« Les autorités mauritaniennes font preuve d’un mépris honteux pour les droits humains, alors qu’elles ont aboli l’esclavage depuis 1981, en continuant non seulement de tolérer cette pratique mais aussi de réprimer les personnes qui la dénoncent », a affirmé le directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Alioune Tine, qui présentait à la presse ledit rapport intitulé : « Une épée au-dessus de nos têtes - La répression de militants qui dénoncent la discrimination et l’esclavage en Mauritanie ».
D’après M. Tine, ces pratiques discriminatoires touchent particulièrement les membres des communautés harratine et afro-mauritanienne qui sont absents pratiquement de toutes les positions de pouvoir et rencontrent des difficultés pour se faire enregistrer sur les registres de l’état civil.
Le document révèle aussi que depuis l’élection du président Abdoul Aziz, les autorités mauritaniennes « déploient tout un arsenal répressif » allant de l’interdiction des organisations aux menaces de mort en passant par les arrestations arbitraires, les tortures, les campagnes de diffamation virulentes et les agressions.
« On a recensé 168 arrestations de défenseurs de droits humains depuis 2014. (…) On pense notamment aux militants de l’IRA (Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste) qui ont eu 60 arrestations », a indiqué François Patuel, chercheur dans cet organisme sous-régional de la société civile.
Des menaces de morts et des intimidations contre les défenseurs des droits humains, accusés entre autres « de criminels ou d’apostasie », sont également notées dans ce rapport, selon Kiné Fatim Diop, chargée de campagnes à Amnesty.
Tout en déplorant le fait que « le régime mauritanien a tourné le dos à ses obligations internationales et régionales en matière des droits de l’homme », Alioune Tine a appelé les autorités de Nouakchott « à libérer immédiatement tous les défenseurs des droits humains ».