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Trois questions à Mohamed El Moctar Mohamedou El Hareth, ancien SG du Syndicat national des promoteurs de l’enseignement privé : ‘’La loi d’orientation apporte plus de complications pour l’école que de facilités aux familles’’

Jeudi 20 Juillet 2023 - 14:35

Le Calame : Les résultats du baccalauréat viennent de tomber et le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne sont guère reluisants, avec 8, 3% de lauréats au terme de la 1èresession. Qu’en pensez-vous ?
 

Mohamed El Moctar Mohamedou : Je crois qu’il vaudrait mieux attendre les résultats de la seconde session pour commenter le taux final de reçus. Mais il faut tout de même reconnaître que 8,3% au terme de la première, c’est très faible.  Avec 12,3 % d’admis à passer la seconde session, on devrait donc s’attendre à un résultat total de 11 à 12% sur le plan national, quasiment comme l’année dernière. Probablement très de peu de différence, au final.

 

Quelles sont, selon vous, les raisons de la dégringolade du niveau ?
 

- Des lacunes accumulées depuis des années. Les programmes sont effleurés et achevés à la hâte, les professeurs mettent surtout l’accent sur les classes terminales, alors que la majorité de nos apprenants les ont atteints sans avoir assimilé les programmes des classes précédentes. Les passages en classe supérieure se font dans la complaisance, sans le niveau requis pour disposer d’une base solide et achever en conséquence leur cursus avec succès. Bref, entrée en Terminale sans niveau requis, mauvais résultats au final. Comparez-les à ceux de nos pays voisins : nous sommes très en retard. Au Sénégal, le taux de reçus après la première session est de 22% et celui des admis à passer la seconde, 33% ; au terme des deux sessions, le taux pointe à 32% au Mali, 51,15% en Algérie et 74% au Maroc, sans parler de celui de la France qui dépasse les 90%. Nous sommes très loin derrière.

 

Pensez-vous que la nouvelle réforme adoptée il y a quelques mois pourrait améliorer les choses ?
 

- De quelle réforme parlez-vous ? Celle de 1999 ou de la loi d’orientation ? Permettez-moi de rappeler que nous sommes toujours sous le régime de la réforme de 1999, alors que la loi d’orientation n’en est qu’à sa seconde année. L’école dite « républicaine » a consisté à retirer les premières années du Fondamental des écoles privées, avec cet objectif de retirer à celles-ci tout l’enseignement du Fondamental au bout de six ans. Il s’y ajoute la réduction du cycle « Collège » à trois ans au lieu de quatre. Cela va-t-il contribuer à élever le niveau ? Je ne le crois pas.  Comme vous l’aurez également constaté, cette loi apporte plus de complications pour l’école que de facilités aux familles : les classes sont pléthoriques et le taux d’admission très bas.
 

Face à cette situation, bon nombre de parents d’élèves nantis ont décidé d’inscrire leurs enfants à l’étranger (Sénégal, Maroc, Tunisie...), tandis que les pauvres qui pouvaient inscrire leurs enfants dans les écoles privées des quartiers périphériques – PK, El Mina, Arafat, etc. – se sont vus contraints de garder leur progéniture à la maison : il n’y a plus d’école privée à côté de chez eux, les moyens de se déplacer vers une hypothétique école publique  dans le quartier sont chers et il existe, de surcroît, un réel problème de sécurité pour les enfants. Telles sont les seules nouveautés de l’école républicaine enfantée par la loi d’orientation.

 

Propos recueillis par Dalay Lam

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