« Si le cri vient de la montagne », dit un adage populaire bien de chez nous, « où fuir ? » Dans ses visitations qui se suivent et se ressemblent dans leur folklore et leur théâtre, le président de la République a choisi de dire crûment des vérités «lapalissieres ». Vous savez, dans ces ridicules réunions de cadres datant de 1985, année du fameux et historique discours tayeux de Néma, c’est l’occasion pour des bandes de n’importe quoi de squatter les devants de la scène pour endormir nos Présidents en leur faisant croire que tout va très bien. Alors que ces cohortes qui vont là où va le Président sont les premières à savoir que rien ne va.
Lors de la dernière visitation de Rosso, le Président les a tout simplement ridiculisés, en les prenant à contrepied, avec un diagnostic tout simplement sans appel : rien ne va ! Nous avons des problèmes partout : manque d’instituteurs, de classes, de professeurs, d’hôpitaux, de médecins, d’infirmiers, d’infirmiers, de sages-femmes, d’eau, d’électricité, de carburant, de ramettes de papiers, de rangers, de treillis, de pelles, de marteaux, de brouettes, de craies, de tableaux noirs, de routes, d’ambulances, de médicaments, d’infrastructures, de lits d’hôpitaux, de gants, de fils de suture, de latrines, de ponts, d’instituts, d’universités…
Et j’en oublie certainement !Mais je présage que demain, nos fameux cadres vont encore venir nous expliquer ce que le président de la République a dit à Rosso. La télévision et la radio vont les inviter à en parler. Vraiment, monsieur le Président, vous avez coupé l’herbe sous les pieds de ces emmerdeurs intempestifs ! Même notre presse ne marche pas. Lors du coup d’État de 2008 contre notre premier Président démocratiquement élu, un arnaquer ivoirien joua, façon CMJD en quête de légitimation, une entourloupe qui lui permit d’empocher quelques centaines de millions en se faisant passer pour le président d’une organisation crédible. Aujourd’hui, ce sont les services de la communication qui se font rouler dans la farine par une bande de lascars américains prétendant pouvoir, moyennant quelques centaines de milliers de dollars, faire croire au Monde que la Mauritanie était devenue havre de paix et oasis de bonheur. Ailleurs, ce serait tout simplement un scandale obligeant les complices à démissionner ou se faire débarquer.
Mais, ici, on se suffit à prendre d’exquises et rutilantes voitures pour aller se faire voir dans les visitations et les festivals, rivalisant d’hypocrisie et de clownerie avec qui vous savez… C’est vraiment désespérant et révoltant ! Le Président dit que nous manquons de tout. Pourtant, nous claquons chaque année dix milliards d’ouguiyas pour organiser des festivals dont l’intérêt est loin d’être évident. Lors de la visitation de Rosso, un clown a, paraît-il, amassé, en moins de vingt-quatre heures, douze millions d’anciennes ouguiyas ramassées, comme ça,auprès de ministres, hauts fonctionnaires, députés, maires, hommes d’affaires et autres. Combien ces messieurs-dames ont-ils ainsi claqué dans ces visitations ?
Allez savoir… Leurs boubous, carburants, chaussures et chemises, montres, parfums, troupeaux sacrifiés, populations mobilisées, campements dressés, cadeaux distribués… Tout ça, c’est combien, selon vous ? Je m’en fous d’où ça vient. Parce que, moi, j’ai vu, de mes propres yeux, des hommes qui devaient répondre, il y a encore trois semaines à peine, de graves accusations de détournements de deniers publics et d’enrichissement illicite, saluer le Président et animer, comme si de rien n’était, les discussions dans les salons. Blanchis, me dites-vous ? Ooookay ! En tout cas, nous manquons de tout, dixit le président de la République. Salut !
Sneiba El Kory
lecalame