Des organisations de défense des droits de l’homme, des partis politiques et associations ont organisé, ce mercredi 31 mars à midi, devant le palais présidentiel, un sit-in pour dénoncer ce qu’ils appellent « l’incident de Ouadane ». Selon ces organisations, pour sceller son mariage, un citoyen mauritanien, en plus de la dot en espèces a offert une esclave Harratine à sa dulcinée. Un geste qui émeut et révolte les organisations de lutte contre l’esclavage, lesquelles se sont donné de la voix, ce 31 mars, sur la Place de la liberté, située au cœur de la capitale.
En présence de certains responsables comme El Hor, Fondation Sahel, SOS Esclaves et des partis politique, APP, CPC, SDP, des élus..., des femmes et des jeunes ont crié leur colère en affirmant que la femme Harratine n’est pas un objet, qu’elle ne peut pas, par conséquent, être vendue ou servir de dot. Ils ont lancé un appel pressent aux autorités pour mettre fin à ce genre de pratiques et à éradiquer la culture qui « glorifie l’esclavage ». Comme ils ont, à cette occasion, exigé des autorités, de « diligenter une enquête aux fins de traduire devant les juridictions habilitées les auteurs de l’affaire de Ouadane ». Ils se sont enfin engagés à ne ménager aucun effort pour combattre l’esclavage et toutes les formes de violations des droits de l’homme.
Au terme de la manifestation, un communiqué signé du groupe Edebay El YEwm, initiateur du sit-in a été distribué à la presse.
Défenseurs des droits de l’homme, politiques et syndicalistes, tous contre l’incident de Ouadane
DECLARATION
Selon des sources concordantes, nous avons appris qu’à l’occasion d’un mariage organisé dans la moughata’a de Ouadane, wilaya de l’Adrar, la famille du conjoint aurait déclaré donner à la mariée une esclave en guise de complément de dot.
Reprise par une déclaration de SOS-Esclaves, cette nouvelle rocambolesque est vite devenue virale défrayant ainsi la chronique et suscitant des controverses nonobstant le silence cinglant des autorités devant, en tout état de cause, se déployer pour lever l’équivoque. C’est d’autant plus grave que l’opinion s’est trouvée, ces derniers moments, en face de verdicts déconcertants voire aberrants rendus par quelques tribunaux ayant en charge de juger les crimes d’esclavage. Il s’y ajoute la déception inhérente à la lenteur de l’exécution des programmes et mesures destinés à lutter contre l’exclusion et la marginalisation administratives, économiques et politiques des Haratines, leur paupérisation allant crescendo et l’esclavage terrien.
Face à cette situation préoccupante et soucieux de la stabilité, l’unité et la paix civile gages de tout développement, nous osons affirmer que si cette information se confirmait, elle constituerait un recul gravissime dans des le cadre droits de l’homme en général et dans la lutte contre l’esclavage et de ses séquelles, en particulier, consacrés par la promulgation d’un grand arsenal juridique et la mise en place d’une juridiction spécialisée ainsi que des départements ministériels inédits.
Nous, défenseurs des droits de l’homme, politiques, syndicalistes et membres de mouvements associatifs :
Condamnons avec force toute tentative d’atteinte aux droits fondamentaux de l’homme et toute action ou propos visant l’apologie de cette pratique ignominieuse et/ou sa perpétuation.
Engageons l’Etat à assumer toutes ses responsabilités en tant que garant du respect des lois et par-delà les dispositions de la constitution faisant de l’esclavage un crime imprescrible contre l’humanité ;
Sommons les autorités de diligenter immédiatement une enquête indépendante et impartiale en vue de mettre la lumière sur cette question ;
Exigeons, au cas où cette affaire serait confirmée, que ses auteurs soient sévèrement punis conformément aux prescriptions de la loi 31/2015 en vigueur ;
Réclamons la mise en œuvre de mesures idoines, rapides et concertées, pour mettre fin aux dysfonctionnements structurelles inhérents aux pratiques de l’esclavage et de ses séquelles multidimensionnels.
Les signataires : Au nom du groupe Edebay El Yewm
Président Samory Ould Bey
Président Mohamed Bourboss
Président Brahim Bilal Ramdhane
Député Penda Ely
Député Sghayir Atigh