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M. Messaoud Boulkheir, président de l’Alliance Populaire Progressiste (APP) : ‘’Nul autre que le président Ghazouani n’aurait réussi à gagner la bataille où l’enjeu premier est la sauvegarde du pays’’

Jeudi 6 Mars 2025 - 11:22

M. Messaoud Boulkheir, président de l’Alliance Populaire Progressiste (APP) : ‘’Nul autre que le président Ghazouani n’aurait réussi à gagner la bataille où l’enjeu premier est la sauvegarde du pays’’

Le Calame : Le procureur de la République vient de requérir une peine de 20 ans de prison pour l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz jugé en appel par un tribunal de la corruption. Une réaction ?

M. Messaoud Boulkheir : Je pense le moment très mal choisi pour poser cette question dont la réponse dorénavant est du ressort exclusif de la Cour dont la réponse tient en haleine tout le pays et pas que lui…
 

-Annoncé par le président de la République Mohamed Cheikh El Ghazwani en campagne pour la présidentielle de 2024, un dialogue politique pourrait se tenir sous peu.  Le premier ministre a indiqué, récemment, devant le Parlement que le processus est entamé. En avez-vous été informé officiellement par la Présidence, la Primature ou par les services du ministère de l’Intérieur ?

-Il est certain que j’en ai entendu parler comme tout le monde, sans me souvenir précisément de l’avoir évoqué ces derniers temps avec l’un ou l’autre des dirigeants que vous citez…Euh… il me revient maintenant de l’avoir évoqué personnellement à son excellence  monsieur le Président, mais dans le cadre de mon rejet du projet d’initiation d’une nouvelle loi  réorganisant  les partis politiques au moment précis où il est question déjà de l’ouverture imminente d’un Dialogue National inclusif. Une telle initiative m’avait paru prématurée, la logique voulant d’y surseoir dans l’attente de ce qu’en déciderait ledit Dialogue par consensus.
 

-En annonçant votre soutien à la candidature de Mohamed Cheikh El Ghazwani, en 2019, au stade de la capitale, vous aviez réclamé la tenue d’un dialogue politique inclusif au lendemain de son élection, pour régler définitivement certaines questions nationales. Des tentatives ont été faites mais sans effets. Pensez-vous que ce dialogue en gestation pourrait aboutir ? Avez-vous le sentiment que le gouvernement a tiré les conséquences de la tentative avortée au cours du 1er mandat de Ghazwani ?

-Dire que les tentatives ont été sans effets n’est pas tout à fait exact, car elles permettent au moins aujourd’hui, à l’entame de cette tentative-ci, d’espérer que des leçons utiles seraient tirées des premières que vous évoquez.

Dialoguer pour se comprendre est un processus continu dont aucun acteur sincère ne devrait se lasser. Je note toutefois que l’échec de la tentative à laquelle vous vous référez est plus à imputer à l’Opposition qu’au Gouvernement. C’est pourquoi je souhaite sincèrement que Majorité et Opposition aient retenu des expériences passées les mauvaises attitudes et comportements qu’il faut nécessairement éviter prochainement.
 

-La Mauritanie a connu des journées de concertations sous la transition 2005 – 2007 et ensuite d’autres formats de dialogue. A votre avis, que pourrait apporter un nouveau dialogue à la Mauritanie dans la mesure où certaines recommandations, issues de ces conclaves dorment toujours dans les tiroirs ?

-Le processus de la construction démocratique des Etats est fait de bas et de hauts, variant selon la fortune, des échecs cuisants aux luisantes réussites, en passant souvent par des résultats en demi-teinte.

 C’est tout cela qui donne son charme à l’action politique, explique sa permanence, permet d’’évaluer objectivement ses acteurs et scinder en ceux sans lesquels elle serait lassante et vaine et tous les nombreux autres qui s’y investissent sans autre apport que leur ambition démesurée et qui, inexorablement, finissent par la dévoyer avant de s’y perdre à leur tour.

 Entre persévérer et baisser les bras, mon choix malgré mon âge, sera toujours le premier.
 

-L’Opposition n’avait pas réussi un compromis autour d’une candidature unique, pour la présidentielle dernière et au vu de ce qui se passe depuis, elle n’a pas réussi à dépasser ses divergences ; on note la naissance de 2 alliances en son sein. Certains observateurs n’hésitent pas à qualifier l’opposition d’inexistante, qu’elle n’offre pas d’alternative. Pourrait-elle se retrouver dans la perspective de ce dialogue en préparation ? Qu’entendez-vous faire personnellement pour y contribuer ?

-Loin de toute intention polémique, l’Opposition n’a que très rarement œuvré à son unité et souvent privilégié ses divisions et sous-divisions internes, l’objectif de chaque nouveau venu étant avant tout la logique du « ôte-toi que je me place ! » plutôt que de l’élargir pour la renforcer.  La sagesse populaire qui enseigne chez nous que « celui qui t’a précédé à la naissance d’une nuit, t’a précédé d’une petite ruse » se transforme, dans la précipitation que suscite aujourd’hui le bang électronique au sein de notre Jeunesse, en immolation ou pendaison des aînés.

Je crois avoir compris qu’elle s’ingénie déjà à s’y employer. A ce jour, je n’ai pas été contacté, dans ce cadre, par aucun des très nombreux responsables politiques de l’Opposition actuelle ou potentielle. Bien au contraire, l’une et l’autre semblent ne plus faire mystère de leur acharnement obsessionnel à vouloir exclure A.P.P. et son Président de leurs consultations internes : Ce dont je ne me plains nullement, mais constate tout simplement.

Je continuerai à faire ce que j’ai toujours fait : Agir par moi-même, défendre ce auquel je crois, le faire au besoin avec ceux qui y croient comme moi ou le défendre tout seul, haut et fort puisqu’il ne s’agit que de faire de notre chère patrie la plus agréable à vivre pour toutes ses filles et tous ses fils.

Ce que je suis, bon ou mauvais est le noyau de mon être profond qui reste toujours disponible à s’accommoder de tout le Monde sans accepter la tutelle d’aucun, quel qu’il soit, n’en déplaise à mes ennemis et détracteurs.  
 

 -Pendant que le pouvoir envisage un dialogue avec l’opposition, il a fait voter une loi sur les partis politiques dont le but est d’«assainir l’arène politique » et rencontré certains leaders de l’opposition.  Que pensez-vous de cette loi et des rapports avec le pouvoir ?  De vos rapports personnels avec Ghazwani ?

-Je pense avoir été le premier président de parti à avoir qualifié ce projet de « bombe à retardement » à monsieur le président de la République lui-même, lors de la longue audience qu’il m’a généreusement accordée. En plus je le considère contraire à la Constitution qui garantit, fixe et donc limite toutes les formes de Libertés Individuelles et Collectives. J’ai aussi ajouté que le projet me semblait prématuré en ce moment précis où l’on parle de l’imminence du dialogue tant attendu. Enfin, l’opposition quasi unanime des partis politiques au projet a été exprimée par leurs représentants dont, Ahmed Abdallah, premier vice-président de l’A.P.P. durant la réunion initiée et présidée la veille par M. le ministre de l’Intérieur.

J’avais conclu en précisant que le ministère de tutelle avait et a toujours des chantiers beaucoup plus pressants et plus utiles pour les citoyens qu’une œillère de contrôle des partis politiques qui n’ont jamais constitué un réel danger pour le pays ou pour qui que ce soit.

Mes rapports avec le pouvoir sont tous de déférence, de respect, de considération et de subordination de l’humble et vulnérable citoyen que je suis, à l’autorité de l’Etat. Je n’agis et ne m’exprime que dans les limites permissives de la Chariaa, de la Constitution et des lois de la République.

S’agissant de mes rapports personnels avec son excellence monsieur le président de la République, ils ont pour fondement premier ce que je viens d’exprimer.

Cette obligation professionnelle s’est enrichie et élargie d’une proximité citoyenne initiée par sa démarche personnelle de candidat aux élections présidentielles de 2019, qui l’a conduit en ma demeure en quête du soutien du Parti (A.P.P) que je préside. A l’époque A.P.P. avait été le seul parti d’opposition à le soutenir et à mener publiquement campagne en sa faveur.

 La suite tout le monde la connait.

Le premier quinquennat a été surtout marqué, pour les « chasseurs de scandales », par mon indélicate apostrophe, lors d’une conférence de presse à La Case, de son excellence monsieur le président de la République Ghazouani

L’objectif de ce rappel est moins le besoin de revenir sur des sujets qui fâchent que celui de mettre en exergue et de dégager deux types de caractères diamétralement opposés et symptomatiques chacun de l’ADN du sujet qu’il désigne.

Alors que presque tous les acteurs politiques nationaux exultaient et se voyaient déjà fêter mon anéantissement politique qu’ils avaient peu ou prou souhaité, ils furent très choqués, tout à fait désarçonnés et très interloqués par l’absence de « réaction appropriée (brutale) » du Président et de son Gouvernement.

C’est ainsi que déjouant toutes les attentes, il a explicitement ordonné au porte-parole du Gouvernement au sortir du Conseil des Ministres, d’éviter toute réaction inappropriée ou toute atteinte à ma personnalité. C’est également lui qui a pris l’initiative de me recevoir sans le lui avoir demandé après ma bourde. C’est heureusement au cours de cette rencontre que j’ai pris la mesure de l’Homme et je l’ai trouvée immense.

M’attendant plus ou moins à déceler en lui la plus petite once de ressentiment ou d’antipathie, je ne découvris que cœur et esprit ouverts, bonté et générosité. Il dégageait un calme altier, la sérénité, et la patience, un tout qui rassure et perturbe à la fois.

Ce stoïcisme quasiment disparu est je nos jours la plus précieuse des qualités et mérite de ceux qui l’ont intégré partiellement ou totalement dans leur caractère de ne jamais s’en départir pour le grand avantage qu’il donne.

N’eût été sa conversion par son Excellence le président Ghazouani en mode de gouvernement, le pays, au regard de la succession, la multiplicité et la complexité des évènements et des aléas, tant externes qu’internes, n’aurait certainement pas réussi à les surmonter tous et à rester debout, ensemble et digne.

C’était loin d’être facile, et nul autre que le président Ghazouani n’aurait réussi à gagner cette bataille de tous les dangers où l’enjeu premier est la sauvegarde du pays en tant que République Une et Indivisible.

Face à cette imposante force tranquille de Sphinx, je m’étais inversement senti très diminué et perturbé, mes propos malveillants d’il y a quelques semaines me remontant à la gorge et en passe de m’étouffer.

Le mien caractère que je définis de bouillon où mijotent la fougue, l’impatience, l’agacement, la rébellion, l’impulsivité et le défi inhérents au dur et long cheminement des avides prospecteurs de liberté, de justice et d’égalité, en était resté sans voix.

Bien que m’entrainant depuis l’adolescence à calmer et contenir le tumulte impétueux ces pulsions convergentes et négatives  qui traumatisent et assaillent les dominés, je concède qu’il arrive parfois que la pression fasse sauter le couvercle, suscitant ici ou là des excès de langage où le sens de la mesure et l’obligation de réserve se perdent à leur tour, malheureusement.

 

-Vous aviez déclaré que le pacte Républicain signé entre le pouvoir et deux partis de l’opposition, l’UFP et le RFD, pour ne pas les nommer ne vous concernait pas. Ne pensez-vous que le document pourrait servir de base d’une nouvelle feuille de route pour aller au dialogue ?

-Je ne défendrai pas une telle proposition pour la simple raison que je n’ai pas été associé à son élaboration et que son contenu n’est que l’accumulation de toutes les idées avancées, développées et souvent défendues en de nombreux conclaves que  ses prétendus « initiateurs » ont boudés.  Par contre je ne suis pas opposé à l’accepter comme contribution de ceux qui l’avancent aux débats généraux, à l’instar de nombreuses autres… par ceux qui y croient dans le panier du Dialogue à l’instar de nombreuses autres.  
 

- APP a tenu son dernier congrès en 2024. Comment se porte le parti, absent de l’assemblée nationale ?

-Il se porte comme un fauve gravement blessé qui s’occupe patiemment à cicatriser ses blessures. Seulement nous avons par le passé connu des situations pires que nous avons vaillamment surmontées.  

Avec l’aide d’ALLAH nous le ferons car A.P.P. est de la trempe des rares que les échecs galvanisent
 

-Le gouvernement a lancé un projet de 50 milliards d’anciennes Ouguiya, pour développer et moderniser Nouakchott.  Une réaction ?

-Pourvu que ledit développement de la Capitale intègre de manière définitive, sa préservation de la remontée prévisible des eaux océaniques.
 

-Le premier ministre Moctar Ould Djay, nommé en aout dernier  a bouclé  presque 7 mois à la tête du 1er gouvernement du second mandat du président Ghazwani. Diriez-vous qu’il est sur la bonne voie ? Le combat contre la corruption pourrait-il prospérer ?

-Je rappelle qu’il y a peu, j’ai dit ce que je pensais de lui, en sa qualité de  premier ministre choisi par son excellence le président de la République. Ma position reste inchangée. 

Je considère que 7 mois est un temps très court dans la vie d’un Etat pour s’y attendre à des changements significatifs remarquables, surtout que cet Etat a accumulé des attitudes et comportements qu’il difficile de changer rapidement. D’après ce que j’apprends des changements ont commencé à se faire sentir, lentement, mais sûrement, surtout en ce qui concerne le combat que vous évoquez.

Directeur des impôts, Ministre de l’Economie et des Finances,  D.G. de la SNIM, Ministre  Directeur de Cabinet du Président de la République, et actuellement Premier Ministre, je crois honnêtement qu’il est bien parti pour gagner le pari.

 

Propos recueillis par Dalay Lam
lecalame

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