La Mauritanie s'apprête à célébrer le 57e anniversaire de l'indépendance nationale à Kaédi, capitale du Gorgol au sud du pays. Un choix qui portera inévitablement le poids d’une histoire récente douloureuse pour les ressortissants de la région.
Kaédi, capitale de la wilaya du Gorgol, sur les bords de la vallée du fleuve Sénégal, abritera le mardi 28 novembre les festivités marquant la célébration du 57e anniversaire de l’indépendance de la Mauritanie.
Ainsi, après Nouadhibou et Atar, c’est au tour du Sud du pays d’accueillir ce grand rendez-vous de l’agenda national. Le wali du Gorgol, Yahya Ould Cheikh Mohamed Vall, a déclaré que la ville «est prête pour abriter les activités commémoratives de l’indépendance» dans un entretien avec la presse gouvernementale.
A l'occasion de la fête, le président Mohamed Ould Abdel inaugurera une ligne électrique au profit de plusieurs villages de la région du Gorgol mais aussi du Brakna au bord de la vallée du fleuve Sénégal. La fête a été aussi l'occasion de moderniser certaines infrastructures de la ville de Kaédi.
Cependant, à quelques jours de la célébration, la question de l’accès des populations aux documents d’état civil demeure un enjeu majeur, de l’avis de nombreux analystes politiques.
En effet, depuis plusieurs années, les ressortissants de la vallée du fleuve, ls négro-africains (compoantes non arabe) en Mauritanie dénoncent «le calvaire» auquel ils sont confrontés pour se faire enrôler et fustigent «les méthodes» de l’Agence nationale du registre des populations et des titres sécurisés (ANRPTS). Une réalité sur le terrain que les autorités semblent avoir parfaitement décrypté. Ce qui explique la mise sur pied récente d’une commission nationale, sous la direction de Thiam Diombar, conseiller du président de la République et ancien ministre des Finances, chargée d’identifier tous les problèmes d’état-civil rencontrés par les citoyens au niveau national et de leur trouver des solutions sans esprit d’exclusion.
Cette célébration dans la vallée du fleuve portera inévitablement le poids d’une histoire récente douloureuse. Ainsi, de l’avis du leader des Forces progressistes pour le changement (FPC), Samba Thiam, «les populations noires ne se sentent plus concernées par cette fête» depuis le drame survenu un certain 28 novembre 1990.
Une date de triste mémoire sur laquelle revient également maître Lo Gourmo Abdoul, vice-président de l’Union des forces de progrès (UFP-opposition) qui n'hsite pas à qualifier "le 28 novembre 1990, en holocauste", rappelant que "28 officiers, sous-officiers et soldats négro africains ont été triés «au hasard» dans un camp militaire, celui d’Inal, puis pendus, sans acte d’accusation, sans jugement et sans aucune raison que celle de verser le sang de 28 jeunes guerriers kwars (noirs), immolés à l’autel d’un culte satanique. Celui d’un chauvinisme devenu fou. 28 soldats dont 2 frères, suppliant chacun leurs bourreaux pour passer le premier afin de n’avoir pas à voir le supplice de l’autre frère".
Leurs bourreaux ont ainsi célébré le 28 novembre (date de l'indépendance du pays), souillant à jamais cet évènement. Partant, selon Me Lô, «la fuite en avant des représentants actuels de l’Etat, comme des précédents, ne changera rien à la donne, que cette dérobade se fasse à Kankossa ou Kaédi. La joie du 28 novembre sera toujours empreinte de douleur et de tristesse à cause de la folie d’une poignée de fascistes».
Cheikh Sidiya
source afrique.le360.ma