Le président américain Donald Trump a conclu mardi sans avancée concrète une fastueuse visite de deux jours en Inde, assombrie par les violences intercommunautaires meurtrières qui secouent New Delhi.
S'il n'a enregistré aucune avancée sur l'épineux conflit commercial entre les deux pays, le locataire de la Maison Blanche, qui a été reçu en grande pompe, a salué "deux journées fantastiques" et longuement loué les qualités du Premier ministre indien Narendra Modi, "un leader formidable".
La tension restait vive mardi dans le nord-est de la capitale indienne, en proie à des violences depuis dimanche. Ces émeutes ont fait à ce jour 13 morts et 150 blessés, selon un dernier bilan mardi soir de source hospitalière.
Interrogé sur ces heurts lors d'une conférence de presse, le milliardaire républicain a refusé de se prononcer.
"J'en ai entendu parler mais nous n'en avons pas discuté, cela relève de l'Inde", a-t-il déclaré, tout en assurant que M. Modi était très attaché à ce que la liberté religieuse soit respectée en Inde.
Partisans et opposants d'une loi sur la citoyenneté qui inquiète les musulmans indiens et est au centre d'un vaste mouvement de manifestations depuis décembre s'affrontent dans des quartiers populaires à majorité musulmane de la capitale.
Sur les 150 blessés, une dizaine se trouvent dans un état critique. "La plupart des décès ont été causés par des armes à feu", a déclaré le docteur Rajesh Kalra de l'hôpital GTB, situé dans le nord-ouest de New Delhi.
Les télévisions locales diffusaient des images de saccages, de véhicules et bâtiments brûlés. Plusieurs journalistes ont été agressés par des bandes.
Lundi, lors d'un discours devant des dizaines de milliers de personnes rassemblées à Ahmedabad, dans l'État de Gujarat, Donald Trump avait fait l'éloge de la diversité culturelle et religieuse de l'Inde, saluant l'action de son "grand ami" Narendra Modi, chantre du nationaliste hindou.
L'Inde représente un allié stratégique pour les États-Unis en Asie, qui voient en elle un potentiel contrepoids à la montée en puissance de la Chine dans la région.
Le locataire de la Maison Blanche a évoqué "d'énormes progrès" vers un grand accord commercial entre l'Inde et les États-Unis, mais est resté extrêmement évasif sur le calendrier.
Les deux nations se livrent depuis plusieurs mois un bras de fer autour de leurs échanges de biens et services, frappant leurs produits respectifs de taxes douanières. Cette dispute est de bien moindre ampleur que la guerre commerciale avec la Chine, mais n'en génère pas moins des interférences sur la ligne New Delhi-Washington.
"Nous avons discuté de tous les aspects de cette relation: commerce, connectivité globale, liens entre les peuples, intensifier la coopération dans le domaine de la sécurité et la défense", a déclaré Narendra Modi.
Les deux hommes, qui mettent soigneusement en scène leur alchimie personnelle, ont formalisé l'achat par New Delhi d'hélicoptères militaires américains pour un montant d'environ trois milliards de dollars.
- Crispation politico-religieuse -
En décembre, le gouvernement indien a passé une loi facilitant l'attribution de la citoyenneté indienne à des réfugiés sauf pour les musulmans, ce que ses détracteurs considèrent comme discriminatoire.
Une partie des Indiens s'inquiètent de la crispation politico-religieuse du pays de 1,3 milliard d'habitants sous la direction des nationalistes hindous de Narendra Modi, au pouvoir depuis 2014 et largement réélu l'année dernière
Ce texte a cristallisé les craintes de la minorité musulmane d'être reléguée au rang de citoyens de seconde classe, dans cette nation où les hindous représentent 80% de la population. Violemment réprimé, le mouvement de contestation contre le "Citizenship Amendment Act" a déjà causé la mort d'une trentaine de personnes.
La première journée du président américain en Inde a donné lieu lundi à une réception grandiose et haute en couleurs de la part des autorités indiennes.
Meeting géant dans un stade de cricket, visite de l'ashram de Gandhi, coucher de soleil au Taj Mahal: le géant d'Asie du Sud a réservé un accueil en grande pompe à l'impétueux milliardaire républicain, charmé par cet "accueil phénoménal" selon ses propres mots.
Donald Trump et Narendra Modi ont notamment donné un meeting conjoint devant plus de 100.000 personnes, réunies pour l'occasion dans le plus grand stade de cricket du monde à Ahmedabad (Gujarat, ouest).
La Première dame Melania Trump s'est elle rendue mardi dans une école de la capitale indienne pour assister à un "cours de bonheur", où les enfants méditent pour devenir de meilleurs élèves et citoyens.
AFP