A l'arrêt depuis la mi-mars en raison de la pandémie de nouveau coronavirus, le football européen a connu jeudi une première éclaircie: la Bundesliga allemande s'est dite prête à reprendre le jeu à huis clos le 9 mai, sous réserve de l'accord des autorités.
"La Bundesliga est prête, que ce soit pour une reprise le 9 mai ou à une date ultérieure", a indiqué le président de la Ligue allemande de football (DFL), Christian Seifert, lors d'une conférence de presse à distance, alors que les clubs ont repris l'entraînement début avril en petits groupes.
Ce scénario ferait de l'Allemagne le premier des grands championnats européens de foot à reprendre et permettrait à la Bundesliga de sauver la manne des droits télévisés. Mais il est toutefois dépendant d'une validation par les autorités politiques allemandes: une réunion entre la chancelière Angela Merkel et les présidents des régions (Länder) est prévue jeudi prochain.
"Je suis sceptique sur le fait de voir des matches de Bundesliga le 9 mai. Nous devons voir ce que le gouvernement décidera le 30 avril", a nuancé le directeur sportif du Werder Brême, Frank Baumann, alors que les entraînements au complet ne sont pas encore autorisés.
Markus Söder, dirigeant conservateur de la Bavière où évolue le Bayern Munich, a indiqué jeudi que l'avis de l'Institut Robert Koch, qui est en charge de la veille épidémiologique en Allemagne, sera décisif pour dire "si le concept (de reprise) est bon ou ne l'est pas".
Si l'Allemagne est moins déstabilisée que certains voisins européens par la pandémie, les grands rassemblements populaires restent interdits au moins jusqu'au 31 août. Le ministre de la Santé Jens Spahn a néanmoins estimé qu'à huis clos et avec des "précautions" adéquates, les matches de football pouvaient sans doute être "possibles".
- 20.000 tests par semaine -
Jeudi, Christian Seifert a présenté son plan de reprise, soutenu par les clubs professionnels, mais critiqué par les groupes de supporters, peu favorables à ce scénario de rencontres sans public, préférant un arrêt définitif du championnat.
"Des rencontres sans spectateurs, ce n'est pas ce que nous souhaitons, mais cela semble être la seule possibilité", a répondu Christian Seifert. Il prévoit seulement 200 personnes au total à l'intérieur des stades (joueurs, entraîneurs, officiels, médias...).
Ce plan prévoit aussi un retour dans les stades dans des conditions sanitaires strictes, avec notamment 20.000 tests à réaliser chaque semaine. Selon l'Institut Robert Koch, les capacités de tests en Allemagne sont de 818.000 par semaine, a indiqué Christian Seifert.
"Le football professionnel n'utiliserait que 0,4%" de ces ressources, a-t-il fait valoir.
Si un membre d'une équipe est testé positif au Covid-19, il devra être placé en isolement et les personnes avec lesquelles il a été en contact devront être testées. Mais le placement en quarantaine de l'ensemble de l'équipe ne sera pas automatique.
"Nous ne pourrons pas maintenir sur le terrain une distance de 1,50 mètre. Nous souhaitons toutefois garantir le meilleur degré de sécurité", a-t-il encore souligné. "Si ce concept est rejeté, alors il est clair que nous ne pourrons probablement pas jouer non plus dans quelques mois. La Bundesliga serait alors un dommage collatéral de la crise du coronavirus."
- La question des places européennes tranchée -
D'un point de vue économique, le foot professionnel allemand a d'ailleurs enregistré une bonne nouvelle: la menace de faillite de clubs semble écartée, puisque Christian Seifert a expliqué avoir obtenu "des accords avec presque tous les partenaires médiatiques", assurant la liquidité des clubs jusqu'au 30 juin.
Le versement de la dernière tranche des droits télévisés pour la Bundesliga est estimée à 300 millions d'euros.
Si l'Allemagne semble s'orienter vers une reprise, d'autres pays préfèrent jeter l'éponge face au risque sanitaire: le championnat des Pays-Bas, sur décision des autorités, s'achemine vers un arrêt définitif, alors que la Belgique envisage également de mettre un terme à sa saison.
L'Union européenne de football (UEFA), elle, continue de militer activement pour la reprise et l'achèvement de la saison, afin de sauver sa lucrative Ligue des champions.
Mais l'instance européenne s'est mise jeudi à envisager un possible arrêt dans certains pays, en tranchant la question cruciale de l'attribution des places européennes par les différent championnats nationaux en cas de saison tronquée.
Pour l'UEFA, l'accès aux Coupes d'Europe doit se faire au "mérite sportif", une formulation qui semble par exemple exclure le scénario d'une "saison blanche" qui aurait consisté à reconduire les équipes qualifiées un an plus tôt.
AFP