Des membres du gouvernement, ont commenté, jeudi, les résultats du conseil des ministres, qui s’est déroulé plus tôt dans la matinée. Il s’agit des ministres du Pétrole, de l’Énergie et des Mines, porte-parole du gouvernement, M. Nany Ould Chrougha, des Pêches et de l’Économie maritime, M. Moctar Alhousseyni Lam, de l’Environnement, Mme Lalya Aly Kamara.
Intervenant le premier, le porte-parole du gouvernement, a déclaré que le conseil a examiné et adopté plusieurs projets de lois, de décrets et des communications, dont des décrets relatifs aux sociétés innovantes dans le domaine technique, la gestion des déchets solides ou encore l’évolution de l’industrie minotière en Mauritanie.
Invité à apporter plus de précisions, le ministre de la Transformation numérique, a souligné que le projet de loi relatif aux sociétés innovantes, vise à créer un cadre juridique et institutionnel permettant le développement des startups. Le nouveau texte, va instaurer un mécanisme incitatif, pour encourager les entreprises mauritaniennes innovantes, notamment à travers l’accord d’avantages fiscaux, de financements, entre autres.
Le ministre a souligné que le projet de loi, s’inscrit dans le cadre d’une stratégie globale du gouvernement, faisant de l’innovation, un pilier du développement numérique. Il entend booster les entreprises, susciter les vocations, afin de faire de la Mauritanie un hub d’innovation en Afrique.
Les entreprises qui vont s’inscrire dans cette dynamique, seront éligibles à un label national qui leur confère des avantages, dont l’accès aux investissements, aux données sur les passations de marchés et réductions d’impôts.
Le ministre a prévenu que le dispositif, qui inclut un fonds pour l’innovation, sera déployé en toute transparence. Le fonds sera alimenté par les contributions des entreprises publiques et financements étrangers. L’accompagnement des sociétés qui ont le label, se fera sur la base du mérite, uniquement, a déclaré le ministre. La création d’un hub d’innovation, va faciliter l’importation d’équipements de pointe, mis à la disposition de chercheurs et startups.
Par ailleurs, le ministre de la Transformation numérique a mis l’accent sur le processus d’élaboration de la loi, qui a été participatif, incluant toutes les parties prenantes.
En outre, le ministre interpellé sur la qualité des services des sociétés de téléphonie mobile, a indiqué qu’il est nécessaire de définir les critères sur la base desquels, on peut faire un diagnostic et trouver des solutions durables.
A son tour, le ministre des Pêches a fait l’économie de sa présentation relative à l’évolution de l’industrie minotière en Mauritanie. Dès l’entame de son propos, le ministre a tenu à rappeler que la vidéo qui circule sur les réseaux sociaux concernant le pillage de ressources halieutiques, date de 2019. Il note que son contenu décrit une partie de la réalité d’avant, mais y voit aussi une sorte de désinformation doublée de conflits d’intérêts entre différents lobbies du secteur.
Le ministre a souligné que l’objectif de la création d’une industrie de farine et d’huile de poisson, visait d’abord à valoriser les rejets et rebus des usines de traitement des produits de pêche. Le second objectif était selon lui la hausse des débarquements en Mauritanie des captures de petits pélagiques. Auparavant, ces espèces étaient uniquement exploitées par des flottilles étrangères.
Entre 2014 et 2017, le ministre qui fait l’état des lieux, relève un développement anarchique des usines, dont le débarquement de grandes quantités de petits pélagiques, qui, au lieu d’être mises sur le marché pour la consommation humaine, sont utilisées dans la fabrication de farine de poisson. Cela, poursuit le ministre, a un effet négatif sur l’environnement de la Baie du Lévrier. En effet, des usines rejetaient leurs eaux sans les traiter au préalable, comme le stipule le cahier des charges. De plus, des usines n’avaient pas mis en place des filtres pour réduire les odeurs et fumées qu’elles dégagent dans leur environnement direct.
Afin de remédier à ce phénomène, le ministre a déclaré que des mesures ont été prises en 2015. La première consistait au plafonnement à 10.000 tonnes par usine, des quantités de poisson entier à transformer en farine. La disposition prévoit aussi une régression de 15% par an, pendant 4 ans. L’objectif était d’atteindre le seuil de 4.000 tonnes par usine, par an. C’est cette limite qui est en vigueur depuis 2020 a précisé le ministre.
Toujours concernant les solutions, le ministre a évoqué l’interdiction de l’usage d’espèces consommées en Mauritanie, telles que le chinchard, sardinelle ronde ou encore le maquereau, pour en faire de la farine de poisson. En plus obligation est faite aux navires de pêche côtière d’avoir un dispositif de conservation du pélagique capturé. La mesure limite la production de la farine aux déchets, rebus et poissons entier impropres à la consommation humaine.
Pour aller plus loin, le ministre des Pêches a souligné que depuis 2019, aucune nouvelle autorisation n’a été donnée pour l’ouverture d’une usine. Depuis, les usines ont été sommées de respecter les conditions d’hygiène, notamment en se dotant d’un système de traitement de l’eau avant qu’elle ne soit déversée.
Selon le ministre, les efforts se poursuivent, pour surveiller l’activité des 34 usines de transformation de poisson en farine et en huile, dont 25 sont à Nouadhibou et 9 à Nouakchott. Il a annoncé que dans ce lot, 23 usines n’ont pas de ligne de congélation et 10 sont à l’arrêt depuis 2021, suite à une suspension de leur autorisation.
La suspension, a dit le ministre, vise à les obliger à se doter d’une ligne de congélation fonctionnelle. L’agrément des 10 usines citées plus haut, sera retiré définitivement si elles ne se conforment pas aux normes établies. Il en est de même pour les autres qui ne respectent les engagements prévus.
En outre, le ministre a affirmé que les navires de pêche côtière de petits pélagiques seront tenus d’apporter au débarquement, la totalité de leurs captures dans les conditions qui permettent une consommation humaine. De ce fait, ils devront satisfaire les normes d’hygiène nécessaires pour la conservation à bord desdites captures.
D’après le ministre, le secteur produit entre 90 et 94 mille tonnes de farine de poisson avec une valeur de 20 milliards d’ouguiyas. Selon lui, il faut trouver un équilibre pour l’exploitation de la ressource halieutique et sa préservation, car le secteur emploie directement 5 000 personnes 15 000 autres de façon indirecte.
Répondant à une question relative à l’échouage de poisson le long des côtes, le ministre a indiqué que les études montrent deux possibilités. La première est le fait qu’une bactérie attaque les murets, les décimant par millier. La seconde, pourrait être liée au déversement d’eaux mal, ou pas assez traitées perturbant ainsi la chimie de l’eau, qui est l’environnement naturel de ces espèces.
S’agissant du stock de la société nationale de distribution de poisson, le ministre a rappelé que celui dépendait grandement des quantités offertes par les bateaux étrangers et quelques locaux. Environ 2% de leurs captures étaient envoyés à la SNDP. Mais les opérateurs mauritaniens ont arrêté leur contribution, d’où le déficit constaté. Toutefois, le ministre a noté que 430 points de vente existent et fournissent le poisson à des prix subventionnés. Ce chiffre est amené à augmenter afin de couvrir les 10 chefs-lieux d’arrondissement restant.
De son côté, la ministre de l’Environnement est revenue sur les grandes lignes du projet relatif à la gestion des déchets solides. La ministre a déclaré que le texte vient combler un vide juridique, car la seule référence à la gestion des déchets, date de 87 et c’était une ordonnance. Il y avait d’après elle, un vide juridique auquel il fallait pourvoir. Le projet de loi va donc permettre de définir le cadre juridique global, de toute la chaine de gestion des déchets solides : production, collecte, transport, traitement et élimination finale.
Grace à ce nouveau dispositif, la Mauritanie va se doter d’un plan national de gestion des déchets solides, qui seront déclinés en plans communaux ensuite. L’absence d’un cadre clair, a dit la ministre, ne permettait à l’État d’intervenir directement dans la gestion des déchets. Elle a rappelé que cette gestion était confiée aux communes, qui elles-mêmes comptent sur des sociétés privées.
Pour venir à bout des dépôts sauvages, le plan va intégrer une dimension sensibilisation et recyclage. Pour elle, il y a des opportunités à saisir dans le domaine du recyclage, le compostage.
La ministre a souligné que le texte prend en compte les dispositions de convention de Bale sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux. Il prévoit également des peines de prison allant de 6 à 30 mois, ainsi que des amendes.
Interpellé sur la dégradation de l’environnement, après le départ d’entreprises qui exploitent des carrières, la ministre a expliqué qu’il s’agit d’une situation antérieure à l’instauration d’une caution. Cette dernière permet de redonner à l’environnement son aspect d’antan, à la fin de l’exploitation si la société ne s’en acquitte pas d’elle-même.
Pour ce qui est de la décharge, elle a déclaré que le ministère ne subit aucune pression pour sa relocalisation. Elle a affirmé que les acteurs concernés étaient nombreux et que cela a mis du temps pour qu’un consensus soit trouvé. Elle a souligné qu’un consensus a été trouvé que le nouveau site sera établi à 23 km d’Akjoujt.
En ce qui le concerne, le porte-parole du gouvernement a présenté la communication du ministre des Finances sur la programmation budgétaire à moyen terme. D’après lui, elle couvre la période 2024-2026 et constitue le cadre de référence de l’orientation budgétaire afin de consolider les acquis de Taahoudaty et soutenir la mise en œuvre du plan d’action de la Stratégie nationale de croissance accélérée et de prospérité partagée (scapp) pour le période 2016-2026.
Il a par ailleurs souligné que le Président de la République a donné des instructions, pour qu’il y ait un rapport hebdomadaire sur l’exécution des projets financés par le budget de l’État. A cela va s’ajouter un point mensuel, à l’occasion de la réunion du conseil des ministres. Le porte-parole a rappelé que la même mesure avait été prise, l’année dernière, pour le suivi des projets financés par des bailleurs de fonds étrangers. Ce système montre des résultats probants, a commenté le porte-parole du gouvernement.
En outre, il a répondu à une question relative à un document qui est le fruit d’une concertation entre les partis Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) et l’Union des Forces du Progrès (UFP) et le gouvernement, que le Président de la République est resté constant. Selon lui, il a toujours été ouvert à la discussion, à la concertation, depuis son accession au pouvoir.
En réaction à l’interrogation sur la grève dans le secteur de la santé, le porte-parole a déclaré qu’aucun médecin employé par l’Etat n’est actuellement en grève. Ce qui s’est passé, d’après lui, est que des stagiaires à l’hôpital national se sont mis en grève, exigeant des salaires égaux à ceux perçu par leurs encadreurs. Ce mouvement d’humeur n’a aucun impact sur les prestations de santé au niveau de l’hôpital, a-t-il conclu.
AMI