Voici mon intuition qui n’engage que moi : comme aux échecs, chacun avance ses pions mais à un moment, il n’y aura plus d’échappatoire et il faudra s’avouer vaincu ou renverser la table. A ce jour, à cette heure, seule une poignée de généraux et Aziz savent exactement ce qui se joue en préservant les apparences car de frères d’armes, il faudra certainement en arriver à frères ennemis. L’heure de la déchirure est proche mais elle n’est pas encore certaine. Les jeux sont pour l’instant ouverts car personne n’a encore baissé ses cartes et chacun navigue à vue en fonction de mille paramètres qu’on peut résumer en deux : rapports de force militaire pour éviter l’engagement et façade démocratique à préserver…
D’emblée on peut dire que l’ex-colonel Ould Baya peut être élu mais il n’a pas le soutien des généraux puissants de l’état-major général des armées ni certainement des autres pour une raison simple : aucun ne peut accepter qu’un ex-colonel soit le prochain chef des armées qui nomme et dégomme. Ce n’est pas possible. A la limite les généraux peuvent accepter de jouer le jeu avec un civil mais pas avec un militaire de carrière de rang inférieur. En plus Ould Baya ne cache pas qu’il est fortuné alors que bien des colonels et même des généraux ne roulent pas sur l’or, loin de là.
Aussi si Ould Baya a le soutien d’Aziz cela voudra dire qu’Aziz veut décapiter l’Etat-Major général des armées comme Sidioca a voulu le faire. Pour ce faire Aziz a besoin d’un pantin à la présidence pendant que lui le protège avec le Basep qui ne répond qu’à lui. Sitôt fait Aziz pourra réorganiser les armées actuellement sous le contrôle de Ghazouani et ses hommes. Bilan Aziz contrôlera alors parfaitement les armées et le basep tandis qu’actuellement ce n’est pas le cas.
En effet, si Aziz a pu voyager pendant 2 mandats comme un prince sans se soucier ni de sa sécurité ni de la stabilité de l’armée c’est parce qu’il a laissé ça à Ghazouani qui fit le travail à merveille sans jamais être mêlé à aucun scandale. Aujourd’hui qu’Aziz doit quitter le pouvoir se pose la question de la stabilité de l’armée.
Ghazouani peut aller à la retraite tranquillement, la boutique sera certainement bien tenue à condition que le candidat d’Aziz ne soit pas un pantin destiné à détricoter l’équilibre des forces bâti par les hommes de Ghazouani or ce sera fait immanquablement car si Aziz met un pantin à la présidence c’est pour revenir ensuite. C’est donc risqué de quitter la présidence, avec un Ghazouani à la retraire ! L’état-major général des armées aura le droit de réclamer en l’absence des deux que le Basep passe sous commandement de l’état-major ce qui signifie priver Aziz de son bataillon pour son retour. C’est un risque inimaginable.
Pour l’instant entre Ghazouani et Aziz tout semble aller très bien même si on raconte que Ghazouani a voulu faire passer une loi pour augmenter l’âge de la retraite mais qu’Aziz a demandé au ministre de la défense de ne pas le faire. L’état-major général a démenti mais il paraît que saharamedias a sorti une note express de l’état-major instituant de fait ce changement. Ce n’est pas une première que de telles dérogations ont lieu. Le général Ndiaga Dieng en a aussi profité. C’est dire que ça commence à chauffer...
Aziz, génie de la manipulation avec une sorte de baraka, a une avance car son pantin aura la légitimité constitutionnelle de son côté sauf que s’il veut décapiter l’état-major général des armées, Aziz n’aura rien à dire si l’armée décide de rectifier son candidat sauf que cette fois ce candidat aura le Basep d’Aziz de son côté doublé de son mandat : voilà le principal risque d’affrontement entre l’armée et le Basep juste après 2019.
Pour prendre de court les projets d’Aziz, la seule chance de l’état-major général sous Ghazouani c’est de réclamer dès les prises de fonctions du pantin que le basep soit réorganisé obligeant Aziz à montrer que le basep c’est lui mais il n’aura pas la légalité de son côté vu que l’état-major aura le soutien de la population, de l’armée et de l’étranger pour en finir avec un corps « clandestin ».
Si le pantin refuse, alors un conflit armé peut intervenir au détriment du Basep dont la position sera indéfendable. Sitôt le Basep restructuré, le pantin est cuit. L’armée des civils de la majorité présidentielle se fera frondeurs et rebelote, il devra démissionner et d’ailleurs l’armée peut créer les conditions de cette démission. Alors Ghazouani pourra faire ce qu’Aziz a fait avant lui.
Quitter l’armée et laisser un homme de confiance gérer l’armée pendant que lui réorganise le basep. Rebelote…
Voilà la seule façon de contrer les projets d’Aziz à moins que Ghazouani décide que ça ne l’intéresse pas. Il prendra sa retraite. Aziz prendra le contrôle de l’état-major général et de l’armée comme du basep et il reviendra encore plus puissant.
Tant qu’Aziz et Ghazouani sont de ce monde jusqu’à 2019, il ne se passera rien d’autre qu’un de ces scénarios mais Dieu sait mieux…
VLANE