Le président du FC Barcelone sous un feu nourri. Comme si la défiance maximale de ses joueurs, Lionel Messi en tête, ne suffisait pas, Josep Bartomeu fait face à une fronde d'une partie de la direction: six dirigeants ont démissionné en bloc pour décrier sa gestion et réclamer des élections anticipées.
Si la Liga est bien suspendue pour cause de coronavirus, la saison agitée du FC Barcelone en coulisses, elle, se poursuit. Après la passe d'armes entre le vestiaire blaugrana et sa direction autour des négociations sur les baisses temporaires de salaire, le club catalan est secoué par une lutte à son sommet.
Six membres du conseil d'administration ont démissionné jeudi soir, se disant, dans une lettre aux socios du Barça, incapables de "changer les critères et les formes de la gestion du club face aux importants défis du futur".
D'un point de vue juridique, pas de quoi empêcher Bartomeu d'aller au bout de son mandat courant jusqu'en juin 2021 mais cette attaque directe vient saper un peu plus l'autorité d'un président déjà fragilisé par un conflit larvé avec les stars du club.
Parmi les démissionnaires figurent le désormais ex-trésorier du Barça, Enric Tombas, ainsi qu'Emili Rousaud, vice-président considéré jusqu'alors comme possible successeur de Bartomeu lors des prochaines élections.
- "Barçagate" -
"Nous devons souligner notre déception face au fâcheux épisode sur les réseaux sociaux, connu sous le nom de +Barçagate+, dont nous avons eu connaissance par la presse", éraflent les "Six". Une façon de faire porter la responsabilité de cette affaire, qui empoisonne depuis deux mois l'atmosphère blaugrana, sur le cercle toujours plus réduit de Bartomeu.
Au cœur du "Barçagate", des révélations de la radio Cadena Ser sur le supposé recours, par la direction du club catalan, à l'entreprise I3Ventures pour discréditer sur les réseaux sociaux, via de faux comptes, les opposants au conseil d'administration dont les stars Lionel Messi et Gerard Piqué si nécessaire.
"A la question: avons-nous commandité une opération visant à discréditer des personnes ou des institutions à travers les réseaux sociaux, la réponse est non", s'était défendu Bartomeu en février, lorsque l'affaire a éclaté, indiquant simplement que l'entreprise était chargée de mener un travail de veille sur internet.
Au scandale initial, se sont greffées vendredi des accusations de corruption. L'audit ordonné par le club auprès du cabinet PricewaterhouseCoopers aurait coûté un million d'euros, selon la Cadena Ser. Une somme qui étonne l'ancien vice-président Emili Rousaud.
- "Quelqu'un a pioché dans la caisse" -
"Si les auditeurs nous disent que le coût de ces services est de 100.000 euros et que nous avons payé un million d'euros, cela signifie que quelqu'un a pioché dans la caisse", a-t-il lancé vendredi sur la radio Rac1.
Des allégations réfutées dans la foulée par le club, qui ne conteste pas avoir payé ce montant mais réfute les faits de corruption: "le FC Barcelone nie catégoriquement toute action qui pourrait être qualifiée de corruption, et se réserve donc le droit d'engager les actions judiciaires appropriées", prévient le Barça par communiqué.
Quant à l'audit, il "est toujours en cours" et "n'a par conséquent pas abouti à de quelconques conclusions" sur cet épisode ayant un peu plus détérioré la relation de la direction avec les joueurs.
Dès la fin de l'été dernier, une première sortie de Messi, se demandant si le club avait fait "tout son possible pour faire revenir Neymar", annonçait une saison turbulente.
Puis juste avant le "Barçagate", le quintuple Ballon d'Or était encore sorti de sa discrétion habituelle pour demander à son directeur sportif Eric Abidal de "donner des noms" quand celui-ci a semblé faire porter la responsabilité du licenciement de l'ex-entraîneur Ernesto Valverde sur les joueurs.
Et plutôt que d'offrir une trêve, la pandémie a été l'occasion de nouveaux déchirements en public sur la question des réductions de salaire de 70% consenties par les joueurs.
"Cela nous surprend beaucoup que depuis le club, en interne, certaines personnes souhaitent nous mettre sous le feu des critiques" avait taclé la "Pulga" après des articles rapportant un refus initial.
AFP