La préparation du thé communément appelé « Etaye », est l’une des pratiques les plus courantes de la vie quotidienne en Mauritanie où cette boisson est servie partout. A la maison, comme dans les restaurants et… les bureaux.Dans ces derniers lieux, « Etaye » répond à une demande pressante de tous les travailleurs, du plus haut fonctionnaire au planton. La passion pour cette boisson chaude et sucrée est telle que sa préparation et sa distribution dans les bureaux sont devenues une profession.
« C’est grâce aux recettes du thé que j’arrive à arrondir mes fins de mois », confie Bilal Ould Sidiya, planton dans l’une des administrations publiques, situées au complexe de l’ex Primature qui regroupe plusieurs ministères à Nouakchott.
« Mon salaire étant ce qu’il est, il me faut un revenu supplémentaire pour parer aux plus urgents des besoins de la famille », se justifie Sidiya. En dehors de la profession pour laquelle il a été embauché, il sert quotidiennement le thé, moyennant rétribution, à ses collègues et supérieurs.
À base de thé vert de Chine, le thé mauritanien est tout à fait spécifique et caractéristique du pays. Il est préparé dans une théière, avec de l’eau, du sucre et de feuilles de menthe. Une fois prête, la boisson est servie dans de petits verres conçus à dessein.
« Etaye » est pris au moins trois fois par jour avec les trois repas : petit déjeuner, déjeuner et dîner. Chaque thé est servi en trois prises égales et espacées appelées « verres », ce qui fait que le temps de sa consommation est plus ou moins long. Il est généralement servi pour un groupe d’individus et rarement pour une seule personne.
Dans les lieux de travail, ce sont le plus souvent des collègues d’un même bureau ou de bureaux voisins qui s’entendent pour commander un thé dont ils sirotent les verres tout en poursuivant le travail.
« Nous trouvons notre compte dans cette méthode puisque nous nous partageons le coût du thé estimé à 500 ouguiya (750 FCFA ) », souligne Aicha Vall Mint Sidi, secrétaire dans un établissement public.
« Et puis, ajoute-t-elle, beaucoup d’employés optent désormais pour la prise du thé du matin au lieu de travail étant donné que sa consommation à la maison fait perdre beaucoup de temps ».
Outre les plantons, ce sont des buvettes ouvertes par des privés mauritaniens et ayant signé un contrat avec certaines administrations qui fournissent le thé aux travailleurs. Ces derniers payent via leur comptabilité qui défalque le dû sur leur salaire.
Pour les hauts responsables, les charges financières liées au thé sont généralement budgétisées par leurs employeurs. Partant de là, ils peuvent consommer à volonté du thé, en servir à leurs visiteurs ou aux participants à leurs réunions de travail.