dans l’inconnu, même si les efforts de coordination, avec l’opposition qui développe les mêmes anti-droits de l’homme que le pouvoir, sont difficiles. On va essayer de rassembler au maximum nos forces, taire les dissensions, pour faire, avant tout, face au très dangereux coup d’Etat d’Ould Abdel Aziz ». Biram assure que le chef de l’Etat a déjà envoyé, à l’étranger, sa famille ainsi que quantité de biens amassés.
« C’est un signe très inquiétant de ce que la paix ne va pas régner. Le pays est en danger ».
Enfin, le leader abolitionniste fait savoir que les documents de voyage de sa famille sont pistés et dans le collimateur du pouvoir. « Depuis cinq mois, nous sommes dans l’attente des passeports de mes enfants, bien qu’on ait rempli tous les critères requis ». Il soutient que les autorités étaient intéressées par les visites non médiatisés qu’il a effectuées et se sont assurées de la validité de son passeport (expirant en Janvier 2018). Ils se pensent ainsi préservés d’un tollé international, laissant le passeport mourir de sa mort naturelle ». Il s’étonne de l’interrogatoire mené, par la police et la gendarmerie, lors de l’interpellation de Sid’Ahmed à qui il avait remis son passeport, sur l’emplacement de sa résidence à Dakar, l’identité de ses visiteurs, cherchant à établir si des officiels sénégalais ou Bouamatou étaient de ceux-ci.
Compte-rendu THIAM Mamadou
* Moussa Biram et Abdallahi Matalla Saleck ont été condamnés, en Août 2016, par la Cour criminelle, à 15 ans de prison, « pour avoir participé, à Nouakchott, à un rassemblement non armé destiné à défendre les habitants de la gazra Bouamatou contre une expropriation ». Les deux militants de l’IRA ont toujours nié cette accusation, estimant que leur châtiment n’est qu’une tentative d'intimidation à l’encontre de leur organisation et faisant publiquement état, devant la justice, de tortures infligées à leur propre personne.
source lecalame.info