Depuis le 17 Avril 2018, plusieurs familles de notre communauté connues comme anti- esclavagistes et refusant le système humiliant de l’esclavagisme statutaire par le lada soninké, sont approchées par certains éléments issus de la féodalité villageoise. À ce jour 6 familles de la communauté Ganbanaaxu Dafort sont menacées de cette expropriation à caractère clairement esclavagiste.
Toutes ces familles font partie de celles qui se sont défaites du joug psychologique et social de l’esclavagisme statutaire soninké véhiculé par le système de ladalamaxu*. Comptant sur le régime coutumier et féodal sur le foncier, les féodaux aux mentalités esclavagistes veulent sévir contre des paisibles citoyens dans cette localité (Commune de Dafort) du Guidimagha faisant partie de l’arrondissement de Lahraj. Depuis plusieurs mois, les autorités régionales et nationales sont alertées sur les comportements agressifs incessants à l’endroit de la communauté citoyenne Ganbanaaxu dans le corps social soninké du Guidimagha.
Encore une nouvelle, nous faisons appel aux autorités administratives, aux organismes nationaux de défense des droits humains (Amdh Et Tadamoun), Aux Organisations Indépendantes (Sos-Esclaves, Amees, Ira-Mauritanie, Uvds, Organisation Contre Les Discours Extrémistes, Bit Et D’autres), sur ces tentatives d’expropriation foncière à caractère esclavagiste qui violent ouvertement la Loi mauritanienne en la matière et rentrent dans les dispositions pénales contenues dans la loi 2015-031 qui criminalise les pratiques esclavagistes en Mauritanie.
Notamment les articles suivants : Article 12 : Quiconque s’approprie les biens, les fruits et les revenus résultant du travail de toute personne en la considérant esclave ou extorque ses fonds est puni d’une réclusion de cinq (5) à sept (7) ans et d’une amende de deux cent cinquante mille (250.000) à cinq millions (5.000.000) d’ouguiyas.
Article 14: Quiconque prive frauduleusement d’héritage toute personne, en considérant qu’elle est esclave, est punie d’une réclusion de cinq (5) à sept (7) ans et d’une amende de deux cent cinquante milles (250.000) à cinq millions (5.000.000) d’ouguiyas.
Également les autorités compétentes doivent prendre leurs responsabilités face à cette situation sensible à l’approche de la saison de pluies. Nos éléments sont plus que jamais déterminés de poursuivre l’exploitation de leurs parcelles de terres agricoles léguées en héritage par leurs ancêtres depuis plus d’un siècle bientôt.
Pour rappel sur le foncier, il est précisé ; juridiquement les textes sont clairs sur la question foncière en Mauritanie. L’article premier de l’ordonnance 83-127 du 05 juin 1983 portant réorganisation foncière et domaniale stipule que : « La terre appartient à la nation et tout Mauritanien, sans discrimination d’aucune sorte, peut, en se conformant à la loi, en devenir propriétaire, pour partie » et l’article 3 du même ordonnance dispose que : « Le système de la tenure traditionnelle du sol est aboli »
Ladalamxu : un système de rapports sociaux basés sur une subordination à caractère esclavagiste chez les soninké.
Lettre ouverte mise en copie et remise à qui de droit
Dafort le 7 Mai 2018
Communauté Ganbanaaxu Dafort
source lactuacho.com