La relance en 2018 du tourisme organisé dans l’Adrar mauritanien, a été accueillie avec satisfaction, tant ce créneau est générateur de revenus et donc réducteur de la pauvreté.
Seulement en Mauritanie, le secteur en charge de promouvoir le tourisme, semble manquer un organe dans son corps structurel, le rendant inapte à tirer le profit qui se doit de ce « phénomène économique et social à la croissance la plus rapide du monde ».
Ainsi, depuis deux mois, sur l’aéroport international d’Atar, les touristes Européens débarquent comme dans un territoire conquis.
A leur réception, quelques domestiques, pour cuisiner, transporter les bagages, conduire les véhicules et égayer l’ambiance des bivouacs nocturnes.
Les structures officielles de tourisme mauritaniennes sont absentes sur le terrain.
Le ministère de tutelle, n’a de tourisme que la plaque affichée sur sa porte d’entrée.
L’office national du Tourisme (ONT) est une annexe d’hibernation à fonctionnaires qui ne se réveillent en sursaut, que lors qu’est annoncé un forum international sur le tourisme, quelque part dans le monde. Le temps de collecter quelques frais de mission puis re-coussin.
La fédération nationale du tourisme est un autre cadavre bureaucratique, en attente d’enterrement, dans le cimetière du patronat mauritanien.
A telle enseigne que l’état mauritanien, encore moins les citoyens, ne savent quel type de tourisme est organisé chez eux : rural, d’aventures, montagnard, culturel, de santé, religieux, de loisirs, d’affaires, scientifique???? Tout y passe.
Notre système de tourisme est conçu et préparé hors Mauritanie et tout le profit, sinon dans sa grande majorité, revient au business Français et Européen.
Si, seulement les Tours Opérateurs qui engrangent en moyenne pas moins de 500 Euros de bénéfice frais par tête de touriste (cout d’une excursion d’une semaine en Mauritanie = 1000 Euros dont 50% destinés à couvrir tous les frais en RIM), étaient détenus par des hommes d’affaires mauritaniens, ou tout au moins en partenariat avec eux ?
Si, seulement l’avion qui relie Paris à Atar à raison de 480 Euros par touriste et qui est subventionné à hauteur de 276 Millions d’Ouguiyas par l’état mauritanien, appartenait à la société « Mauritanie Airways » ?
Si, seulement, les 400-500 Euros destinés à couvrir les frais de séjour du touriste en Mauritanie , étaient équitablement répartis pour compenser la panse vide du chameau porte bagages , pourtant sobre ; Les frais de scolarité d’un fils ou fille du guide qui abandonne sa famille pendant quinze jours par mois ; Un cuisinier qui ne mange à sa faim, convenablement, que de miettes restées après les repas des hôtes ?
Si , seulement, les structures d’hébergement construites au prix de mille efforts par de pauvres mauritaniens (auberges, hôtels, campings etc..), recevaient de façon programmée et voulue par les réceptifs locaux ou leurs chefs en France, des visites régulières, au lieu de les contourner et passer 6 sur 7 nuits en plein air ?
Si, seulement la taxe de 200 UM par tête de touriste par nuit passée en Mauritanie, imposée par le décret du premier ministre Numéro 200-03 , était versée régulièrement au trésor publics ?
Si, seulement, la foire d’exposition des produits artisanaux, les musées locaux et les cybers café de la ville récoltaient quelques bribes argent de poche des touristes de passage……. Cela pouvait se comprendre.
Par contre, sait-on qu’une simple photo de scarabée traçant sur le sable, un acacia étranglé par une dune, un regard naturel d’une femme de campement, est vendue par les tourismes aux grandes firmes internationales du film ou de photographie contre des milliers d’Euros ?
Sait on que les photos ou vidéos d’enfants mauritaniens en haillons, courant pieds nus sur les regs , un vieux bédouin entrain de traire une chamelle , un canyon verdoyant de palmiers etc..servent à illustrer les manuels scolaires et les magazines à grand tirage des pays Européens ?
Que le profit soit réciproque.
Au tout début du lancement du tourisme organisé dans notre pays , la société nationale industrielle et minière (SNIM) a créé une filiale (SOAMASERT) qu’elle a équipée de structures et budgets qui n’avaient rien à envier aux Tours Opérateurs mondiaux.
Elle jouait le rôle d’interface avec les partenaires en tourismes étrangers, de régulateur sur le terrain des activités de ce secteur, de répartiteur de ses revenus, d’exécuteur des orientations nationales en matière juridiques et commerciales et d’œil vigilant de l’état et du citoyen mauritaniens sur ce secteur.
Cette structure semble avoir fait défaut depuis son éloignement de ce secteur ou sa dissolution.
Certes, le tourisme est aujourd’hui, l’un des vecteurs majeurs du commerce international et de la prospérité. C’est un moteur de développement qui permet de réduire la pauvreté ou tout au moins alléger ses souffrances.
La France et la Mauritanie gagneraient à le renforcer sur la base du principe « donnant-donnant » dans l’intérêt réciproque de leurs deux peuples .
Ely Salem Khayar
source adrar-info.net