Les Mauritaniens attendent un remaniement de l’équipe gouvernementale. Ce n’est pas d’aujourd’hui. Leur Président ne déplorait-il pas, lors d’une réunion restreinte, il y a quelques semaines, avec les ministres de l’Équipement et des Transports, de l’Habitat et de l’urbanisme et le délégué national de Taazour, des retards dans l’exécution de ses projets électoraux ?Et de donner, dans la foulée, un tour de vis dans sa croisade contre la corruption, en rattachant à la présidence de la République l’Inspection Générale d’Etat (IGE) qu’il pourvoyait en personnel et moyens accrus. Quelques mois plus tôt, d’intenses rumeurs laissaient entendre qu’il avait même quitté un conseil des ministres sans en lever la séance.
Autant de signes d’un malaise au sommet. Visiblement, le président de la République n’est pas satisfait de l’action de son équipe gouvernementale à la tête de laquelle trône un Premier ministre qualifié de « transparent » par les analystes. Relativement peu présent sur le terrain, Ould Bilal se ferait même doubler par son ministre de l’Intérieur, une sorte de« Premier ministre-bis », selon certains. Mais les problèmes du Président ne s’arrêtent pas là. Ghazwani continue à recycler/conserver des hommes qui ont marqué le régime de son prédécesseur… avec quasiment les mêmes pratiques de gouvernance. Ce qui s‘est passé récemment, au port de la Baie du repos (Nouadhibou), où des millions ont été accordés à tour de bras via des marchés de gré à gré, est venu démontrer combien certaines pratiques ont la vie dure et que la tâche du président Ghazwani est loin d’être aisée.
Mais on ne garde pas une équipe qui ne gagne pas. Qu’attend-il donc pour en faire le ménage ? Une question d’autant plus préoccupante pour le pouvoir que la gêne s’augmente d’une autre épine dans le pied : le fameux « Dossier de la Décennie ». Ghazwaniy chercherait-il une solution à la guinéenne ? L’ex-président de la République en résidence médicale surveillée à son domicile pourrait en effet aller se faire soigner à l’étranger, si son état l’exige… mais avec quelles garanties sur les fonds qu’il est suspecté avoir détournés ? Bref, les salons de Nouakchott, les bureaux de l’administration et les transports grouillent de rumeurs. Les attentes des Mauritaniens sont énormes… mais le président Ghazwani y semble quasiment sourd.
Ne pas céder à la pression, laisser passer le vent : telle semble la position du marabout-président. Pour certains observateurs, l’homme attendrait la fin de la session parlementaire et l’adoption du budget annuel. Déroutant, Ghazwani a en tout cas choisi de faire durer le suspense. Jusqu’à quand ? Une chose est cependant sûre : le Président achève la première moitié de son mandat. Le moins qu’on puisse dire est que ses promesses et l’espoir qu’avait suscité son élection tardent à porter des fruits. La majorité des Mauritaniens sont lourdement affectés par la hausse continue des prix des denrées de première nécessité et les mesures prises par le gouvernement pour les soulager n’y font rien ou presque. Il faut donc changer de stratégie, voire d’hommes.
Dalay Lam lecalame