Des membres du gouvernement, ont commenté, mercredi soir, les résultats du conseil des ministres qui s’est déroulé plus tôt dans la matinée. Il s’agit du ministre de l’Équipement et des Transports, porte-parole du gouvernement, M. Nani Ould Chrougha, du ministre de la Santé, M. Moktar Ould Dahi et du ministre des Pêches et de l’Économie maritime, M. Mohamed Ould Abidine Ould Maayif.
Intervenant le premier, le porte-parole du gouvernement a indiqué que le gouvernement a examiné et adopté plusieurs projets de décrets et des communications, dont la création d’une agence de développement de la pêche continentale, la restructuration des chantiers navals de Mauritanie ou encore la modification de certaines dispositions liées au fonctionnement de l’ordre national des médecins chirurgiens-dentistes mauritaniens.
A sa suite, le ministre de la santé a expliqué que les modifications apportées aux décrets organisant le fonctionnement de l’ordre national des médecins chirurgiens-dentistes mauritaniens, l’ordre national des médecins de Mauritanie et l’ordre national des pharmaciens de Mauritanie, visent à assouplir ces procédures afin de faciliter son fonctionnement.
Le ministre a noté qu’il y a des dispositions qui étaient tout simplement inapplicables, surtout au moment du renouvellement des instances des organisations précitées. Suite à ce constat, plusieurs mesures ont été prises. D’abord le décret prévoit la limitation du mandat du président et membres des bureaux, qui n’est renouvelable qu’une seule fois, a souligné le ministre. D’après lui, un assouplissement des critères d’éligibilité a été consenti afin de mettre à contribution les jeunes médecins. Ainsi, on peut postuler à la présidence du conseil si on totalise 10 ans d’expérience, au lieu de 15 ans auparavant. Pour les membres du bureau, 5 ans d’expérience suffiront au lieu de 10 ans initialement exigés.
Selon le ministre, les préoccupations liées à l’indépendance du conseiller juridique du conseil des ordres, nommé par le ministre de la santé, ont été prises en compte. Désormais, le conseiller juridique sera un magistrat désigné par le ministère de la justice. Il aura en charge la présidence de la commission de discipline du conseil de l’ordre national des médecins.
Plan national de développement sanitaire
Par ailleurs, le ministre de la santé a exposé les grandes lignes de sa communication relative au plan national de développement sanitaire (2022 – 2030). Selon lui, le nouveau plan prend en compte l’évaluation du précédent (2011 – 2020) et fixe de nouveaux objectifs à atteindre. Il a relevé quelques insuffisances, notamment le manque de ressources humaines. En effet, en 2020, on ne compte que 15 professionnels de santé (médecins, infirmiers, sages-femmes…) pour 10 000 personnes, contre les 20 initialement attendus. Il en est de même pour l’assurance maladie, qui ne couvre que 15% de la population au lieu des 30% prévus, souligne le ministre de la santé. Toujours au chapitre des objectifs non atteints, figure la disponibilité des médicaments dits essentiels, dans les structures sanitaires du pays. D’après le ministre de la santé, seules 28% des structures en ont accès. En effet, le ministre a noté que les structures sanitaires bien que répandues, ne couvrent que 30% de la population, dans le sens où elles sont souvent situées à plus de 5 km des autres.
Pour le ministre, le nouveau plan de développement sanitaire a été élaboré en conformité avec la SCAPP et les ODD, avec des objectifs à court (2024), moyen (2027) et long terme (2030). Le premier chantier est l’amélioration de la gouvernance des structures de santé publique. Le deuxième a trait au renforcement des ressources humaines.
Selon le ministre de la santé, il est attendu qu’à l’horizon 2024, la Mauritanie ait au moins 23 médecins, infirmiers et sages-femmes pour 10 000 personnes, puis 27 en 2027 et 30 en 2030. A ce propos, le ministre a rappelé que 23 professionnels de santé en 2024, fait partie engagements figurants dans le programme électoral du Président de la République, M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.
Toujours concernant le PNDS, le ministre de la santé, M. Moktar Ould Dahi a indiqué tabler sur le fait que 50% des structures de santé auront accès aux 13 médicaments essentiels, tandis que 50% de la population devrait bénéficier de l’assurance maladie, en 2024. A la fin du plan, en 2030, l’objectif est de permettre à 77% de la population mauritanienne d’être assurée. De plus, le PNDS prévoit des actions en matière d’infrastructures.
Selon le ministre, la mise en œuvre du PNDS nécessite beaucoup. Il a émis le souhait que les fonds alloués au secteur de la santé, représentent 12% du budget de l’Etat en 2024. Il a tout de même souligné que ces dernières années, l’enveloppe du ministère de la santé s’est progressivement épaissie.
Cas de rougeole
Le ministre de la santé a également répondu à une question sur l’apparition de cas de rougeole. Il a confirmé la détection de cas, au niveau des régions frontalières avec le Mali. Selon le ministre, une campagne de vaccination sera lancé la semaine prochaine. Elle va couvrir les régions du Guidimagha, de l’Assaba, des Hodh Chargui et Hodh El Gharbi. Elle aura pour objectif de vacciner 400 000 enfants âgés de moins de 12 ans.
De son côté, le ministre des Pêches a présenté les points saillants du projet de décret portant création, organisation et fonctionnement de l’Agence pour le Développement de la Pêche et la Pisciculture continentales (ADPPC). La création de l’agence permettra de mieux exploiter les ressources hydriques du pays. Il a déclaré que la Mauritanie a un accès important au fleuve Sénégal, à des plans d’eaux et barrages, d’où la nécessité de développer la pêche continentale. D’après le ministre, l’activité de l’agence contribuera à offrir des opportunités d’emploi, à la sécurité alimentaire et à la réduction de l’exode rural.
Chantiers navals de Mauritanie
En outre, le ministre des Pêches est revenu sur sa communication concernant la restructuration de la société Chantiers Navals de Mauritanie. Selon le ministre, l’objectif de la communication est de proposer des solutions, permettront au CNM de surmonter les difficultés auxquelles elle fait face depuis des années. La mesure essentielle vise à ouvrir le capital de la société, à un partenaire technique et financier, a déclaré le ministre. D’après lui, l’Etat n’abandonne pas la société, au contraire, il lui trouve une solution viable à un problème qui perdure.
S’agissant du problème justement, le ministre a rappelé que le CNM permettait dans un premier temps à des pêcheurs, d’acquérir une des embarcations qu’elle fabrique, en payant 30% du montant. Ensuite, les 70% restant sont échelonnés suivant les recettes. Or, précise –t-il, très vite, la société a fait face à de nombreux retards de paiement, qui l’ont amené à changer de stratégie. Désormais, celui qui veut un bateau de pêche robuste comme le DT40, devra payer la totalité du montant en cash. Résultat des courses, de nombreux pêcheurs n’ont pas les moyens de les acheter et dans le même temps, des individus ayant les moyens mais qui ne sont pas du secteur, se sont engouffrés dans la brèche.
Interrogé sur le manque poisson qui a été constaté, le ministre a déclaré qu’il s’agit d’un phénomène mondial, notant que la situation en Mauritanie est moins grave. De plus, il souligné que le repos biologique ne dure que 2 mois en Mauritanie, tandis qu’ailleurs c’est le double ou triple.
Enfin, pour ce qui est du contrat avec la société chinoise Polyhondong, le ministre a souligné qu’il est d’une durée de 25 ans, dont 12 sont déjà consommés. D’après lui, la société chinoise remplit son cahier de charges, soulignant que l’Etat se doit de son côté de remplir le sien.
Questions diverses
Reprenant la parole, le porte-parole du gouvernement, a répondu à quelques questions, dont une relative à date de la rentrée scolaire. Pour lui, une commission ministérielle planche sur le sujet, afin que la rentrée se fasse dans les meilleures conditions. Jusqu’ici, la date d’ouverture des classes n’a pas été modifiée, peut-on lire en filigrane.
Sur le désengagement supposé de l’Etat concernant des sociétés publiques, le porte-parole a déclaré qu’il n’en est rien. Selon lui, l’État prend ses responsabilités lorsqu’il y a un manque d’investissement du privé dans un domaine précis et créée les conditions pour que ces derniers s’impliquent davantage. C’est d’après lui, pour cette raison que le capital de certaines sociétés publiques est ouvert à des opérateurs privés.
AMI