Comme il est de tradition depuis 1990, les veuves et orphelins des victimes des années dites de « braise », 1986 – 1991préparent activement la commémoration de l’indépendance, le 28 novembre. Une délégation comprenant 3 responsables du collectif des veuves, présidée par Mme Houleye Sall et 3 membres du Collectif des Orphelins des Victimes Civiles et Militaires 1986-1991 (COVICIM) a rendu visite à la rédaction du Calame pour passer le message. «Depuis cette nuit du 28 novembre 1990, l’indépendance a cessé d’être une joie pour nous, pour se transformer en deuil, nous la célébrons dans la douleur », ont raconté les veuves.
Aissata Mamadou Anne, vice-présidente, Maimouna Alpha Sy, secrétaire général et Aissta Alassane Diallo, responsables de la Communication, d’une part, Mamadou Lamtro Camara, chargé des affaires juridiques, Abou Gaye chargé des relations intérieures, et Abdoul Abdoul Anne, secrétaire à l’organisation ont réitéré leur revendication vielle de quelques décennies, à savoir la vérité sur ce qui s’est passé dans cette période de l’histoire du pays mais surtout dans la nuit du 27 au 28 novembre 90 dans la garnison de Inal où, pour commémorer le 28 novembre, 28 officiers, sous officiers et soldats négro-mauritaniens ont été pendus par leurs frères d’armes. Un crime qui ne peut rester impuni, selon nos visiteurs. Si les veuves ont rappelé le drame et le calvaire qu’elles ont vécus pour élever les orphelins que leurs maris leur ont laissés, ceux-ci ont dénoncé le manque d’attention des autorités militaires et civiles à leur endroit. « Nous avons eu tous les problèmes pour faire l’école, pour accéder à des formations qualifiantes et enfin à l’insertion », ont-ils fait remarquer.
Les veuves et leurs orphelins qui attendent donc des autorités une réponse à leurs doléances célèbrent le 28 novembre par la lecture du Saint Coran pour le repos des défunts, la veille de la fête et un sit-in et une marche, le jour J. Tous célèbrent également dans la même douleur la « journée de réconciliation nationale» décrétée par l’ancien président Ould Abdel Aziz, suite à la prière aux morts, le 25 mars 2009 à Kaédi. Les veuves estiment que personne ne peut pardonner les auteurs des crimes de sang et décréter une journée de réconciliation sans discuter avec les concernées dont la priorité demeure : «devoir de vérité », « devoir de justice », « devoir de mémoire » et « devoir de réparation » pour lesquels elles se battent depuis des années presque en vain. Les veuves ont rappelé qu’elles attendent du président Ghazwani, une audience depuis son arrivée au pouvoir pour lui exposer leurs doléances. Un courrier en bonne et due forme, avec une décharge à la clef a été déposé à la présidence de la République.
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