La dernière humiliation subie par la présidente de l’AS Police, la commissaire Hindou Mohamed Laghdaf, objet d’insultes et d’irrespect notoires de la part du président de la Fédération mauritanienne de football (FFRIM), prouve à tel point les clubs de football en Mauritanie sont soumis à une véritable dictature. Et tout cela pourquoi ? Parce que la présidente de l’AS Police avait tout simplement réclamé légitimement, lors d’une AG du Bureau exécutif convoquée d’urgence (on ne sait pourquoi), l’examen plus minutieux d’une batterie de textes répressifs à l’encontre des clubs, des dirigeants et des joueurs. Aucune urgence pourtant, contrairement aux allégations du président de la FFRIM, n’imposait au bureau exécutif de voter ici et maintenant cet arsenal d’articles constitués d’une avalanche de sanctions à l’encontre d’acteurs dont l’avis n’a nullement été sollicité.
Malheureusement, le front du refus contre les agissements du président de la FFRIM, se réduit à quelques voix solitaires qui assistent à la dérive morale du football national, malgré les embellies entretenues autour des équipes nationales, objets de toutes les attentions car destinées à vendre l’image reluisante d’une fédération qui impulse des progrès. Mais la situation des clubs, qui alimentent les équipes nationales, est désespérante. Les injustices infligées à ces clubs par des structures fédérales toutes soumises ainsi que les initiatives personnelles du président de la FFRIM, agrandissent à chaque occasion le fossé entre le bureau fédéral et les acteurs de terrain.
Passons sur l’affaire du Sahraoui Cheikh El Wely, naturalisé aujourd’hui mauritanien parce que recruté par le FC Nouadhibou, l’intouchable club du président de la FFRIM, et dont le dossier dans l’affaire de la plainte initiée par la Garde en 2017, avait mis à nu l’inexistence de structures réellement indépendantes et justes au sein de la fédération. Tout le monde se rappelle du faux et d’usage du faux dans ce dossier, sa confiscation des mains de la Commission d’arbitrage, les manœuvres dilatoires menées par la suite pour dissuader la Garde de poursuivre sa plainte auprès du Tribunal arbitral Spécial (TAS).
Passons également sur l’affaire de l’ASAC Concorde, la confiscation de sa direction et les 75.000 Euros de transfert de deux de ses joueurs, détournés par le Président de la FFRIM. Affaire pourtant, où le président de la FFRIM a été condamnée deux fois par la justice mauritanienne pour rembourser les dits montants sans que la sentence soit appliquée.
Passons sur les nombreux clubs arrachés des mains de leurs dirigeants légitimes et distribués entre les proches et les potes.
Passons sur l’affaire AS Oasis, un club de D2, détrôné frauduleusement au profit de l’AS Armée pour la montée en Super D1 lors de la saison 2017-2018.
Passons ensuite sur l’affaire du match SNIM-Nouadhibou lors de la 5ème journée de la Super D1. Ayant refusé le transfert à Nouakchott de la rencontre initialement prévue à Nouadhibou, puis le refus de son report à une date ultérieure, l’AS Snim a vu tous ses droits spoliés, oubliant que le FC Nouadhibou est un club au-dessus des autres clubs et au-dessus de la règlementation en vigueur.
Les scandales au sein de la FFRIM, de ses instances, de son arbitrage et au niveau de son président sont légions et rien ne semble les arrêter, tant les complicités sont massives, au sein du Bureau Exécutif et de ses instances, tenus d’une poigne de fer par un président omnipotent qui dirige ses troupes par le bâton et la carotte.
La dernière affaire qui a fait déborder le vase, c’est l’escroquerie d’un footballeur malien, recruté, transporté et devant signer avec l’AS Police. Une fois débarqué à Nouakchott, le footballeur sera poussé dans les bras de Nouakchott King’s, un club dirigé par le beau-frère du président de la FFRIM. Qu’à cela ne tienne ! Le Malien est arrêté pour escroquerie et sommé de répondre de sa forfaiture. Ce qui amènera le président de la FFRIM à intervenir personnellement dans cette affaire brandissant son éternel arme, «le risque de conséquences pour la Mauritanie auprès de la FIFA ». Et il se fit renvoyer se promener. Frustré et en colère, le président en tiendra rigueur à la présidente de l’AS Police. Cette affaire est le véritable moteur déclencheur de l’inimitié entre le président de la FFRIM Ahmed Yahya et la commissaire Hindou Mohamed Laghdaf. Il ne lui fallait qu’une occasion pour l’extérioriser. La dernière réunion de la FFRIM s’y prêta à merveille. Devant un Bureau Exécutif aplati, transformé en véritable bureau d’enregistrement pour faire passer les quatre volontés de son président, il se défoula sans retenue sur la présidente de l’AS Police.
En attendant, les autorités nationales chargées du Sport sont tenues à l’écart des forfaitures qui minent le football mauritanien. Même les tribunaux nationaux, qu’un article parmi ceux nouvellement adoptés, tient à l’écart des affaires relevant du football. Quels pouvoirs le président de la FFRIM s’auto-autorisent insidieusement année après année pour asseoir sa domination solitaire sur le football national !
Cheikh Aïdara
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