A chaque fois qu'il y a des élections importantes ou que Biram Dah Abeid à travers ses prises de paroles inappropriées, évoque la possibilité d'une explosion communautaire ou qu'il prête l'intention à vouloir inciter son électorat à prendre les armes contre le pouvoir, on pense au dernier rempart à notre souveraineté qu'est notre Armée Nationale. Normal. Car il suffit d'une bavure policière comme le cas de feu Souvi Ould Cheine en février dernier, ou la mort subite du jeune Oumar Diop le mois passé pour que la rue s'enflamme. Les démons de la division sommeillent en attendant la flamme de l'apocalypse. Le mois dernier, il a fallu le déploiement des unités militaires dans la Vallée pour que les activistes comprennent que le pouvoir n'acceptera pas ce genre de chienlit. On peut ainsi conclure que la Mauritanie a toujours besoin d'une Armée forte et disciplinée afin de s'opposer au délitement du pays. Mais une Armée au service du peuple ne doit souffrir d'aucun manque de professionnalisme, d'aucune absence de rigueur, encadrée par des chefs irréprochables d'un point de vue de justice, de moralité et surtout de compétence militaire étendue.
En effet le rôle régalien de l'Armée est immuable, c'est d'abord de garantir l'intangibilité des frontières, ensuite assurer la sécurité des personnes, des biens publics ou privés et enfin veiller si possible à l'inviolabilité de la constitution promulguée le plus souvent par voie référendaire. Ainsi pour élire leur président, chef de la magistrature suprême, leurs parlementaires, leurs conseillers régionaux, ou municipaux, les mauritaniens ont opté pour la démocratie à l'occidentale. Or la démocratie n'est pas la fin de l'Histoire. En Afrique, il faudra l'améliorer après chaque scrutin, parce qu'elle n'est point adaptée à nos valeurs qui, malheureusement sont jusqu'à nos jours basées sur le tribalisme, l'ethnicisme, le népotisme, le clientélisme. A beau vouloir nous formater les esprits, le naturel revient au galop. L'exemple récent du Sénégal voisin, qu'on croyait être la locomotive de l'Afrique en matière de démocratie, (qui sera l'objet d'un futur article) illustre bien toutes ces assertions. Face à ces tares morbides, nos chefs militaires doivent porter une double casquette : le patriotisme et la rigueur face à tout danger, qu'il soit endogène ou exogène. N'oublions pas que ce sont les hommes de valeur qui laissent des traces bénéfiques dans l'exercice de leur fonction, afin que leurs descendants s'en inspirent. Sur notre continent, le plus souvent où n'importe quel imposteur peut-être président de la république, député, magistrat, professeur d'université, sénateur, ministre etc... ce qui compte réellement, c'est l'héritage qu'on aura laissé aux générations futures, pendant l'exercice de la fonction. L'historique de notre Armée dégage le comportement majestueux de certains officiers au-dessus de la mêlée, parce que le destin les a choisis pour jouer un rôle capital durant leur service militaire. Cependant beaucoup d'appelés, mais peu d'élus.. Combien de chefs d'Etat-Major avons-nous eu à la tête de notre Armée de 1960 à 2023 ? Quels sont ceux qui ont pensé à laisser pour la postérité des traces indélébiles autant que bénéfiques ?
A/ Les différentes étapes cruciales de l'Armée Nationale:
Elles se résument à mon avis à trois étapes :
1/ De 1960-1978 : A la glorieuse période post-coloniale, a succédé en décembre 1975 la subite guerre du Sahara. Ainsi la seule menace à ce moment venait du nord, face à des maquisards du Polisario aidés par la puissante ALN, Armée de libération nationale algérienne. Notre Armée n'était pas préparée au combat de grande intensité. Elle s'est forgée sous la pression, rythmée par la cadence des feux et des assauts de l'ennemi, nuits et jours. Le coup d'Etat du 10 juillet 1978 a mis fin à cette malheureuse guerre fratricide, à laquelle le pouvoir de feu Ould Daddah ne s'attendait absolument pas.
2/ De 1978-2005 : En dehors de la restructuration entamée par feu Moustapha Ould Salek en 1978, et qui a donné naissance au sous-groupement type "Farim 78", il faut attendre l'arrivée de feu Yall Abdoulaye au début des années "80" pour évoquer une rénovation. Je le disais tantôt, un chef c'est celui qui laisse des traces et non celui qui gère le quotidien seulement. La création du Secteur Autonome de Kaédi en Mars 1980, et du SNAB (Secteur autonome de Nbeika), c'est lui. Il a compris le caractère éminent et surtout l'appoint sécuritaire ou lucratif pour les populations locales, lié à l'installation d'une base militaire surtout dans la vallée, au Gorgol. Certes on a dissout la 4eme Région Militaire de Tijikja mais ce qui est important est que la base de Kaédi était une nécessité et elle le demeure de nos jours. Après Yall, Boukhreiss a inventé le CMTI, un centre de gestion de l'argent de l'Armée, dont la réalisation était destinée à maîtriser la traçabilité des soldes et alimentations de tous les militaires sous le drapeau. Franchement le but était d'assécher les circuits peu orthodoxes de détournement du denier par les petits comptables issus des unités élémentaires et enfin de rendre plus discret ce qui va dans la gabardine des grands.. par ce même canal informatique. L'inamovible adjudant-chef Didi peut nous éclairer sur ce pan, encore obscur de notre histoire militaire, avec une conférence de presse.....Pourquoi pas?
3/ 2005-2023 : On avait cru que les conflits classiques avaient pris fin. Mais les complexes militaro-industriels de par le monde, surtout après la disparition du bloc soviétique en 1989-90, n'avaient pas dit leur dernier mot. Le nouvel ordre mondial avec son gendarme que sont les USA, se manifeste au Moyen-Orient, avec la destruction de l'Irak de Saddam Hussein, la déstabilisation des Balkans et la création ainsi des conditions d'une insécurité planétaire, matérialisée par ceux que les Occidentaux appellent désormais : les terroristes islamistes. Les services de renseignement occidentaux et leurs sbires sionistes brandissent à chaque fois l'épouvantail de ce monstre déstabilisateur. Ces manipulateurs ont double gain: empêcher les adversaires traditionnels d'israël de se réorganiser, semer le chaos partout en vendant leur armement et se constituer ensuite en pompiers pour la reconstruction de ces mêmes contrées dévastées. Tout un programme satanique.
C'est ainsi que depuis les provinces caucasiennes d'Asie centrale, en passant par le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord, l'Afrique de l'Ouest etc..., le terrorisme islamiste n'épargne ni les femmes ni les enfants, à plus forte raison les hommes de sécurité. Tout cela a pour but de discréditer l'Islam auprès du reste du monde. La Mauritanie sera durement secouée au milieu des années 2000. C'est après le coup d'Etat de 2005 contre Maawiya que Aziz et Ghazwani prennent conscience de la nécessité d'apporter des changements structurels, surtout en formation et en équipements à notre Armée. Ainsi, Ghazwani en tant chef d'Etat-Major a permis à notre Armée de relever les défis face à un ennemi adepte d'une posture asymétrique au combat. Il faut reconnaître que Ghazwani a eu tout le temps nécessaire (plus de 10 ans) à porter le changement au niveau de la grande muette.
Un homme de paix et de dialogue
Après la prise du pouvoir par le même Ghazwani, le général de division Mohamed Ould Meguett bascule à l'Etat-Major National, en remplacement du général de division Brour, actuellement chef de la Garde Nationale. Mais il ne restait à Meguett que deux ans pour entreprendre et rénover. J'avoue que deux ans c'est peu même si on a la volonté de changer les choses. J'espère que le temps qu'on lui concède au parlement lui donnera l'occasion de prouver ses capacités d'homme de paix et de dialogue, comme toujours au service de sa patrie.
C'est son adjoint le général de division Moktar Ould Bollé Ould Chaabane qui l'a remplacé, au moment où le monde est confronté à un changement géopolitique qui risque de secouer la paix mondiale. C'est aussi le moment pour le CEMGA Ould Chaabane de revoir sa copie sécuritaire, d'abord endogène et exogène, en fixant un oeil vigilant sur nos frontières Est (Wagner), Sud (Flam) et Nord (Sahara), le degré de la menace étant gradué selon la configuration et les motivations profondes de l'ennemi. Les conflits Azerbaîdjan-Arménie, Russie-Ukraine ont démontré l'efficacité des drones, de surveillance (renseignement) et de destruction au combat. Le général Ould Bollé est sur un projet qui améliorera les procédures tactiques et techniques des militaires mauritaniens face aux terroristes qui écument le Sahara. Il s'agit de la création de la 8éme Région Militaire qui sera implantée au Tagant cette année. Car après la guerre du Sahara 1975-1978, les militaires ont jugé inutile de maintenir des bases à Tijikja. Mais avec la guerre asymétrique imposée par les terroristes, aucun militaire conscient ne peut laisser les hauteurs du Tagant dégarnies.
Le général Moktar Ould Bollé Chaabane, en officier compétent, en homme de terrain, a compris dès son arrivée à l'Etat-Major que les choses doivent changer qualitativement. Ce général apolitique, connaît son Armée comme la poche droite de son pantalon. L'ergonomie couplée à l'agencement des ressources humaines dont il dispose est un atout passionnel chez cet officier, auquel on attribue le surnom de fennec, un canidé qui s'adapte à l'hostilité et aux vicissitudes du désert, rusé comme un renard, selon le dicton. Car il met l'homme qu'il faut à la place qu'il faut. Le social est son leitmotiv, avec le souci de la gestion alimentaire chez les militaires du rang, leur santé qui est désormais prise en charge à 100%. Sur ce plan le CEMGA a la chance de travailler avec un général médecin, directeur de la Santé Militaire, Abdallahi Ould Boumedienne qu'on confond souvent avec le croissant rouge mauritanien, de par sa disponibilité à faire du bien, surtout pour les plus démunis. On aura constaté que dans des pays comme la Mauritanie, où le baromètre de stabilité se mesure avec l'indigence et la fourberie de certains hommes politiques, il est plus que nécessaire d'avoir des Forces Armées et de Sécurité à point, diligentées par des patriotes de bonne moralité.
Le général Moktar Ould Bollé Chaabane, en officier compétent, en homme de terrain, a compris dès son arrivée à l'Etat-Major que les choses doivent changer qualitativement. Ce général apolitique, connaît son Armée comme la poche droite de son pantalon. L'ergonomie couplée à l'agencement des ressources humaines dont il dispose est un atout passionnel chez cet officier, auquel on attribue le surnom de fennec, un canidé qui s'adapte à l'hostilité et aux vicissitudes du désert, rusé comme un renard, selon le dicton. Car il met l'homme qu'il faut à la place qu'il faut. Le social est son leitmotiv, avec le souci de la gestion alimentaire chez les militaires du rang, leur santé qui est désormais prise en charge à 100%. Sur ce plan le CEMGA a la chance de travailler avec un général médecin, directeur de la Santé Militaire, Abdallahi Ould Boumedienne qu'on confond souvent avec le croissant rouge mauritanien, de par sa disponibilité à faire du bien, surtout pour les plus démunis. On aura constaté que dans des pays comme la Mauritanie, où le baromètre de stabilité se mesure avec l'indigence et la fourberie de certains hommes politiques, il est plus que nécessaire d'avoir des Forces Armées et de Sécurité à point, diligentées par des patriotes de bonne moralité.
L'ennui est que le général Ould Chaabane n'a que deux ans pour exécuter les douze travaux d'Hercule, comme son prédécesseur, probablement comme son éventuel successeur. A moins ...d'un miracle comme disait Lawrence d'Arabie à propos de la monarchie des Al Saoud au début du 20ème siècle. Et le miracle fut....
ELY OULD KROMBELE, FRANCE