Au cours d’un point de presse organisé, hier mardi 16 mai au siège de l’AJD/MR, à la cité plage, les responsables de coalition CVE-CVE/VR ont qualifié de « mascarade », les résultats que la commission électorale nationale indépendante est en train de livrer aux mauritaniens, depuis le 13 mai 2023.
Sans illusions
Ouvrant cette rencontre avec la presse, Dr. Dia Alassane, président de CVE/VR, a annoncé la couleur en affirmant qu’avec les élections qui se sont déroulées et les résultats qui sont diffusés, la Mauritanie est retournée loin en arrière ; même Ould Taya n’avait pas fait pire. Il a dit, sans grand optimisme que la Coalition pourrait décrocher d’autres sièges lors du 2e tour, dans certaines circonscriptions de l’intérieur du pays. D’autres responsables de la coalition dont certains étaient sur le terrain ont listé les manquements observés : mauvaise préparation, mauvaise intension de bien faire, une CENI aux bottes du pouvoir, refus de remettre des PV, retard dans l’ouverture de certains bureaux….
Répondant à la question d’un journaliste sur ce que les partis politiques de l’opposition, victimes de cette « mascarade », entendent faire dans l’avenir proche, le président de l’AJD, Ibrahima Moctar Sarr, déclare qu’on ne devrait pas s’attendre à des élections transparentes de la part du « système » en place et de la CENI qu’il s’est choisie. “Nous ne nous faisons pas d’illusion. Les dés étaient pipés depuis le départ”, dit-il. Poursuivant son argumentaire, il ajoute que l’opposition porte une lourde responsabilité dans ce qui est arrivé. “Et pour cause, certains partis de l’opposition ont contribué à l’échec du processus de dialogue d’été dernier, ils se sont rués dans les brancards du ministère de l’intérieur quand celui-ci les a convoqués pour des concertations en vue de préparer les élections locales ; AJD est le seul parti à avoir refusé de cautionner ce qui a conduit à la mascarade que nous dénonçons aujourd’hui. Tant que l’opposition n’accepte pas de se parler franchement et convenir d’un pacte de l’opposition, elle n’aura que ses yeux pour pleurer, certains partis de l’opposition ne jouent pas franc jeu, ils ont des agendas cachés, nous n’avons pas tous les mêmes préoccupations, nous refusons d’être embarqués dans leurs schémas”, selon lui. Par rapport à l’avenir de la coalition, l’ancien bagnard de Oualata rappelle que son parti est en coalition avec la CVE/VR et qu’elle y reste, et que les portes sont grandes ouvertes à d’autres sensibilités. Il regrette que les coalitions soient toujours électoralistes.
Biram des victimes du système
Venu, dit-il, pour exprimer sa solidarité avec les partis politiques opposés à un système connu pour ses pratiques de racisme, de corruption et de gabegie, de liquidation de ceux qui n’acceptent pas son dictat, Biram Dah Abeid a justifié la mascarade électorale par la volonté du « système d’éradiquer toutes les forces qui lui sont hostiles ». Pour le président d’IRA, “après le génocide de 1989, le génocide biométrique de 2012, le régime récidive par un génocide politique en procédant à l’élimination systématique de certains partis politiques. Non seulement on refuse de reconnaître leurs partis, notamment le RAG et les FPC, on leur refuse l’accès à l’Assemblée nationale. On ne peut pas organiser des élections sérieuses et transparentes aujourd’hui en Mauritanie sans voir Samba Thiam élu, c’est impossible”, a-t-il dit. Répondant à une question sur la signification de son geste et les perspectives d’avenir, BDA affirme : ces personnalités sont mes alliés naturels, nous partageons le même combat, lutte contre les injustices et la marginalisation que nous oppose le système en place, il est donc normal que je vienne les soutenir en pareilles circonstances. Le président de IRA a expliqué qu’il avait “refusé de participer au dialogue ayant avorté en été dernier pour ne pas servir de faire valoir ; le président Messaoud Boulkheir l’avait boudé et le président Boydiel exclu pour avoir émis des réserves. J’avais compris que le pouvoir n’était pas dans de bonnes dispositions, d’ailleurs, ce sont les ministres de la République qui ont torpillé le processus”, a-t-t-il avoué.
Pour les mêmes raisons, embraye Biram, nous avons refusé de participer aux concertations avec le ministre de l’intérieur pour préparer les élections, parce que nous ne voulions pas cautionner la mascarade d’aujourd’hui. Comment avec une CENI devenue un service du ministère de l’intérieur on puisse organiser des élections transparentes, s’est demandé BDA ? L’homme a mis en garde le pouvoir contre le refus d’accepter la voix pacifique des urnes en vue d’une alternance pacifique. “Si vous refusez au peuple la voie pacifique, vous lui imposez d’autres voies de recours, c’est à dire, la rue”, a conclu BDA.
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