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un grain de sable pour secouer la poussière...

Monsieur Beyrouk, enfin le temps de vous répondre...

Mercredi 11 Mai 2016 - 20:44

Monsieur Beyrouk, enfin le temps de vous répondre...

Il y a un mois et demi, vous avez publié ici et là un billet me concernant. Vous aurez constaté que je n’ai pas voulu y répondre malgré  la mauvaise foi avec laquelle par endroit vous dénaturez mes propos concernant l’affaire Mettou qui  vous lie à votre complice jusqu’à la présidence. Considérant l’affaire suffisamment connue, je n’ai pas voulu revenir à la charge toutes preuves à l’appui surtout que, ne vous connaissant pas, j’ai trouvé  par ailleurs le ton de votre billet plutôt sympathique malgré la légèreté de l’argumentation qui  devient ridicule quand elle s’étale pour défendre Timbuktu face à Salafistes. J’ai donc cru qu’en vous laissant les derniers mots sans réagir, le sujet serait clos avec élégance.

 

 

Hélas, voilà qu’aujourd’hui, un lecteur, très au fait de tout ce qui se passe sur le net jusqu’à l’insignifiant,  m’envoie un lien vers la page d’un de vos adorateurs qui profite de  votre prix Kourouma pour écrire une tartine pleine non seulement de sottises mais surtout d’insultes à peine voilées à mon encontre.

 

Attaquer ma bonne foi, je le pardonne quand il s’agit d’un immense écrivain comme vous mais permettez-moi de m’en plaindre quand il s’agit  de vos gens surtout qu’en matière de filiation du trait par un mimétisme clinique, il n’y a pas quatre mers entre l’inspiration de l’idole et l’expiration de l’idolâtre.  Ainsi ayant lu ce que vous avez écrit à propos de ma déontologie et de ma personne, l'animal s’est cru autorisé à en grossir le trait et ce faisant il transforma vos pincettes douteuses en grossière mauvaise foi déclarée.

 

En gros, il m’accuse d’être jaloux de votre succès ainsi que de celui de votre complice, au sens fraternel du terme, l’héritier du génie soviétique, Abderrahmane Sissako.  A cela, votre adorateur termine le trait en m’accusant de haine tout simplement. 

 

Cher monsieur, croyez bien que je me flatte d’être jaloux de la paire car je ne saurais vous faire plus sincère compliment. Pour le reste, mes amis et lecteurs avertis, savent que je ne hais que les salauds jamais les médiocres ni leur suite encore moins les braves qui arrivent à accoucher de quelque chose sans état d’âme, l’essentiel étant de participer à la magie de la création sans se soucier du mérite de l’oeuvre, qu’elle frétille qu’une heure, un jour ou  embrasse demain l’immortalité.

 

 


Je vais même vous faire une confidence : une amie, mystifiée par mes théories psychanalytiques appliquées à l’art,  décida sans me prévenir d’envoyer il y a dix ans une de mes constructions à l’Harmattan.  Figurez-vous qu’elle a été refusée autant vous dire l’humiliation car pour être refusé par l’Harmattan il faut vraiment être mauvais. C’était une construction in media res, une succession de textes comme écrits au cœur de l’abréaction pour employer un mot de cuistre. Je me flattais d'avoir créé une construction littéraire où le seul personnage c’était le ton et l’énigme l’identité. Allez comprendre.…

 

Depuis persuadé d’être condamné à être incompris, j’ai renoncé aux choses exaltantes de l’esprit et me voilà réduit à vous écrire. Avouez qu’il y a de quoi s’aigrir. De là à jalouser ceux qui sont publiés ? L’inconscient comme le cœur a ses raisons évidentes pour tous que l’évidence personnelle ignore. De là que l’affaire Mettou a ses raisons froides qui n’avaient besoin que de jalousie pour exister…

 

 

Passons…

 

Je vous félicite d’avoir reçu le prix Kourouma 2016.  D’abord car cela rappelle que la Mauritanie fait partie de l’afrique noire vu que selon les propos du président du prix Kourouma :

Décerné chaque année dans le cadre du Salon du livre et de la presse de Genève et doté d'une somme de 5 000 francs suisses, le prix Ahmadou Kouroma récompense un ouvrage, essai ou fiction, consacré à l'Afrique noire et dont l'esprit d'indépendance, de lucidité et de clairvoyance s'inscrit dans le droit fil de l'héritage légué par le romancier ivoirien "

 

 


Vu les discours officiels, les orientations politiques de plus en plus engagées, on pourrait croire, sans le prix Kourouma accepté par un conseiller à la présidence aux affaires culturelles, que la Mauritanie végète dans un coin de la péninsule arabique. Ce prix rappelle que la Mauritanie fait partie de l’Afrique noire même en partie donc votre livre traite au moins de ce qui concerne l’Afrique noire. Pourvu que le pouvoir retrouve ses esprits comme ses racines et qu’il fasse que la Mauritanie retourne à la CEDEAO comme elle fait partie de la Ligue Arabe sinon on se demande comment les non-arabes peuvent s’identifier à cette république qui semble bien schizophrène.

 

Merci surtout d’oser publier car la Mauritanie est pleine de génies présumés qui n’ont pas la force de le prouver. Vous connaissez la formule «  le talent fait ce qu’il veut, le génie fait ce qu’il peut ».  Voilà sans doute pourquoi, ce n’est pas fréquent de voir le génie mauritanien tutoyer l’excellence et recevoir des prix prestigieux des mains  « appartenant au grand monde de la littérature et de la culture mondiale » comme le rappelle votre adorateur et mon persécuteur.

 

Ce monsieur a certainement dû apprendre qu’avec ce prix, vous avez reçu 5000 francs suisses, soit à peu près autant d’euros, sinon comment comprendre se zèle à travestir mes propos pour paraître vous défendre ? 

 

Plus sérieusement, si vous le permettez,  vu une certaine ironie du sort que je viens d’apprendre, parlons une dernière fois du fond de l’affaire qui m’a valu de votre part un texte diplomatique plutôt décalé mais surtout injuste.

 

Passons à propos de la chinoiserie, je fais miennes vos remarques et je vous en félicite.

 


Savez-vous que le sénégalais auteur de Terre Ceinte qui a eu le prix Kourouma juste avant vous, soit l’année dernière, savez-vous qu’il fut accusé d’avoir plagié Timbuktu ? C’est Jeune Afrique qui le rappelle :

 

« S’est-il inspiré de Timbuktu, d’Abderrahmane Sissako ? "Non, j’ai terminé Terre Ceinte bien avant qu’on ne parle de ce film." Christiane Diop, son éditrice, aura ces mots : "Ton livre aurait fait un excellent scénario ; malheureusement, le film existe déjà."

 

 

Ajib non ? Vous avez été le co-scénariste de Mettou la hartania, puis ce film a été abandonné in extremis trois mois avant le début du tournage alors que le casting avait commencé et l’actrice principale débusquée. Suite à cela votre complice en création devient conseiller à la présidence et il tourne Timbuktu, un film plus S.G qu’engagé mais n’en parlons plus. Ensuite vous êtes nommé aussi comme Sissako conseiller à la présidence au même rayon. En plus de Mettou, les journalistes du documentaire Salafistes accusent Sissako de plagiat et les journalistes du Monde qui relatent la chose en sont plus que convaincus,  soudain vous recevez un prix  juste après quelqu’un qui est accusé d’avoir plagié Timbuktu.

 

 

Le moins qu’on puisse dire c’est que le destin machallah a de la suite dans les idées que vous appelez acharnement infondé quand on vous les étale.

 

Pour le reste, cher monsieur, vous êtes mauritanien comme moi, merci de me respecter comme je vous respecte et ne pas dire des choses sans fondement pour dénigrer mon engagement au service de la vérité même si on peut admirer jusqu’où vous êtes prêt à aller pour maquiller le deal politique de votre ami.

 

Ne me faites pas dire ce que je n’ai jamais dit surtout que tous nos lecteurs savent que tout ce qui a été dit est sourcé avec des liens qui renvoient à tout.

 

Pourquoi tant de mauvaise foi contre nous juste parce qu’on a été choqué de voir Sissako  verser des larmes de crocodile pour émouvoir le toubab comme s’il était encore l’artiste engagé de « Bamako » alors que pour rejoindre la présidence où vous l’avez rejoint, il a enterré vivante une œuvre sur un sujet sensible au nom duquel certains militants vont en prison.

 

Cela dit croyez bien qu’on peut comprendre,  Sissako étant plus à désigner que vous, car ce n’est jamais qu’essayer de survivre. En Mauritanie, c’est difficile de survivre quand on est juste un écrivain ou un cinéaste malgré le talent que l'on admire car cela ne paye pas. Ce n’est donc pas un crime d’enterrer une œuvre pour rejoindre le pouvoir à des postes qui permettent de donner des airs à la tête et sortir le ventre de l’eau.

 

A votre place, conscient des ressorts  de mon talent et certain du peu de chance de percer au point de pouvoir en vivre, très certainement que j’aurais fait comme certains mais il  ne faut pas ensuite se présenter à l’étranger en artiste engagé quand chez soi rien ne vous fait pleurer ni même agir.

 

 

Voyez le terme complice que vous reprenez dans votre billet en lui donnant un autre sens que celui que vous savez être mien. Vous êtes suffisamment mauritanien pour savoir qu’on appelle affectueusement complices deux amis.

 


Pour finir, je tiens aussi à féliciter Bios Diallo qui a permis à l'essentiel du jury du prix Kourouma de sympathiser avec les auteurs mauritaniens.

 

 

En effet, le président Jacques Chevrier était invité à Nouakchott pour Traversées Mauritanides 2013. 

 

 

Quant au jury de ce prix, ils sont 6, dont 3 européennes et 3 africains. Parmi ces trois africains, le tchadien Noël Ndjekery, est aussi un ami de Bios car il était à Nouakchott pour Traversées Mauritanides 2012. 

 

 


Le deuxième n’est pas inconnu de vous puisque vous étiez invité avec lui et 3 autres pour représenter l’Afrique à la semaine littéraire de Niamey en avril 2015.

 

 

Quant au troisième africain du jury, Romuald Fonkoua, il apparaît avec Bios Diallo dans un recueil au sujet de Fanon.

 

 

Si nous avions votre bonne foi en partage et que j’étais un autre que moi-même, j’expliquerais ainsi l’essentiel de votre mérite. Il se trouve que j’admire ce qui nous distingue comme je n’ai rien de personnel contre votre ami. Aussi, je vous souhaite à tous deux bonne continuation et tous les prix que vous valez bien.

 

Cordialement

 

 
chezvlane

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