Les membres de la délégation de l’ONG américaine « Abolition Institute » ont été agréablement surpris du climat d’ouverture et de dialogue qui prévaut actuellement en Mauritanie. Refoulés en 2017 dès leur arrivée à l’aéroport international Oumtounsy de Nouakchott, ils ont pu cette fois pénétrer dans le territoire mauritanien sans aucune entrave. Mieux, ils ont eu droit au salon d’honneur où des représentants d’ONG antiesclavagistes nationaux, en l’occurrence Boubacar Messaoud de SOS Esclaves et Birame Dah Abeid du mouvement IRA, les attendaient, à leur arrivée le 17 mai 2021.
Mardi 18 mai, la délégation était reçue par le Commissaire aux Droits de l’Homme, à l’Action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile, M. Mohamed El Hassen Boukhreiss. Entretien cordial au cours duquel, les échanges ont porté sur l’évolution enregistrée dans le domaine des droits de l’homme en Mauritanie, même si certaines pesanteurs persistent.
Les membres de l’ONG « Abolition Institute » qui étaient accompagnés de leurs homologues de « Anti-Slavery » ont été séduits par la franchise du Commissaire qui leur a brossé la réalité des droits de l’Homme en Mauritanie, une situation qui ne diffère guère de celle des autres pays du monde, même les plus réputés pour leur respect pour les droits humains, a-t-il fait remarquer en substance.
S’il y a eu des avancées notoires en Mauritanie sur le plan législatif, avec l’adoption d’un arsenal juridique répressif contre les pratiques esclavagistes, rien n’est encore parfait, reconnaît le Commissaire. « Nous ne sommes pas dans le déni, et nous ne pouvons pas affirmer qu’il n’y pas quelques individus ici ou là qui pratiquent l’esclavage. Comme tout criminel, il y a en effet des esclavagistes comme il y a des voleurs, des trafiquants de drogue et d’autres personnes qui enfreignent la loi et contre lesquelles nous avons pris des lois pour les réprimer » a-t-il précisé.
Le Commissaire a surtout insisté sur la formation et le renforcement de capacité des activistes des droits de l’Homme en Mauritanie, notamment dans le domaine de la documentation des faits d’esclavages avérés ou non. « Beaucoup de dossiers présumés d’esclavagisme se terminent souvent par des acquittements pour faute de preuves ou par des peines légères, du fait du manque de documents convaincants pour les juges » a-t-il soulevé.
A son tour, M. Sean Tunner, Chef de la délégation de l’ONG « Abolition Institut » a remercié le Commissaire aux Droits de l’Homme pour l’accueil, pour sa franchise et les progrès importants réalisés par son département et par le gouvernement mauritanien dans le domaine de la promotion et de la protection des droits humains, y compris la lutte contre l’esclavage et ses séquelles.
Avaient assisté à la rencontre, le Commissaire Adjoint aux Droits de l’Homme, le Conseiller juridique et le Directeur des Droits de l’Homme.
Côté visiteurs, il y avait 7 membres de l’ONG « Abolition Institut » et de l’ONG « Anti-Slavery » dirigée par Mme Sarah Mathewson, ainsi que Bakary Tandia, avocat et droit de l’hommiste mauritanien résident aux Etats-Unis, et Boubacar Messaoud, président de SOS Esclaves.
Cheikh Aïdara
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