Le président américain Donald Trump a annoncé vendredi qu'il souhaitait mettre fin aux exemptions accordées à Hong Kong dans le cadre de sa relation spéciale avec les Etats-Unis désormais remise en cause.
La Chine "n'a pas tenu sa parole donnée au monde d'assurer l'autonomie de Hong Kong", a lancé M. Trump depuis les jardins de la Maison Blanche, lors d'une déclaration au ton ferme mais limitée en détails.
"C'est une tragédie pour le peuple de Hong Kong, pour la Chine, et pour le monde entier", a-t-il martelé.
Cette déclaration intervient dans un climat explosif: le milliardaire républicain a haussé le ton ces dernières semaines en accusant Pékin d'être responsable de la propagation du nouveau coronavirus à travers la planète, et a promis des représailles.
Les Etats-Unis dénoncent depuis plusieurs jours la loi controversée sur la sécurité nationale que Pékin veut imposer à Hong Kong. Ils estiment qu'il s'agit d'une manière déguisée de museler l'opposition hongkongaise et de rogner les libertés, ce que dément fermement la Chine.
"Je demande à mon gouvernement de lancer le processus d'élimination des exemptions qui accordent à Hong Kong un statut spécial", a lancé M. Trump.
"Cette décision aura un impact sur l'ensemble des accords que nous avons avec Hong Kong", a-t-il ajouté, évoquant en particulier le traité d'extradition et certains privilèges commerciaux, avec cependant quelques exceptions.
La rétrocession de Hong Kong s'est faite au nom du principe "Un pays, deux systèmes" qui a permis au territoire de conserver des libertés inconnues en Chine continentale, en particulier une économie libre, une justice indépendante, la liberté d'expression et un Parlement partiellement élu au suffrage universel.
Ces dérogations ont amené nombre de pays, comme les Etats-Unis, à voter des lois les autorisant à traiter Hong Kong comme une entité commerciale distincte du régime autoritaire chinois.
- Etudiants chinois visés -
Affichant sa volonté de mieux sécuriser la recherche universitaire "vitale pour le pays", M. Trump a signé un décret suspendant l'entrée de "certains ressortissants" chinois, des étudiants, identifiés comme "potentiels risques" à la sécurité nationale des Etats-Unis.
"Depuis des années, le gouvernement chinois se livre à l'espionnage pour voler nos secrets industriels", a-t-il dénoncé.
D'après l'Institut de l'éducation internationale (IIE), les Chinois sont les étudiants étrangers les plus nombreux aux Etats-Unis, avec près de 370.000 d'entre eux en 2018-2019, soit un tiers du total.
Les démocrates ont vu dans cette fermeté soudaine un moyen de masquer l'échec du président face à l'épidémie de coronavirus, qui a tué plus de 100.000 personnes dans le pays.
"Tout simplement navrant", a estimé leur chef de file au Sénat, Chuck Schumer. "Le président veut détourner l'attention accordée à ses manquements vers la Chine, donc il fait ce qu'il faut pour de mauvaises raisons", a estimé Eliot Engel, de la commission des Affaires étrangères à la Chambre.
A Hong Kong, le gouvernement local a laissé entendre qu'il y aurait une réaction. "Les sanctions ne sont pas toujours unilatérales et notre pays [la Chine] a dit que nous mettrions en oeuvre des contre-mesures", a indiqué samedi son chef de la sécurité intérieure, John Lee.
L'ambassadeur britannique en exercice auprès de l'ONU, Jonathan Allen, a estimé que si la loi voulue par la Chine était appliquée, elle exacerberait "les divisions profondes" dans la société à Hong Kong.
Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie mènent la fronde internationale contre le projet, lequel prévoit de punir les activités séparatistes et "terroristes", la subversion, ou encore l'ingérence étrangère dans le territoire autonome chinois.
Ce texte de loi doit empêcher la répétition des manifestations monstres à Hong Kong en 2019 contre l'influence de Pékin, au départ pacifiques mais également marquées par des violences et du vandalisme. Elles ont renforcé un courant pro-indépendance jadis marginal.
La Chine, qui avait bloqué mercredi une demande américaine de réunion formelle du Conseil de sécurité sur Hong Kong, a jugé à l'issue de la visioconférence vendredi que la démarche occidentale était vaine. "Toute tentative d'utiliser Hong Kong pour interférer dans les affaires internes de la Chine est vouée à l'échec", a insisté l'ambassadeur chinois à l'ONU Zhang Jun.