C'est avec une grande tristesse que me revient le souvenir de la disparition de Mohamed Yehdhih ould Breidelleil que je rencontrai pour la première fois en 1968. D'abord chez mon parent Lemrabet ould Babana et assez souvent à la Permanence du Parti du Peuple Mauritanien où, encore jeune, il était déjà Conseiller principal du Secrétaire Permanent du Parti du Peuple Mauritanien. Conseiller compétent, écouté, apprécié par les plus hautes autorités politiques du Pays.
Je devais également le connaître ailleurs chez des amis communs, notamment chez le Doyen, le Professeur Mohameden Babbah, directeur du Lycée National de Nouakchott , et bien plus tard, à travers un autre patriote, j'ai nommé Diagana MBou.
Celui-ci, qui fut étudiant à Dakar, et coopté par un large consensus comme président de l'Union des Étudiants mauritaniens de l'Université dakaroise, a eu une longue expérience directe de Mohamed Yehdhih ould Breidelleil qui l'a connu depuis son retour du Sénégal.
Nommé Directeur général d'Air Mauritanie, Mohamed Yehdhih devait proposer et faire prévaloir la nomination de Diagana MBou, comme son Directeur général adjoint, dont il attestait sans hésiter de la probité intellectuelle et morale.
Homme d'une vaste culture, en Arabe bien sûr, mais aussi en Français, Mohamed Yehdhih ould Breidelleil se distinguait par une érudition exemplaire en matière de civilisations orientales et gréco-latines. Il ne fut donc pas surprenant qu'il se manifeste et prenne place dans le creuset, ou tourbillon, des années brûlantes de la lutte pour l'indépendance et la souveraineté nationale que traversaient, en particulier, le Monde arabe et le Continent africain.
Profondément engagé, il put créer, avec quelques amis, et diriger, discret, calme et ferme, un Courant politique s'inscrivant dans la mouvance la plus articulée du nationalisme arabe, incarnée alors par le Mouvement du Baath triomphant.
Ce Courant ne manqua pas d'attirer rapidement d'importantes franges des jeunesses arabes, civiles et militaires, le combat pour la Renaissance se posant comme une urgence pour s'émanciper sans tarder d'une domination politique et d'un étouffement culturel singulièrement mal vécus et rejetés.
C'est le lieu de souligner que, contrairement à des idées reçues, que pouvaient justifier des conduites de certains partisans marginaux, ni le Mouvement d'origine, ni l'homme politique mauritanien, homme de culture lucide et ouvert, ne furent guidés, à ma connaissance, par la volonté d'exclure ou dominer les autres membres d'une communauté nationale pleinement assumée, dans l'égalité des droits, comme matrice d'un destin commun visant à mener ensemble le fraternel et long chemin pour l'émancipation et le progrès partagé.
J'ajoute au présent devoir de mémoire les prières ardentes pour qu’Allah enveloppe de Sa Miséricorde le défunt -- dont le troisième anniversaire du décès est célébré ce jour -- dans la plénitude de Son agrément, et l'accueille en Son Saint Paradis.
A NOTER :
Je tiens à assurer que j'étais à l’extérieur, pour des soins longs -- heureusement bien accomplis depuis peu -- au moment du décès du frère Mohamed Yehdhih ould Breidelleil en Janvier 2021. Et aussi quelque part bloqué en raison du COVID19. Je n'ai donc pas appris le décès en ce temps, ni à mon retour.
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Mohamed Aly Cherif Nouakchott
le 13 Janvier 2024
lecalame