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un grain de sable pour secouer la poussière...

"Les commensaux des anges du supplice." par Deddah Abd-Daïm

Samedi 8 Mars 2025 - 14:21

C'est le titre, ou plutôt la traduction par approximation de في


Ce livre vient de paraître en langue arabe, aux éditions AL MARAYA, et est désormais disponible à la vente, à la librairie 1521. Il est de forme brochée et, de format moyen. Sa pagination, en tenant compte des pages de garde, reste en deçà de 150. Son modèle d'illustration représente deux hommes, arborant chacun une combinaisons, de couleur rouge sang, surmontée de cagoule, percée à l'endroit des yeux, et du nez. Ils, (les deux hommes) se détachent chacun sur un des plats. Celui du recto fait face au nom de l'auteur, écrit en style Neskh, et s'étale plus bas que le titre, lui même, tracé en grosses lettres kufi, peintent en blanc, sur fond d'une couverture, de couleur noire.
 
Ici, le choix des couleurs n'est en soi, pas innocent, pour qui sait tirer sa signification.Le rouge, on le sait, est entre autres le symbole du pouvoir et, de l'interdiction, alors que le noir annonce le deuil, le blanc lui, est significatif de paix, de propreté et d'innocence.
 
Ces thèmes, forment le pivot, sur lequel s'exerce la réflexion de l'auteur. Et c'est eux, que le lecteur trouvera exposés avec force détails, dans le livre. C'est en quelque sorte, la forme qui annonce le fond.
Et de fil en aiguille, passons de la couverture au livre. Celui-ci, à proprement parler, fait le récit d'une véritable descente aux enfers. C'est un récit bouleversant. Il nous relate loin de toute équivoque, dans une langue simple, et accessible à tous, les périples entre les différents lieux de détention, où l'auteur et ses compagnons d'infortune avaient séjourné, dans de très mauvaises conditions de vie.
 
Du génie militaire, à la prison civile, en passant par Ejreida, et d'autres maisons d'arrêt, tout aussi sinistres, au point de rien n'envier au camp de concentration d'Auschwitz, en Pologne, qui incarnait l'arbitraire, et l'horreur des forces nazies, pendant la deuxième guerre mondiale.
C'est un récit corsé. Je dirais même corrosif. Ce n'est pas une lecture à conseiller aux âmes sensibles. Et ce n'est pas non plus le genre à laper d'un coup, le contenu, dilué préalablement dans un demi-verre d'eau.
Il vous embarque dès ses premières lignes, dans le monde opaque du renseignement, où les surveillances, les filatures policières, le piège qui se referme, et, en fin, l'interpellation, l'emprisonnement , et les brutalités qui s'en suivent.
Rien ne vous sera épargné, depuis l'oeil au beurre noir, en passant par l'hémorragie nasale, les brèches buccales à colmater, d'urgence, laissées baillantes par des dents, ayant cédé malgré elles, sous la violence des coups. Sans oublier les joues tuméfiées, les os fracturés, et la peau lezardée de blessures encore vives et sanguinolentes.
On dirait à les voir, aller vite en besogne, que les exécuteurs de ces hautes oeuvres, redoublaient de labeur, et d'adresse, en vue, non seulement de surpasser en atrocité, et en mauvaise réputation, les éléments de leur tristement célèbre consoeur germanique, la redoutable police politique du troisième reich, plus connue sous l'acronyme de la (GESTAPO). Mais surtout, de faire savoir expressément, à la face du monde que la Mauritanie, sous le règne de Haidalla, était dans le peloton de tête, des pays où l'exécrable boulot du tortionaire, est entre de bonnes mains.
 
Une chose est sûre, les deténus qui n'y laissent pas leur peau, tout de suite, en y arrivant sur les lieux, contribuent sans le vouloir, en s'accrochant à la vie, malgré eux, à prolonger à l'extrême, leurs souffrances. Et ainsi, offrir toute la latitude, nécessaire, à leurs geôliers, des hommes denaturés par le vice, de tester leur sadisme, longtemps refoulé, sur des pauvres corps, décatis par la faim, la maladie, et les morsures de toutes sortes d'insectes pernicieux.
Il fau être nouakchottois de souche, ou, avoir une idée plus ou moins juste de notre capitale des années 80, pour soutenir sans ciller, que les faits rapportés dans ce livre, faisaient partie de la routine quotidienne, de l'époque, au point de ne plus attirer l'attention, et par là même, ont fini par avoir, au sens figuré du terme, pignon sur rue.
 
Les plus grands romanciers de l'intrigue, et de la suspense, ceux, habitués à faire frémir le lecteur, n'auraient pas rêvé meilleur scénario pour leurs personnages de fiction. Bien qu'en soi, il comprend tous les ingrédients à base de recettes des meilleurs thrillers ce livre reste unique par sa méthode de nous tenir en haleine, dans l'attente du dénouement de l'intrigue. Ce ne serait pas une mauvaise idée de le porter à l'écran, en version originale, et voir comment il mettrait à mal les meilleurs titres de la série.
Je lui souhaite d'être en tête des meilleures ventes du moment.
Le fait de présenter le livre avant son auteur, est une bourde, qui m'a laissé ce désagréable arrière-goût d'avoir mis la charrue avant les boeufs. Je m'en console de cette incommodité, par le peu d'importance que l'auteur témoigne au désir de paraître. Son aversion pour le vedettariat, (en anglais, star system), n'a d'égal que son dégoût du faste. Il a toujours pris le premièr en aversion à cause de l'épouvante qu'il éprouve du second. C'est quelqu'un qui a l'habitude de descendre au fond des choses, et ne fait pas de pareilles futilités des obstacles, à surmonter.
 
Cette rapide mise au point faite, l'écrivain, et journaliste de renommée, Abdellahi Mohamedou, n'est plus à présenter au grand public, du moins sur le plan professionnel. Comme tout patriote sincère, il aime sa patrie, la Mauritanie, et s'est toujours efforcé de bien la servir. En retour, il affiche mépris et dédain à ceux qui la déprécient avec des noms à connotation négative, saboteurs aux ordres de la cinquième colonne, intellos à la petite semaine, et autres suppôts de Satan, qui l'exploitent à volonté, comme vache à lait. Influencé par le mouvement arabe "Ihya" fondé par Aflak, et Bitar, qui se rebabtisera plus tard mouvement Baas arabe, il milita très tôt au sien du mouvement Baas mauritanien, non autorisé.

C'était là qu'il s'est fait remarquer par son activisme et son engagement à sensibiliser, et stimuler les marginalisés et les laisser pour compte de la population des quartiers périphériques de la capitale et de l'intérieur, à revendiquer leur droit à une vie meilleure. C'est ainsi qu'il s'est trouvé à la faveur de cours du soir pour adultes, aux prises avec des quinquagénaires et plus, des deux sexes, auxquels il est chargé d'inculquer avec d'autres, les notions élémentaires du civisme. Comme le respect du citoyen pour la collectivité, et pour les conventions qui la régissent. Cette disposition à servir, n'est malheureusement pas du goût de tout le monde. Et c'est à partir de ce moment que commencèrent pour lui les ennuis. Non seulement avec la police, qui ne le lâchait plus d'une semelle. Mais aussi avec ses adversaires, des autres courants politiques, qui avaient plus d'une fois tenté sans succès, de le mettre hors d'état de nuire.

En ce temps là, il n'avait en sa possession, pour toute arme, qu'une petite Renault 5, d'un rouge très vif, qui s'est révélée être une arme à double tranchant.Tout en lui étant très utile pour ses déplacements, elle le désservait en le signalant de loin aux indicateurs de la police, par l'indiscrétion de sa couleur, et par son type qui n'était pas aussi répandu qu'il l'est de nos jours. Ce souvenir fait certainement encore sourire, ce meneur d'hommes, converti en paisible père de famille, assagi par l'âge. Avant de tourner définitivement cette page de sa vie, l'auteur, avec la satisfaction du devoir accompli, donne l'impression qu'il aura toujours présent à l'esprit, cette expérience qui appartient désormais à un passé lointain. Et si c'était à refaire? Eh bien! il est de ces choses qui n'arrivent qu'une fois dans la vie, et celle-ci en est une.
Deddah Abd-Daïm
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