L’Association Mauritanienne pour la Promotion de la Famille (AMPF) a organisé lundi 18 octobre 2021, avec l’appui de la Fédération internationale pour la planification familiale (IPPF), la cérémonie de lancement officiel d’un centre d’excellence international pour la lutte contre les Mutilations Génitales Féminines (MGF) ou excision. L’ampleur du phénomène, soutenue par des croyances religieuses, malgré les cris d’alarme des milieux médicaux et même religieux, reste préoccupante dans le monde arabe et africain.
Une dizaine de participants venus du Maghreb et du monde arabe (Tunisie, Soudan et Egypte), mais aussi d’Afrique (Somalie, Djibouti, Mali, Cameroun), ont participé, lundi 18 octobre 2021 à Nouakchott, à la cérémonie de lancement du Centre d’excellence international de lutte contre les MGF basé en Mauritanie. Le centre est le fruit d’un partenariat entre l’AMPF et la section de l’IPPF pour le monde arabe basée à Tunis, avec l’appui de l’Agence norvégienne de coopération pour le développement (NORAD).
Lutte contre les MGF, une priorité pour le gouvernement
Ouvrant les travaux de l’atelier, le Ministre de la Santé, Dr. Sidi Ould Zahaf, a déclaré que la santé de la mère et de l’enfant est l’une des priorités du programme politique du Président de la République, « Taahoudati », comme il constitue l’un des principaux axes du Plan national de développement sanitaire (PNDS) 2021-2030. « Une direction chargée de la santé de la mère et de l’enfant a été spécialement créée pour prendre en charge cette dimension » a-t-il souligné. Selon lui, le Président de la République, Mohamed Cheikh Ghazouani, a donné dans ce cadre des instructions pour la baisse des coûts relatifs aux soins liés à la grossesse et à l’accouchement, ainsi que la prise en charge des soins néonataux. Comme ont été rendus gratuits les services de soin d’urgence, d’hospitalisation et de réanimation, ainsi que les services d’évacuation par ambulance sur l’ensemble du territoire, a-t-il ajouté en substance.
« Eu égard à leurs conséquences médicolégales et psychologiques, l’excision des filles et les violences basées sur le genre constituent des obstacles qui empêchent la garantie de conditions idéales pour la santé de la mère et de l’enfant, sans compter qu’elles constituent une violation des droits des femmes et une mutilation malsaine de leur corps » a précisé Ould Zahaf.
Le ministre de la Santé a déclaré dans la foulée, que la lutte contre les MGF requiert la mobilisation de tous les acteurs, notamment la société civile. C’est dans ce cadre, dira-t-il en substance, que son département salue l’initiative prise par l’AMPF et ses partenaires d’ouvrir ce centre d’excellence dont l’objectif est de renforcer les capacités des ONGs actives dans le domaine en matière de sensibilisation contre ce fléau, d’assurer l’autonomisation socioéconomique des survivantes, d’améliorer les qualités de soin en matière de santé reproductive et sexuelle ainsi que la prise en charge médicale des survivantes, d’assurer le plaidoyer et la mobilisation pour l’éradication des MGF sur la base de recherches scientifiques et de données empiriques.
L’excision n’est pas une injonction religieuse
Auparavant, la présidente de l’AMPF, l’ancienne ministre Marième Mint Ahmed Aïcha et la Directrice régionale de l’IPPF pour la zone Arabe, Mme Fadoua Bakhada, avaient pris la parole pour mettre l’accent sur l’importance du centre d’excellence international de Nouakchott pour la lutte contre les MGF. Elles ont insisté, avec les éclaircis apportés par l’érudit Cheikh Ould Zeine, président du Forum de la Pensée Islamique, sur le caractère non religieux de l’excision que plusieurs érudits dans le monde musulman ont étayé à coups de fatwas, dont celui d’Al Azhar A-Charif, mais aussi celui des érudits et imams d’Afrique de l’Ouest.
Selon les intervenants, les lois réprimant les MGF, adoptées par la quasi majorité des pays ne suffisent pas, d’où l’accent mis sur la sensibilisation, notamment en milieu rural, pour le changement des mentalités, les MGF étant conçues comme des pratiques traditionnelles néfastes plutôt qu’une recommandation divine.
Les MGFs, un danger médical
A ce titre, plusieurs spécialistes des sciences médicales, comme Dr. Sidi Mohamed Ould Abdel Aziz, gynécologue et chef de service santé maternelle néonatale infantile et adolescent à la Direction Mère et Enfant (Ministère de la Santé), ont énuméré les complications liées aux MGF, notamment durant l’accouchement, dans les rapports intimes, ainsi que les troubles traumatiques qui accompagnent la fille toute la vie. La pratique, surtout faite par des matrones non formées sur le plan médical, entraîne souvent des hémorragies qui se terminent fréquemment par des décès, selon eux.
Vatimetou Mint Moulaye, présidente de l’Association mauritanienne des sages-femmes a abondé dans le même sens.
L’excision reste fortement pratiquée malgré les lois et les fatwas
A noter que si en Mauritanie, la prévalence des MGF est de 66%, selon les chiffres de l’UNICEF en 2016, ailleurs, comme en Somalie, elle frise les 100% comme l’a indiqué dans son intervention, Mohamed Abderrahmane qui a posé plusieurs questions à l’érudit Cheikh Ould Zeine, sur le caractère Sunna ou non Sunna des MGF.
Abderrahmane Chemsi, vice-président de l’association djiboutienne de la santé de la reproduction a noté que le sujet sur les MGF est très délicat dans son pays, où les érudits restent intransigeants sur son caractère religieux. Ils auraient même, selon lui, quitté un atelier portant sur les MGF. Il a indiqué que les Ulémas de Djibouti ont été les premiers à s’offusquer lorsque le gouvernement adopta en 2002 la loi interdisant l’excision. « A Djibouti, une femme non excisée n’a aucune chance de se marier, poussant les plus réticentes à s’y plier quand elles voient les années passer » a-t-il affirmé.
Sara Abdou de l’Egypte a souligné pour sa part que l’excision est pratiquée chez elle aussi bien par les communautés musulmanes que par les coptes et les juifs. Elle a indiqué que c’est surtout une affaire de femmes et que ce sont les grands-mères et les tantes notamment qui excisent les filles, sans que les hommes aient droit au chapitre.
Dans les recommandations, il a été stipulé que les MGF sont l’affaire de tous les acteurs, les hommes en premier, mais surtout le gouvernement (ministère de l’éducation notamment), la société civile, les médias et les érudits, entre autres.
L’atelier s’est achevé par une conférence de presse animée par Mmes Marième Mint Ahmed Aïcha et Fadoua Bakhada.
Avaient pris part à la cérémonie, les Walis de Nouakchott Ouest et Nord, le représentant de l’OMS et de l’UNFPA Saidou Kaboré, plusieurs députés dont Mohamed Rzeizim ainsi que les représentants des médias publics et privés.
Cheikh Aïdara
lauthentique.info
Une dizaine de participants venus du Maghreb et du monde arabe (Tunisie, Soudan et Egypte), mais aussi d’Afrique (Somalie, Djibouti, Mali, Cameroun), ont participé, lundi 18 octobre 2021 à Nouakchott, à la cérémonie de lancement du Centre d’excellence international de lutte contre les MGF basé en Mauritanie. Le centre est le fruit d’un partenariat entre l’AMPF et la section de l’IPPF pour le monde arabe basée à Tunis, avec l’appui de l’Agence norvégienne de coopération pour le développement (NORAD).
Lutte contre les MGF, une priorité pour le gouvernement
Ouvrant les travaux de l’atelier, le Ministre de la Santé, Dr. Sidi Ould Zahaf, a déclaré que la santé de la mère et de l’enfant est l’une des priorités du programme politique du Président de la République, « Taahoudati », comme il constitue l’un des principaux axes du Plan national de développement sanitaire (PNDS) 2021-2030. « Une direction chargée de la santé de la mère et de l’enfant a été spécialement créée pour prendre en charge cette dimension » a-t-il souligné. Selon lui, le Président de la République, Mohamed Cheikh Ghazouani, a donné dans ce cadre des instructions pour la baisse des coûts relatifs aux soins liés à la grossesse et à l’accouchement, ainsi que la prise en charge des soins néonataux. Comme ont été rendus gratuits les services de soin d’urgence, d’hospitalisation et de réanimation, ainsi que les services d’évacuation par ambulance sur l’ensemble du territoire, a-t-il ajouté en substance.
« Eu égard à leurs conséquences médicolégales et psychologiques, l’excision des filles et les violences basées sur le genre constituent des obstacles qui empêchent la garantie de conditions idéales pour la santé de la mère et de l’enfant, sans compter qu’elles constituent une violation des droits des femmes et une mutilation malsaine de leur corps » a précisé Ould Zahaf.
Le ministre de la Santé a déclaré dans la foulée, que la lutte contre les MGF requiert la mobilisation de tous les acteurs, notamment la société civile. C’est dans ce cadre, dira-t-il en substance, que son département salue l’initiative prise par l’AMPF et ses partenaires d’ouvrir ce centre d’excellence dont l’objectif est de renforcer les capacités des ONGs actives dans le domaine en matière de sensibilisation contre ce fléau, d’assurer l’autonomisation socioéconomique des survivantes, d’améliorer les qualités de soin en matière de santé reproductive et sexuelle ainsi que la prise en charge médicale des survivantes, d’assurer le plaidoyer et la mobilisation pour l’éradication des MGF sur la base de recherches scientifiques et de données empiriques.
L’excision n’est pas une injonction religieuse
Auparavant, la présidente de l’AMPF, l’ancienne ministre Marième Mint Ahmed Aïcha et la Directrice régionale de l’IPPF pour la zone Arabe, Mme Fadoua Bakhada, avaient pris la parole pour mettre l’accent sur l’importance du centre d’excellence international de Nouakchott pour la lutte contre les MGF. Elles ont insisté, avec les éclaircis apportés par l’érudit Cheikh Ould Zeine, président du Forum de la Pensée Islamique, sur le caractère non religieux de l’excision que plusieurs érudits dans le monde musulman ont étayé à coups de fatwas, dont celui d’Al Azhar A-Charif, mais aussi celui des érudits et imams d’Afrique de l’Ouest.
Selon les intervenants, les lois réprimant les MGF, adoptées par la quasi majorité des pays ne suffisent pas, d’où l’accent mis sur la sensibilisation, notamment en milieu rural, pour le changement des mentalités, les MGF étant conçues comme des pratiques traditionnelles néfastes plutôt qu’une recommandation divine.
Les MGFs, un danger médical
A ce titre, plusieurs spécialistes des sciences médicales, comme Dr. Sidi Mohamed Ould Abdel Aziz, gynécologue et chef de service santé maternelle néonatale infantile et adolescent à la Direction Mère et Enfant (Ministère de la Santé), ont énuméré les complications liées aux MGF, notamment durant l’accouchement, dans les rapports intimes, ainsi que les troubles traumatiques qui accompagnent la fille toute la vie. La pratique, surtout faite par des matrones non formées sur le plan médical, entraîne souvent des hémorragies qui se terminent fréquemment par des décès, selon eux.
Vatimetou Mint Moulaye, présidente de l’Association mauritanienne des sages-femmes a abondé dans le même sens.
L’excision reste fortement pratiquée malgré les lois et les fatwas
A noter que si en Mauritanie, la prévalence des MGF est de 66%, selon les chiffres de l’UNICEF en 2016, ailleurs, comme en Somalie, elle frise les 100% comme l’a indiqué dans son intervention, Mohamed Abderrahmane qui a posé plusieurs questions à l’érudit Cheikh Ould Zeine, sur le caractère Sunna ou non Sunna des MGF.
Abderrahmane Chemsi, vice-président de l’association djiboutienne de la santé de la reproduction a noté que le sujet sur les MGF est très délicat dans son pays, où les érudits restent intransigeants sur son caractère religieux. Ils auraient même, selon lui, quitté un atelier portant sur les MGF. Il a indiqué que les Ulémas de Djibouti ont été les premiers à s’offusquer lorsque le gouvernement adopta en 2002 la loi interdisant l’excision. « A Djibouti, une femme non excisée n’a aucune chance de se marier, poussant les plus réticentes à s’y plier quand elles voient les années passer » a-t-il affirmé.
Sara Abdou de l’Egypte a souligné pour sa part que l’excision est pratiquée chez elle aussi bien par les communautés musulmanes que par les coptes et les juifs. Elle a indiqué que c’est surtout une affaire de femmes et que ce sont les grands-mères et les tantes notamment qui excisent les filles, sans que les hommes aient droit au chapitre.
Dans les recommandations, il a été stipulé que les MGF sont l’affaire de tous les acteurs, les hommes en premier, mais surtout le gouvernement (ministère de l’éducation notamment), la société civile, les médias et les érudits, entre autres.
L’atelier s’est achevé par une conférence de presse animée par Mmes Marième Mint Ahmed Aïcha et Fadoua Bakhada.
Avaient pris part à la cérémonie, les Walis de Nouakchott Ouest et Nord, le représentant de l’OMS et de l’UNFPA Saidou Kaboré, plusieurs députés dont Mohamed Rzeizim ainsi que les représentants des médias publics et privés.
Cheikh Aïdara
lauthentique.info