Son Excellence le Président de la République et Président de l’Union africaine, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a regagné dimanche Nouakchott en provenance de la capitale sénégalaise, après avoir participé à la commémoration du 80ème anniversaire du massacre du camp de Thiaroye, près de Dakar.
A cette occasion, le Président de la République a prononcé un discours dans lequel il a précisé que le massacre de Thiaroye symbolise la violence du déni des droits fondamentaux dont les africains ont si violemment souffert par le fait de la traite et des formes manifestes et insidieuses du colonialisme.
Mais, et c’est cela le plus important, poursuit- il, ce massacre symbolise aussi, dans le même temps, l’inébranlable détermination des africains à lutter pour leur dignité leurs droit et à s’affranchir définitivement de toute forme de domination face à la détermination des puissances coloniales à préserver et consolider leur autorité.
Voici le texte intégral de ce discours :
« Monsieur le Président de la République du Sénégal cher frère ;
Messieurs, les Présidents,
Monsieur le Premier Ministre ;
Messieurs les Ministres ;
Messieurs les chercheurs ;
Mesdames et Messieurs les représentants des familles des victimes,
Chers invités ;
C’est avec honneur et émotion, que j’adresse, en ce moment solennel, au nom de mes frères chefs d’Etat africains et en mon nom propre, mes sincères remerciements à mon ami et frère son excellence Bassirou Diomaye Diakhar Faye Président de la République du Sénégal, pour nous avoir associé à la commémoration du 80ème anniversaire du massacre à Thiaroye des tirailleurs sénégalais, l’une des pages les plus sombres et les plus douloureuses de notre histoire commune.
Nous sommes, ici et aujourd’hui, pour honorer la mémoire des Tirailleurs de Thiaroye, qui ont écrit, par leur bravoure et leur sang, une magnifique page de l’histoire de notre combat commun pour la liberté, la justice et la dignité.
Ils ont traversé des continents pour défendre une cause qui n’était pas la leur mais à laquelle ils ont cru, sur des terres qui ne leurs étaient point familières et dans des conditions climatiques particulièrement hostiles.
Cependant, cela n’a nullement entamé leur détermination ni freiné leur ardeur au combat. Ils ont affronté la mort sur le champ de bataille et en sont sortis victorieux contribuant ainsi à la victoire des alliés.
Pourtant revenus dans la chaleur du pays natal, fiers de la victoire et prêts à embrasser la vie, la mort les a rattrapés par la traîtrise, en ce tragique 1er décembre de 1944, ici même dans cette caserne où l’écho de l’injustice criante, de l’ingratitude et du déni résonne encore toujours et pour l’éternité.
Nous nous recueillons, aujourd’hui, dans un esprit de respect et de reconnaissance, de souvenir et de mémoire, pour affirmer que leur sang versé sur cette terre n’a pas été vain et ne sombrera jamais dans l’oubli. Leurs sacrifices resteront gravés dans notre mémoire et présents dans la conscience collective de nos peuples. Leur épopée doit toujours nous rappeler qu’aussi intenses que soient les conflits et aussi profondes que soient les injustices, la vérité et le droit triomphent toujours, inexorablement.
A cet effet, je rends, ici, un hommage particulier au peuple et au gouvernement sénégalais frères, pour les efforts qu’ils ont entrepris, avec dignité et grandeur, pour contribuer à restaurer la vérité et à préserver la mémoire de ces héroïques tirailleurs.
Je me permets, également, de rejoindre mon frère et ami, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, pour saluer ce qu’il a qualifié de “grand pas” : l’initiative de l’actuel président de la République française, Monsieur Emmanuel Macron, qui a reconnu le massacre perpétré par les forces françaises en décembre 1944 dans le camp de Thiaroye.
Excellences, mesdames et Messieurs
Le massacre de Thiaroye symbolise la violence du déni des droits fondamentaux dont les africains ont si violemment souffert par le fait de la traite et des formes manifestes et insidieuses du colonialisme.
Mais, et c’est cela le plus important, ce massacre symbolise aussi, dans le même temps, l’inébranlable détermination des africains à lutter pour leur dignité leurs droit et à s’affranchir définitivement de toute forme de domination face à la détermination des puissances coloniales à préserver et consolider leur autorité.
C’est précisément cet esprit de revendication et d’’aspiration à la liberté et à la dignité, l’esprit de Thiaroye, immortalisé par la caméra de Sembène Ousmane, qui guida les pères de l’indépendance et fondateurs de l’union africaine dans leur souci d’unifier le continent africain, d’assurer son développement intégré et de lui garantir dans le concert des nations le rôle et la place qui lui siéent.
Les efforts continus consentis par l’union africaine et ses états membres pour réaliser cet objectif sont un hymne quotidien aux tirailleurs de Thiaroye. Et il n’est de célébration plus magnifique de l’esprit de Thiaroye que de resserrer nos rangs et de renforcer nos efforts pour atteindre les objectifs de notre agenda 2063 qui traduisent les aspirations des peuples africains.
Je ne saurais terminer sans citer le célèbre chercheur et poète sénégalais Monsieur Babacar M’BAYE, lui-même petit fils d’un tirailleur tombé sur le champ de bataille qui écrivit dans son recueil de poèmes intitulé Ode de Thiaroye 44 :
«Recevez l’hymne de votre Afrique maternelle ;
Tirailleurs morts pour la République !
Morts pour la France ! Morts par la France
Tirailleurs noirs de l’Empire,
Tirailleurs venus de loin.
Tirailleurs d’Afrique,
Poilus noirs de l’Empire.
Nos larmes se versent dans ce champ d’honneur.
Vous accompagnant dans votre éternel voyage.
Que vos âmes parlent à ces armes ».
Je vous remercie. »
Le Président de la République était accompagné d’une importante délégation composée de MM :
– Nani Ould Chrougha, ministre chargé de cabinet du Président de la République.
– Hanana Ould Sidi, ministre de la Défense, des Retraités et des Enfants des Martyrs.
– Ahmedou Ould Ahmedou, ambassadeur de Mauritanie à Dakar.
– l’Amiral Isselkou Ould Cheikh El Wali, Chef de l’état-major particulier du Président de la République.
– Harouna Traoré, chargé de mission à la Présidence de la République.
– Sidi Mohamed Ould El Ghaber, Chargé de mission à la Présidence de la République.
– El Hacen Ould Ahmed, directeur général du protocole d’état.
AMI