Il y a quelques semaines, le président de la République effectuait de fulgurantes visites-éclair à l’hôpital national, au centre neuropsychiatrique et au centre national de cardiologie. Cela ne lui aura sans doute pas permis de se rendre compte de l’état de déliquescence où se noie le secteur de la santé, les visites- surprises des présidents n’étant pas si inopinées que ça. Celles-là ont en tout cas fait une première victime : le directeur de l’hôpital national, limogé dans la foulée pour n’avoir réussi à gérer une structure hospitalière dont les services se sont sérieusement dégradés, du moins si l’on en croit les patients condamnés à en user. Un coup d’épée dans l’eau quand on sait combien tous les hôpitaux et centres de santé souffrent des mêmes maux, s’ils ne sont pas déjà à l’agonie : absentéisme et manque d’engagement du corps médical, faible capacité d’accueil, absence du minimum syndical même pour les soins primaires, favoritisme, népotisme et gabegie.
Il serait certes injuste de mettre tout le monde dans le même panier. Des responsables d’hôpitaux se battent avec les moyens du bord pour s’organiser et offrir des services relativement corrects aux patients. Mais c’est l’exception, alors que cela devrait être la norme. Et que dire des médicaments, cette jungle où règne le désordre total ? Ouvert aux quatre vents, notre pays en reçoit de partout. En son temps, Nedhirou avait essayé d’y mettre un peu d’ordre mais la situation a sérieusement empiré depuis son départ. Tout un chacun uniquement à tirer son épingle du jeu, comme s’il n’y avait plus que le jour après jour à vivre, c’est tout le tissu d’une société mal cousue qui s’effiloche. Et ce n’est certainement pas à coups d’ouvertures ou de fermetures-éclair qu’on en rétablira la trame…
Ahmed ould Cheikh
lecalame