Le confinement de la population en Espagne va être prolongé jusqu'au 25 avril pour freiner la propagation du coronavirus, a annoncé samedi le chef du gouvernement Pedro Sanchez, qui n'a pas exclu d'autres prolongations.
L'"hibernation" économique décrétée dimanche dernier et consistant à mettre à l'arrêt durant deux semaines toutes les activités non essentielles ne sera en revanche pas prolongée au-delà du week-end de Pâques, a ajouté le socialiste.
"Le conseil des ministres de mardi prochain sollicitera de nouveau l'autorisation de la Chambre des députés pour prolonger, pour la deuxième fois, l'état d'alerte", qui a permis d'imposer un confinement des plus stricts, "jusqu'au samedi 25 avril à minuit", a déclaré M. Sanchez dans une allocution télévisée.
Décrété le 14 mars, l'état d'alerte devait prendre fin le 11 avril à minuit après avoir déjà été prolongé de deux semaines.
Ces deux semaines supplémentaires de confinement sont "le temps dont a besoin notre système de santé pour se redresser", a souligné M. Sanchez.
L'Espagne est le deuxième pays le plus endeuillé au monde après l'Italie, avec 11.744 décès dus au Covid-19 selon le dernier bilan publié samedi, et près de 125.000 cas confirmés.
La hausse du nombre de cas a toutefois ralenti progressivement depuis le milieu de la semaine dernière et le nombre de morts vient de baisser deux jours de suite à 809 après le record de 950 décès annoncé jeudi.
- "Lueur d'espoir" -
"Nous savons aujourd'hui que ces trois semaines d'isolement collectif" depuis la mi-mars "sont en train de porter leurs fruits", a affirmé M. Sanchez. Ce confinement a permis de "stopper la propagation du virus, contenir l'avalanche sur les hôpitaux, soigner des malades et sauver des vies", a-t-il dit.
Toutefois, "nous relâcher maintenant aurait un résultat encore pire", a mis en garde le dirigeant, soulignant le risque d'une "seconde vague" de contagions.
"Oui, nous voyons une lueur d'espoir", mais "nous entrons dans une nouvelle phase qui n'est pas du tout facile, la phase de transition", a souligné la docteure Maria José Sierra, du centre d'alertes sanitaires.
M. Sanchez n'a pas exclu de nouvelles prolongations de l'état d'alerte, tout en laissant entrevoir la possibilité d'assouplissement des strictes règles de confinement si la situation s'améliore.
"Nous aurons plusieurs états d'alerte (...) jusqu'au retour définitif à la normale", a-t-il expliqué.
"Nous commençons à observer un certain relâchement dans le respect des règles (...) et nous devons vous demander de ne pas vous désespérer, de ne pas vous relâcher" et de "rester à la maison", a demandé de son côté le chef de la police nationale José Garcia Molina lors d'une conférence de presse.
L'Espagne est toujours par ailleurs engagée dans une course contre la montre pour se procurer le matériel médical qui manque cruellement à ses hôpitaux débordés, notamment des respirateurs.
Une cinquantaine sont arrivés d'Allemagne vendredi, dans le cadre de la demande d'aide de l'Espagne à ses alliés de l'Otan.
Un autre chargement envoyé de Turquie avait été réquisitionné vendredi par les autorités turques, mais celles-ci ont finalement décidé samedi de l'autoriser à partir pour l'Espagne, a annoncé la ministre espagnole des Affaires étrangères Arancha Gonzalez Laya.
"Je peux annoncer que la Turquie va autoriser dans les prochaines heures le départ de ces respirateurs fabriqués en Turquie à destination de l'Espagne (...) grâce avant tout au fait que les autorités turques comprennent qu'aujourd'hui l'Espagne a davantage besoin de ces respirateurs que la Turquie", a-t-elle déclaré samedi soir à la chaîne de télévision Cuatro.
Cette cargaison "a été soumise à une récente interdiction d'exportations, avec d'autres équipements d'importance critique" mais des discussions ont été menées pour "exempter le dit-chargement de l'interdiction", a indiqué à l'AFP une source officielle turque.
AFP