La Mauritanie lutte depuis des années sur l’accélération de la PF pour la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile. Les consultations dans ce domaine s’accélèrent.
Repositionner la PF
«En matière d’accélération de la PF, la Mauritanie a dépassé les engagements du Partenariat de Ouagadougou » selon Dr. Mohamed Lemine, expert au Programme national de la santé de la reproduction (PNSR). Selon lui, «au lieu des 48.000 nouvelles utilisatrices en 2018, elle en est à 55.000 utilisatrices additionnelles».
Cette déclaration a été faite lors d’une revue à mi-parcours du Plan d’action national budgétisé (PANB 2014-2018) du 24 au 27 octobre 2017 en présence de professionnels de la santé, d’experts et des membres de la société civile. «Mais des défis restent, avec des indicateurs encore inquiétants », selon le Coordinateur du PNSR, Dr.Sidi Mohamed Ould Abdel Aziz, qui cite un taux de mortalité maternelle de 582 pour 100.000 naissances vivantes, un taux de mortalité néonatale de 29 pour mille et un taux de mortalité infanto-juvénile de 54 pour mille (MICS 5).
«Ces drames sont évitables, car l’espacement des naissances réduit de 30% la mortalité maternelle » a-t-il indiqué, louant les efforts consentis dans ce cadre, «car de 11% en 2013, le taux de prévalence contraceptif est passé à 17,9% en 2015 (MICS 5) avec un objectif de plus de 18% d’ici 2018 » a-t-il ajouté. Le plan d’action mentionne cependant «une demande de 44,8% et des besoins non satisfaits en matière de PF encore forts, de l’ordre de 33,6% (MICS 5)».
«Malgré une volonté politique insuffisante et un engagement frileux des religieux, la révolution des mentalités par rapport aux avantages de la PF fait son chemin», selon une participante. Cette conviction est partagée par le Plan d’action et la Déclaration de Politique nationale de la Population qui mettent l’accent sur «l’avantage de la maîtrise de la fécondité sur les secteurs socioéconomiques ».
Obstacles
Parmi les obstacles aux résultats escomptés, l’accès géographique, le faible engagement des décideurs et acteurs influents, l’insuffisance des ressources, y compris celles de l’Etat pour la PF, la non implication des hommes, des jeunes et des adolescents, l’insuffisance en matière législative et réglementaire. L’adoption récente par le Parlement de la Loi sur la Santé de la Reproduction (SR) a été ainsi considérée comme une avancée. Un décret d’application de la loi est en préparation.
Financement de la PF
Il a été rappelé les 15 Millions d’UM de la ligne budgétaire destinée en 2015 à la sécurisation des produits de la santé de la reproduction (SPSR) non utilisés la 1ère année, puis non renouvelé l’année suivante. «Pour la 3ème année, le Ministère de la Santé a promis de la doubler à 30 millions avec la loi de finance rectificative» a mentionné Dr.Mohamed Lemine.
Il a souligné que la Mauritanie devrait bénéficier de financements multilatéraux, avec l’USAID, 10 millions de dollars U.S et le Fonds d’incitation de l’OMS, 10 millions de dollars. La Mauritanie peine aussi à accéder aux fonds de l’Initiative FP 2020, «eu égard à la lourdeur des procédures » a encore indiqué Dr.Mohamed Leminequi a lié la faiblesse des fonds internationaux reçus en matière de PF (environ 2,2 millions de dollars) au faible engagement politique. Le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) reste à ce jour le principal partenaire du pays en matière de santé et de population, avec une fourniture pendant des années des produits contraceptifs à titre gratuit.
.Grogne de la société civile
Leader en matière de PF/SR en Mauritanie, l’Association mauritanienne pour la promotion de la famille (AMPF) par la voix de Yacoub Ould Ebnou, directeur de programme, a déploré la non-réalimentation des 15 millions d’UM de la ligne budgétaire de 2015 de l’Opportunity Fund destinés à la SPSR.
«C’est grâce à un plaidoyer en deux phases que nous avons pu décrocher ce financement» a-t-il déclaré, soulignant qu’ils ont pu obtenir «une augmentation de 33% mais la ligne budgétaire n’a jamais été réalimentée.» Selon lui, l’absence de volonté politique est manifeste, «car en 2016, le budget de la PF n’a pas été absorbé, et en 2017, il a été tout simplement supprimé».
Il considère l’engagement de l’Etat en matière de PF faible, «bien que le discours du président de la République à Néma sur les méfaits de la fécondité incontrôlée ait pu servir de déclic » rappelle-t-il.
Cheikh Aïdara
source aidara.mondoblog.org