Le rappel à Dieu de notre ami Ahmed Ould Tettah, ce 15 mai 2023 à Nouakchott, m’a plongé dans un grand émoi voire une tristesse indescriptible. L’homme était profondément humain, affable et disponible. Son engagement intellectuel était intégral, sincère et désintéressé. Sa vigilance pour mettre à l’aise ses interlocuteurs est l’un des traits fascinants de sa personnalité. Il s’est engagé, sa vie durant, pour le triomphe des causes justes, s’appuyant sur une vaste culture, moulée dans un pragmatisme transversal.
C’était un homme libre, anticonformiste, débarrassé des pesanteurs sociales, qui avilissent l’esprit fécond et pourfendeur. Son intelligence sociale, toujours en éveil, faisait de lui, celui qui cherchait toujours à polir le consensus ; sans jamais le démolir. Je me rappelle lors nos longues réunions : Ahmed s’arrangeait toujours à prendre la parole le dernier, comme pour modérer et trouver toujours le point d’orgue d’une discussion des plus houleuses.
En réalité, le défunt cultivait quotidiennement le sens de l’écoute, par une quête passionnée, consistant à privilégier l’exercice délicat de la compréhension et surtout la considération des arguments contradictoires, pour concilier les positions. De sa formation dans l’ex-URSS, il a lu et retenu le sens de la dialectique, ses atouts, mais aussi ses faiblesses, au moment où la bataille des idées, valait mieux que la bataille des sous, et la lutte des classes, préoccupait plus que la lutte des places.
Ahmed est sans conteste, une figure de proue d’une génération distinguée de Mauritaniens. Ceux qui croient en eux, soucieux de l’unité du pays, s’investissent dans sa réconciliation avec lui-même, revendiquent son identité multiple, s’imprègnent de ses musiques enchâssées et travaillent pour de son avenir. La trajectoire singulière du défunt, renseigne sur son abnégation à consolider le relationnel, promouvoir la rencontre avec l’autre sans lequel on ne peut exister, dans les situations cocasses et absurdes au sein du HCR, pour venir au secours des réfugiés maliens dans les camps de Mbéra et de Fassala Néré, au Hodh Charghy.
De la même façon qu’il répondait aux sollicitations humanitaires des migrants dans les dédales de Nouakchott et Nouadhibou. Lorsque je l’ai rencontré pour la première fois à Dakar, en fin dialecticien, il m’a parlé de la révolution Bolchevick, du PPM, de la guerre du Sahara, du père de la Nation, de l’histoire de Patrice Lumumba, de Kwame Nkrumah, de Gemal Abdel Nasser, du conflit Palestinien, de Mandela etc…
Ahmed Ould Tettah
Il convoquait de manière subtile l’approche contextuelle sociopolitique et l’intérêt de la réflexivité centrée sur les enjeux de l’homme en situation, pour paraphraser Jean Paul Sartre. Ahmed Tettah était en quelque sorte un universaliste, qui fonctionne à l’image « d’une boite noire. » Il savait reconstituer le puzzle des reconfigurations sociopolitiques du bled, en relation avec ce qui se joue dans le monde, dans un style accessible à tous et transmis de manière pointue et pédagogique.
Il vérifiait toujours ce qu’il « croyait savoir » avec une posture d’apprenant éternel, mais exigeant à l’égard de lui-même, ouvert aux contributions diverses. Je partageais avec lui les lectures assidues des articles du Professeur Abdel Wedoud Ould Cheikh, de l’ouvrage Mauritanides de feu Habib Ould Mahfoudh et du livre : La Mauritanie contre vents et marées de l’ancien Président feu Moktar Ould Daddah. De nos échanges, j’ai toujours beaucoup appris de sa relecture alerte, suggestive, critique et insatiable. Dans ces circonstances particulières, j’adresse mes condoléances les plus attristées et sincères à sa famille, ses enfants, son épouse, tous ses amis politiques et sa famille professionnelle. Je prie Dieu le Tout-Puissant de l’accueillir dans son Saint Paradis. Amine Amine
Adieu Ahmed Tettah
Dakar, le 16 mai 2023
Moulaye Ismail Keita
Il vérifiait toujours ce qu’il « croyait savoir » avec une posture d’apprenant éternel, mais exigeant à l’égard de lui-même, ouvert aux contributions diverses. Je partageais avec lui les lectures assidues des articles du Professeur Abdel Wedoud Ould Cheikh, de l’ouvrage Mauritanides de feu Habib Ould Mahfoudh et du livre : La Mauritanie contre vents et marées de l’ancien Président feu Moktar Ould Daddah. De nos échanges, j’ai toujours beaucoup appris de sa relecture alerte, suggestive, critique et insatiable. Dans ces circonstances particulières, j’adresse mes condoléances les plus attristées et sincères à sa famille, ses enfants, son épouse, tous ses amis politiques et sa famille professionnelle. Je prie Dieu le Tout-Puissant de l’accueillir dans son Saint Paradis. Amine Amine
Adieu Ahmed Tettah
Dakar, le 16 mai 2023
Moulaye Ismail Keita