Le mécanisme de financement mondial de la santé (GFF), à travers sa plateforme en Mauritanie, a organisé une rencontre qui a regroupé plusieurs parties prenantes (prestataires de services de santé et organisations de la société civile). Cette réunion qui s’est étalée sur deux jours, les 14 et 15 novembre 2022 dans le quartier Basra à Nouakchott, a été marquée par une présentation générale de la plateforme GFF Mauritanie, suivie d’une communication sur la redevabilité et la carte communautaire de performances (CCP). La fin de l’atelier a été marquée par des travaux de groupe qui ont débouché sur une ébauche de plan d’action.
GFF Mauritanie
Selon Aliou Diop, vice-président de GFF Mauritanie, « la plateforme GFF Mauritanie a été créé en 2019. Elle a pour objectif d’accélérer la lutte contre la mortalité maternelle, infantile et adolescent, à travers l’amélioration des prestations offertes par les services de santé et l’amélioration de la qualité de vie des femmes ».
Dans une communication présentée à l’occasion, il a donné un aperçu général de cette structure. Il a indiqué qu’il s’agit d’un mécanisme de financement de la santé qui est basée sur une approche intégrée du système de santé. La plateforme GFF Mauritanie est pilotée par une plateforme nationale constituée des principaux acteurs (gouvernement, partenaires techniques et financiers, société civile) avec une composante Jeune.
Cette plateforme s’est constituée en plusieurs étapes, d’après lui. La première étape fut le ciblage par la Banque Mondiale d’un certain nombre d’acteurs clés de la société civile, notamment la coalition ENEN (ENsemble Espaçons nos Naissances), AMSME (Association Mauritanienne pour la Santé de la Mère et de l’Enfant), AGD (Association des Gestionnaires de Développement), Stop Sida, MauriSanté et AMPF (Association Mauritanienne pour la Promotion de la Famille), avec un Secrétariat permanent.
La deuxième étape, c’est celle du renforcement de capacités des acteurs lors d’un atelier à Dakar qui a bénéficié à ACF (Action Contre la Faim), AGD, AMSME, VacNet (domaine de la vaccination) et MauriSanté. Cette session a abouti au Consensus de Dakar et la mise en place d’une coalition inclusive dans une démarche transparente. Le leadership de cette coalition mauritanienne du GFF a été confiée à AMSME.
La troisième étape a été consacrée à l’adoption et à la validation des textes constitutifs de la coalition, suivie d’une large campagne de communication et le lancement de candidatures pour l’accès aux financements du GFF. La journée de validation des textes a été suivie par la mise en place des instances du GFF Mauritanie avec l’appui d’ACF. Une charte d’engagement définit le fonctionnement de la coalition.
La mise en place des instances s’est fait au niveau central et régional. Elle s’est soldée par l’élection de points focaux dans chaque région, suivie de l’élection de la Coordination nationale représentée par un Bureau et la mise en place de commissions thématiques.
Le Bureau exécutif de la coalition GFF Mauritanie est constitué de 5 membres, président, vice-président, secrétaire général, chargé de communication et représentant des jeunes. Il se réunit chaque mois.
Les commissions thématiques comprennent la redevabilité, la nutrition, le suivi-évaluation, le plaidoyer et la mobilisation des ressources. Elles se réunissent tous les trois mois.
Un plan d’action autour de 7 axes
La mise en place du plan d’action de la coalition autour de 7 axes prioritaires a bénéficié de l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA).
Après la cartographie des acteurs de la société civile actifs dans le domaine de la santé, une journée information-éducation-communication (IEC) a été organisée ainsi qu’un dialogue national entre la coalition et les autres acteurs, notamment les pouvoirs publics, les partenaires techniques financiers (PTFs) et le secteur privé. Le consensus s’est fait sur le principe qu’il faut accorder la priorité là où il y a des problèmes, là où les femmes et les enfants meurent le plus, là où la santé des jeunes est moins prise en compte, etc.
Il a été question par la suite d’un programme de renforcement des capacités des acteurs de la coalition et l’établissement d’un partenariat avec les médias pour des activités d’information et de sensibilisation sur la stratégie mondiale de la santé reproductive et la nutrition.
Il s’est agi aussi de renforcer le plaidoyer à l’occasion des grands évènements nationaux et internationaux en relation avec la santé de la mère, de l’enfant et de l’adolescent, en plus de la nutrition.
Acquis du GFF Mauritanie
Abordant le bilan réalisé par la coalition, Aliou Diop a cité la prise de contact avec les parties prenantes, la participation aux activités de planification du Ministère de la Santé, l’élaboration d’un plan de travail pour la période 2020-2025, la participation dans la gestion de la pandémie Covid-19 avec l’appui de l’UNFPA pour affiner le plan d’intervention de la société civile.
Parmi également, le bilan réalisé, la mobilisation des ressources initiales par la mise en place d’un secrétariat permanent et la réalisation d’activités préliminaires du plan d’action.
En termes de perspectives, Aliou Diop a évoqué le renforcement de la communication et de la coordination avec le gouvernement, la mobilisation des ressources, la mise en place d’un dispositif de renforcement de capacités des membres de la coalition ainsi que celle d’un dispositif de suivi des engagements Pays sur la santé reproductive et la nutrition (SR/N), le plaidoyer et le renforcement de la coordination avec le niveau régional et local.
« Il y a beaucoup d’argent dans le dossier d’investissement de la Mauritanie pour le GFF, la bagatelle de 13, 6 Milliards MRU » a indiqué Aliou Diop, qui a cité quelques zones prioritaires devant bénéficier de cette manne, notamment les deux Hodhs, l’Assaba, le Guidimagha…
Enfin, il dira qu’il y a encore des difficultés à surmonter, en particularité le faible engagement de la société civile ainsi que sa faible structuration, même si son rôle est reconnu comme pertinent par le gouvernement et les partenaires au développement.Il a évoqué aussi la quasi inexistence de l’engagement des jeunes. « Le gouvernement et la société civile ont la responsabilité de coordonner un meilleur partenariat pour la mise en place du dossier d’investissement de façon coordonnée » a-t-il conclu.
La Carte Communautaire de Performances (CCP)
La communication sur la CCP a été présentée par Amadou Bousso, membre de GFF Mauritanie pour le compte d’Action Contre la Faim (ACF). Selon lui, la CCP est un outil de redevabilité au niveau des prestataires de services dans les structures de santé. Elle joue un rôle de plaidoyer vers les décideurs (Ministère de la Santé et PTFs). Amadou Bousso insiste qu’il s’agit avant tout d’un « plaidoyer positif pour la qualité des services et l’efficacité de la redevabilité par rapport à l’offre de services de santé ». Son but est d’influencer la prise des bonnes décisions. Sa principale stratégie repose sur l’utilisation du dialogue dans un forum participatif qui réunit les prestataires et les utilisateurs.
Parmi les principales caractéristiques de la CCP, selon Amadou Bousso, son aspect participatif et son utilisation au niveau local avec comme unité d’analyse, la communauté. La CCP permet aussi, d’après lui, de générer de l’information à travers des interventions au sein des groupes cibles, ainsi qu’une participation maximale de la communauté locale.
Les prestataires et la communauté peuvent ainsi consensuellement, relever un problème au niveau d’une structure de santé (signaler par exemple l’absence de toilettes). La CCP permet de fournir un feed-back immédiat aux prestataires de service en mettant l’accent sur une réponse immédiate et une prise de décision conjointe. Elle permet surtout de créer un dialogue mutuel entre les utilisateurs et les prestataires de service de santé, avec un suivi conjoint du processus de règlement d’un problème posé.
Amadou Bousso a souligné qu’il ne s’agit pas « d’accuser ou de rejeter la responsabilité d’un problème sur quelqu’un, ni de servir de règlement de compte ou de créer des conflits ».
La CCP peut être utilisée, selon Amadou Bousso, par les institutions gouvernementales et les organisations de la société civile, ainsi que les structures communautaires.
Les principales phases de la CCP sont, selon Amadou Bousso, la planification et la préparation, la réalisation de la CCP avec les prestataires, la réunion d’interface et la réalisation d’un plan d’action et du suivi-évaluation.
Les participants ont ensuite appris à remplir le formulaire de priorisation des problèmes à poser, avant de se scinder en groupes de travail. A la fin de l’atelier, un plan d’action a été ébauché.
Avaient contribué à la facilitation, Baba Cheikh, Chargé de la mobilisation des ressources et Hawa Bâ, représentant les jeunes, tous deux membres de la coalition GFF Mauritanie.
Cheikh Aïdara
TEMOIGNAGE
Bâ Fatimata Mamoudou, membre du Club des Jeunes Ambassadeurs SR/PF
« La rencontre était très intéressante, surtout l’environnement dans lequel elle s’est déroulée. J’ai beaucoup appris car j’étais entourée de grandes personnes expérimentées qui m’ont permis d’emmagasiner beaucoup d’idées. Nous avons reçu un apprentissage, par rapport notamment à la CCP, qui va nous servir à l’avenir, en particulier dans l’élaboration de nos plans d’action avec les prestataires et les communautés. Cela m’a permis surtout de faire de nouvelles rencontres. »
aidara.mondoblog.org