L'ONU a de nouveau accusé mardi les autorités congolaises de fortes responsabilités dans les violences au Kasaï, dénonçant mutilations d'enfants, viols et femmes enceintes éventrées. Des violences qui, selon l’Église catholique, ont fait plus de 3.000 morts en huit mois.
"Je suis consterné par la création et l'armement d'une milice, Bana Mura, qui soutiendrait les autorités dans la lutte" contre la rébellion Kamwina Nsapu a déclaré mardi à Genève le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein. Cette milice "a mené des attaques horribles contre des civils des groupes ethniques luba et lulua"
"Mon équipe a vu des enfants aussi jeunes que deux ans dont les membres avaient été amputés. De nombreux bébés avaient des blessures de machette et de graves brûlures (...) Au moins deux femmes enceintes ont été éventrées et leurs fœtus mutilés", a-t-il expliqué.
"De graves violations des droits de l'homme par des membres des forces de sécurité - dont des exécutions sommaires et des viols - ont été rapportées lors de plusieurs opérations contre des villages soi-disant contrôlés par Kamwina Nsapu", a ajouté M. Zeid.
D'après l'ONU, de nombreuses victimes et des témoins ont déclaré que la milice Bana Mura "était organisée et armée par les autorités locales".
La Nonciature apostolique en RDC évoque dans une note technique le chiffre de 3.383 "décès signalés" depuis octobre dans le Kasaï. L'ONU avançait jusqu'à présent un bilan estimé à "plus de 400 morts".
Le document de l’Église, daté du 19 juin, présente un "résumé des dommages soufferts par les institutions ecclésiastiques" dont plusieurs dizaines de paroisses, écoles, centres de santé et maisons religieuses endommagés ou fermés.
Selon l’Église, 20 villages ont été "complètements détruits" dont "10 par les FARDC (armée congolaise), 4 par les miliciens, 6 par des auteurs inconnus".
Elle mentionne aussi 30 fosses communes. L'ONU parle de 42 fosses communes.
Depuis septembre 2016, la région du Kasaï est secouée par la rébellion de Kamwina Nsapu, chef traditionnel tué en août dernier lors d'une opération militaire après s'être révolté contre le pouvoir de Kinshasa.
- "Un État néant" -
Les violences qui impliquent miliciens, soldats et policiers au Kasaï ont causé le déplacement de 1,3 million de personnes. Deux experts onusiens, missionnés par le secrétaire général de l'ONU pour enquêter sur ces violences, y ont été assassinés en mars.
M. Zeid a redemandé l'ouverture d'une enquête internationale, alors que le Conseil des droits de l'Homme devrait se prononcer jeudi ou vendredi sur un projet de résolution en ce sens, à la demande de l'Union européenne. Kinshasa y est fermement opposée.
La RDC "n'est pas disposée à accepter l'idée du déploiement sur son territoire d'une commission d'enquête internationale qui travaillerait en vase clos et parallèlement aux instances judiciaires nationales comme si elle était devenue un État néant", a déclaré mardi à Kinshasa le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, lors d'une conférence de presse.
La ministre congolaise des Droits humains, Marie-Ange Mushobekwa, a néanmoins indiqué mardi à Genève que le gouvernement "accepte d'accueillir sur son sol une équipe d'enquêteurs des Nations unies, venant en appui à la justice congolaise", accusant les Kamwina Nsapu de commettre des "véritables boucheries humaines".
Mme Mushobekwa a évoqué un bilan de "1.333 civils et 289 policiers tués à ce jour, dont 10 civils et 39 policiers tués par décapitation par le groupe terroriste Kamwina Nsapu".
"Les victimes ont également signalé que des membres des unités locales de l'armée et de la police congolaises, ainsi que des chefs traditionnels, étaient présent lors des attaques des Bana Mura, et ont déclaré que des agents de l’État étaient impliqués dans l'armement et la direction de la milice", a affirmé le Haut commissaire.
Depuis des mois, l'ONU accuse les Kamwina Nsapu d'enrôler des enfants-soldats et d'avoir commis des atrocités, tout en dénonçant l'usage disproportionné de la force par l'armée congolaise.
(©AFP / 20 juin 2017 18h04)
"Je suis consterné par la création et l'armement d'une milice, Bana Mura, qui soutiendrait les autorités dans la lutte" contre la rébellion Kamwina Nsapu a déclaré mardi à Genève le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein. Cette milice "a mené des attaques horribles contre des civils des groupes ethniques luba et lulua"
"Mon équipe a vu des enfants aussi jeunes que deux ans dont les membres avaient été amputés. De nombreux bébés avaient des blessures de machette et de graves brûlures (...) Au moins deux femmes enceintes ont été éventrées et leurs fœtus mutilés", a-t-il expliqué.
"De graves violations des droits de l'homme par des membres des forces de sécurité - dont des exécutions sommaires et des viols - ont été rapportées lors de plusieurs opérations contre des villages soi-disant contrôlés par Kamwina Nsapu", a ajouté M. Zeid.
D'après l'ONU, de nombreuses victimes et des témoins ont déclaré que la milice Bana Mura "était organisée et armée par les autorités locales".
La Nonciature apostolique en RDC évoque dans une note technique le chiffre de 3.383 "décès signalés" depuis octobre dans le Kasaï. L'ONU avançait jusqu'à présent un bilan estimé à "plus de 400 morts".
Le document de l’Église, daté du 19 juin, présente un "résumé des dommages soufferts par les institutions ecclésiastiques" dont plusieurs dizaines de paroisses, écoles, centres de santé et maisons religieuses endommagés ou fermés.
Selon l’Église, 20 villages ont été "complètements détruits" dont "10 par les FARDC (armée congolaise), 4 par les miliciens, 6 par des auteurs inconnus".
Elle mentionne aussi 30 fosses communes. L'ONU parle de 42 fosses communes.
Depuis septembre 2016, la région du Kasaï est secouée par la rébellion de Kamwina Nsapu, chef traditionnel tué en août dernier lors d'une opération militaire après s'être révolté contre le pouvoir de Kinshasa.
- "Un État néant" -
Les violences qui impliquent miliciens, soldats et policiers au Kasaï ont causé le déplacement de 1,3 million de personnes. Deux experts onusiens, missionnés par le secrétaire général de l'ONU pour enquêter sur ces violences, y ont été assassinés en mars.
M. Zeid a redemandé l'ouverture d'une enquête internationale, alors que le Conseil des droits de l'Homme devrait se prononcer jeudi ou vendredi sur un projet de résolution en ce sens, à la demande de l'Union européenne. Kinshasa y est fermement opposée.
La RDC "n'est pas disposée à accepter l'idée du déploiement sur son territoire d'une commission d'enquête internationale qui travaillerait en vase clos et parallèlement aux instances judiciaires nationales comme si elle était devenue un État néant", a déclaré mardi à Kinshasa le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, lors d'une conférence de presse.
La ministre congolaise des Droits humains, Marie-Ange Mushobekwa, a néanmoins indiqué mardi à Genève que le gouvernement "accepte d'accueillir sur son sol une équipe d'enquêteurs des Nations unies, venant en appui à la justice congolaise", accusant les Kamwina Nsapu de commettre des "véritables boucheries humaines".
Mme Mushobekwa a évoqué un bilan de "1.333 civils et 289 policiers tués à ce jour, dont 10 civils et 39 policiers tués par décapitation par le groupe terroriste Kamwina Nsapu".
"Les victimes ont également signalé que des membres des unités locales de l'armée et de la police congolaises, ainsi que des chefs traditionnels, étaient présent lors des attaques des Bana Mura, et ont déclaré que des agents de l’État étaient impliqués dans l'armement et la direction de la milice", a affirmé le Haut commissaire.
Depuis des mois, l'ONU accuse les Kamwina Nsapu d'enrôler des enfants-soldats et d'avoir commis des atrocités, tout en dénonçant l'usage disproportionné de la force par l'armée congolaise.
(©AFP / 20 juin 2017 18h04)