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Passions d’un engagement (47): Le processus démocratique/Par Ahmed Salem Ould El Mokhtar (Cheddad)

Samedi 1 Février 2025 - 12:15

Un début indécis
La solution miracle

Le15 avril 1991 était un jour pas comme les autres. C’était d’abord la fête d’Elfitr marquant la fin du mois du Ramadan. Il marquait aussi le début d’un tournant historique dans notre pays, la Mauritanie. Ce jour-là, je me suis levé un peu plutôt que d’habitude. Mon petit poste radio m’apprit, aux environs de 7 heures du matin que le chef de l’Etat mauritanien, à l’époque, Maouiya Ould Sid’Ahmed Taya, venait juste de décider l’extraordinaire: l’ouverture de notre pays à la démocratie intégrale.

L’audace d’une centaine de cadres
Au niveau officiel, les semaines précédentes étaient marquées par un silence complet face à une dynamique montante, enclenchée depuis le début de l’année, pressant pour une démocratisation rapide et effective des institutions. Deux lettres ouvertes signées par plus d’une centaine de cadres politiques et techniques de tous horizons, brisèrent le respect d’un système militaire d’exception gouvernant le pays par ordonnances depuis le coup d’Etat du 10 juillet 1978. Depuis les événements raciaux de 1989, un climat politique lourd et opaque régnait dans le pays. De nouveau l’incertitude de l’avenir gagnait les esprits.
 

Le printemps du Tiers Monde
L’enclenchement du processus démocratique fut engendré par une crise, crise à la fois politique et socioéconomique sans précédent. Les observateurs les plus optimistes n’excluaient plus l’imminence d’une forme donnée de guerre civile, voire l’éclatement du pays ou d’un soulèvement généralisé contre le système en place, comme ça se passait le plus souvent ailleurs. Par miracle, la proclamation d’un processus de démocratisation jugula la crise et fit renaître de nouveaux espoirs chez nos concitoyens.
Depuis le début des années 1980, des signes de changements profonds commençaient à se faire voir dans la situation du monde d’après-guerre. Au cours de cette période, nous assistions à la fin des dernières guerres coloniales, notamment au Sud-est Asiatique et dans les colonies portugaises d’Afrique. Les peuples des anciennes colonies, après plus de deux décennies de la proclamation de l’indépendance politique de leurs pays, commençaient à déchanter. Ils se rendirent compte qu’ils ont été leurrés. Ils finirent par comprendre que le système colonial, par des méthodes pernicieuses, a réussi à préserver ses intérêts fondamentaux. Dans de nombreux domaines, notamment économique et culturel. En réalité l’influence des anciennes puissances coloniales ne cesse d’augmenter.
Dans de nombreux nouveaux pays, anciennement colonisés, une bonne partie des nouvelles élites formées après l’accession à l’indépendance, octroyée dans la plupart des cas, se mirent à remettre en cause les règles du jeu établies depuis. Un peu partout, la grogne s’étendait. Désormais, s’ajoutaient aux revendications socioéconomiques et culturelles classiques, une nouvelle revendication politique: le pluralisme politique et l’élection transparente et honnête des dirigeants et des institutions: une sorte de « printemps du Tiers Monde ».
 

L’UTM à l’avant-garde
Chez nous, le flambeau de l’enclenchement de la lutte pour la démocratie fut porté par l’Union des Travailleurs de Mauritanie (UTM). Sa direction, avait à sa tête en ce moment, mon ami, feu Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Radhi. Il était entouré par une avant-garde de militants syndicaux des plus chevronnés. A travers des lettres ouvertes, et à l’aide de leur persévérance et leur audace, les signataires des lettres ouvertes, dont je faisais partie, finissent par casser l’entêtement du régime de Maouiya Ould Taya. Ce dernier, en fin stratège militaire, se donna quelques semaines de réflexion et de méditation. Il finit par trouver la bonne solution : ouvrir le pays à la démocratie. Il fut encouragé par quelques pas timides et hésitants, expérimentés depuis le début de son règne. Il s’agissait des premières élections municipales au niveau des capitales régionales en 1986. Elles vont s’étendre après aux niveaux départemental et rural.

Ma préoccupation première: l’avenir de mon pays
Il faut rappeler, mais aussi reconnaître, que le courage de la dernière décision a surpris plus d’un mauritanien. Ce jour-là, comme signalé avant, le discours du président Maouiya, que je n’ai écouté qu’à 7 heures du matin, m’a coupé la grasse matinée. Habituellement, je dors mal quand je n’ai pas en tête des perspectives claires pour mon pays. C’était à la capitale, à la Medina « 3 ». Une heure après, je pris mon premier verre de thé avec mon ami Khallihinna Ould Tolba dans un coin reculé du quartier de Toujounine.

(À suivre)

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