Vive inquiétude sur le sort des détenus de R’Kiz
Les militants et organisations des droits de l’Homme s’inquiètent de la dégradation de l’état de santé des détenus de R’Kiz. IRA Mauritanie s’indigne particulièrement du maintien en détention des jeunes injustement arrêtés lors des événements qui avaient secoué la ville. Pour l’organisation abolitionniste qui a organisé une série de sit-in de protestation en face du ministère de la Justice à Nouakchott et devant la prison civile de Rosso, « les autorités judiciaires ont dépassé les limites en maintenant injustement les jeunes en incarcération ». Les partisans de Biram s’élèvent« contre la longue période de détention sans jugement »de ces personnes, avant de réclamer leur libération sans condition. Certains détenus ont dû être hospitalisés d’urgence, suite à la grève de la faim qu’ils avaient entamée lundi dernier (28 Mars) avant de l’interrompre en raison du Ramadan. En attente de leur procès depuis huit mois, ils entendent dénoncer leur détention « provisoire » et contestent les poursuites dont ils font l’objet. Ils espèrent également attirer l’attention des pouvoirs publics sur leur sort.
Contentieux de la zawiya hamalliste: arrestation puis libération de sept militants anti-esclavagistes soninkés
Après vingt-quatre heures de détention dans les locaux du commissariat d’ElMina II, suite à un ordre d’arrestation émanant du wali de Nouakchott-Sud, sept militants anti-esclavagistes soninkés (1) du groupe d'émancipation Tallaye de Kaédi (Gorgol) ont été libérés le samedi 2 Avril. Des pressions de divers ordres et des sit-in devant ledit commissariat de police ont fini par faire plier les autorités régionales. Convoqués au commissariat suite à une plainte introduite par ceux qu’ils qualifient de « féodaux » dans l'affaire de la zawiya Mpally Kabba afin de trouver un arrangement au contentieux qui les oppose, les sept militants anti-esclavagistes se sont vus placer par la police en garde-à-vue. Sous l’égide de l’autorité policière, un compromis provisoire avait été auparavant trouvé entre les deux parties. Les militants de Tallaye avaient accepté de ne pas venir prier dans la zawiya, tandis que les « féodaux » s’étaient engagés à les laisser accomplir leur hadara. Les militants anti-esclavagistes vont introduire dans les jours à venir une procédure judiciaire pour faire annuler la décision des autorités. Tallaye dit œuvrer pour une « vie commune » mais sur des « bases objectives ». Les militants dénoncent le parti pris des autorités qui veulent à tout prix leur interdire de prier dans leurs propres zawiyas (patrimoine commun) sous prétexte que leurs prières dérangent le groupe féodal. Ils réclament une égalité de traitement au sein de la confrérie hamaliste, en dénonçant l'ordre discriminatoire et ségrégationniste.
Pour rappel, les autorités administratives de Nouakchott avaient notifié au groupe Tallaye de prendre en compte la liste des imams et de leurs adjoints soumise par le chef de la confrérie. Or les militants antiesclavagistes l’avaient rejetée et la commission avait promis de considérer leurs avis. « Devant ce forcing qui veut nous imposer la volonté d'un chef à travers des listes unilatérales (à Kaédi, Nouakchott et Nouadhibou), confectionnées sur la base de l'esclavage par ascendance et qui ne contiennent qu'une seule personne de notre camp, nous exprimons notre protestation devant cette décision qui tend, au lieu de régler le conflit, à l'envenimer ». Les membres du groupe Tallaye ont par la suite réaffirmé et matérialisé leur volonté d’accomplir leurs prières dans leur zawiya respective mais « séparément, jusqu'à ce qu'un compromis juste et équitable, sur la base des fondements de notre sainte religion et des lois de la République, soit trouvé ».
Dans un communiqué publié au lendemain de leur libération, les membres du groupe Tallaye contre les discriminations basées sur l'ascendance en milieu soninké ont dénoncé leur arrestation arbitraire par des autorités administratives qui, « malgré les orientations claires du président de la République et celles du président de l'Assemblée nationale, sont encore hésitantes, habituées qu’elles sont à des manœuvres visant à intimider les militants de droits humains et à favoriser les tenants de l'immobilisme. Nous saisissons cette tribune pour dénoncer de tels agissements et lancer un appel au nouveau gouvernement de son Excellence Mohamed ould Bilal afin que les orientations du chef de l'État, son Excellence Mohamed Cheikh ould Ghazwani, si clairement exposées dans son discours de Ouadane, soient réellement prises en compte pour traiter les Mauritaniens sur la base de la seule citoyenneté ». Et de réitérer leur rejet de la décision unilatérale de la commission des oulémas qui a permis à un seul camp de choisir les imams sur des bases féodales. En attendant la décision de la Justice, les membres promettent d’être présents dans toutes leurs zawiyas à Kaédi, Nouadhibou et Nouakchott.
NOTE
(1) : Les noms de personnes arrêtées au commissariat : messieurs Baliou Mama Yari Coulibaly, Yahya Baba Doussou Traoré, Mahady Sidibé, Mohamed Lemine Diakité, Oumar Nourou, Baoumarou Bilaly Camara, Mamoudou Kawaly Sakhanokho.
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